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Entretien avec Omar Zaidi, secrétaire général adjoint du parti de la Gauche Verte : “Rallier la nouvelle coalition est une erreur politique grave”


Propos recueillis par KAMAL MOUNTASSIR
Jeudi 13 Octobre 2011

Entretien avec Omar Zaidi, secrétaire général adjoint du parti de la Gauche Verte : “Rallier la nouvelle coalition est une erreur politique grave”
Libé : Quel commentaire vous inspire la décision des Verts de participer à cette nouvelle coalition ?

Omar Zaidi : Au premier abord, on ne peut la qualifier que d’une erreur politique grave. Cette initiative porte un grand préjudice à la Gauche Verte, à ses idéaux, à ses objectifs et  à son projet sociétal. La défense de l’écologie est par essence et par principe un combat de la gauche et contre le libéralisme sauvage et mercantile. Donc cette alliance est hétérogène et la Gauche Verte ne peut y  trouver place. Cette alliance avec des partis prévaricateurs dont l’histoire est connue du peuple marocain. Cette initiative, si elle n’est pas combattue à l’intérieur du parti, sera source de pollution politique et souillera notre appartenance naturelle à la famille de la Gauche. On ne peut que se désoler de voir la Gauche Verte s’allier avec des prévaricateurs politiques et des intégristes. La Gauche Verte n’a pas de place dans cette alliance conjoncturelle et contre-nature. Les instigateurs de cette alliance devaient s’atteler plutôt à mettre de la propreté autour d’eux en refusant des accréditations à ceux qui polluent le paysage politique avant d’oser parler de démocratie.

Cependant, ce sont les instances dirigeantes qui ont pris démocratiquement cette décision.

Démocratiquement, je ne pense pas. Il n’y avait pas eu de concertation au préalable entre les membres du Bureau de la coordination nationale. On a été averti d’une réunion du Bureau la veille de l’annonce par Mezouar de cette nouvelle coalition. On a été surpris et on a réclamé une concertation approrondie. Mais les instigateurs de cette initiative au sein du Bureau ont insisté. Leur but était d’impliquer et compromettre le parti dans cette aventure politique sans aucun horizon. La réunion qui a commencé à 17h s’est poursuivie jusqu’à une heure tardive et a abouti à un vote des 17 membres présents (le Bureau de la Coordination en compte 28). Ce vote s’est soldé par 12 voix pour et 5 contre cette alliance. Il a été convenu également, en vertu des principes du parti, que ceux qui sont contre ce projet avaient la liberté de s’exprimer librement en public et expliquer leur point de vue et le danger de cette dérive. C’est un véritable tremblement de terre puisqu’au moment où nous étions en train de mettre les jalons de la construction d’un pôle de gauche capable de lutter contre les ennemis de la démocratie, d’autres collaboraient avec ces derniers.

Et maintenant que comptez-vous faire ?

Maintenant, il y a un autre combat qui a été amorcé à l’intérieur du parti. A l’appel de plusieurs sections du parti et devant la grogne des militants qui ressentent  cette démarche  comme une humiliation, nous tenterons de redresser les choses lors du Conseil fédéral qui compte 145 membres représentant toutes les régions du pays. C’est la plus haute instance décisionnelle du parti. Cette session ordinaire qui se tiendra le 23 octobre prochain, sera décisive dans la mesure où elle débattra de cette dérive et tentera de remettre les pendules à l’heure en rejetant cette alliance. Donc, il est toujours possible de revenir sur cette grosse bévue.

Au cas où les adeptes de cette alliance gagneraient cette nouvelle manche, quelle serait votre position ?

Je prendrais la décision adéquate au moment opportun. Cependant un militant de gauche le restera toujours. Il a une histoire derrière lui et un patrimoine militant qu’il doit préserver. Je serai toujours avec le projet de la construction d’une gauche solide aux côtés des autres sensibilités de la même famille pour répondre aux attentes des citoyens. La gauche doit avoir un comportement plus clair et plus virulent afin de se distinguer et  dissiper l’idée véhiculée par les ennemis de la démocratie depuis le gouvernement El Youssoufi . Celle qui veut convaincre que tous les partis se valent. Le fait que notre parti s’allie à des partis prévaricateurs sème le doute et consolide cette thèse. Cela renforce également la grogne sociale qui s’installe peu à peu. Les Marocains ne sont pas dupes et ce genre d’initiative ne fait que renforcer et amplifier le mouvement de protestation. Cela peut aussi se traduire par une forte abstention lors des prochaines élections législatives ou par un vote massif en faveur de l’extrême droite, c'est-à-dire du côté des islamistes. Si le paysage politique continue à produire ce genre de mascarade, il est fort possible de voir s’accentuer les mouvements de contestations après le 25 novembre.


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