Entretien avec Mohamed Ghafri

Une conférence académique est prévue pour fin janvier


Propos recueillis par Nouri Zyad
Samedi 10 Janvier 2009

Entretien avec Mohamed Ghafri
Les dernières hausses des prix ont suscité
plusieurs réactions
de la part d’acteurs sociaux et économiques. Ghafri, un responsable national des
coordinations de lutte contre la hausse des prix, dévoile les actions prévues par sa structure pour contrer ce mouvement. 

Libé : Comment évaluez-vous les dernières hausses des prix décidées par le gouvernement?

Mohamed Ghafri : Il n’y a pas de doute que les dernières hausses des prix de plusieurs matières de base sont inadmissibles. Pour notre part, nous dénonçons cette décision qui ne prend pas en compte les conditions sociales et matérielles des citoyens. Le lait, le gasoil et le transport sont des produits et services qui constituent une partie de l’ossature de la vie en société. En plus, la hausse des prix du gasoil impacte d’autres domaines.

Etiez-vous surpris devant ces hausses?

Oui et non en même temps. En un sens, nous étions surpris car, ces dernières hausses n’allaient pas dans la logique du marché international. Alors que les produits de base connaissent actuellement une baisse sur le marché international, chez nous ces mêmes produits connaissent une hausse. Une grande surprise qui a suscité notre colère  aussi. Dans un autre sens, nous n’étions aucunement étonnés de voir un tel gouvernement décider de la sorte. En fait, nous sommes totalement habitués à ce que ce gouvernement ne prenne pas le citoyen ordinaire dans ses considérations politiques, économiques et sociales. 

Comment expliquez-vous donc cette décision ? 

De telles décisions n’émanent pas obligatoirement des centres de décision politique. Dans un tel cas, la décision politique obéit aux intérêts de l’homme d’affaires et des centres de décision économique. Cette dernière ne prend aucunement en considération l’état et la condition du citoyen. Mais, les décideurs politiques doivent au moins penser aux facteurs de paix et de stabilité sociale.  

Que prévoyez-vous donc pour parer à ces hausses? 

Je dois vous rappeler qu’avant le première janvier, date de l’entrée en vigueur de la décision de la hausse, nous avons en tant que coordination nationale, tenu notre Conseil national des coordinations locales, le 28 décembre dernier. Et sans être au courant des nouvelles hausses, nous avions  décidé d’organiser un colloque académique pour fin janvier. Notre objectif reste de répondre aux prétextes à la faveur desquels le gouvernement argumente ces hausses. La deuxième décision prise lors de ce conseil est d’observer une forme de lutte nationale début février.

Et après  cette décision?

Après que nous avons pris note de cette décision, nous avons rendu public, vendredi, un  communiqué dans lequel nous dénonçons d’abord ces hausses et surtout son timing. En fait, nous considérons que le gouvernement a tiré profit de la préoccupation de tout le peuple marocain des carnages et boucheries perpétrés à Gaza, pour décider ces hausses. Une manière de mener des raids sur nos petites bourses, déjà chétives. Le communiqué a également appelé les coordinations locales à tenir ses assemblées et décider les formes de lutte adéquates.

Mais certains observateurs constatent un certain recul de votre action.

Effectivement, nous affirmons ces constats. Ce recul est attribué à la fragilité des dynamiques locales. Nous avons saisi l’occasion du dernier conseil national pour examiner l’état des coordinations et impulser un nouveau souffle dans ces structures, en leur laissant la liberté de choisir les modes de lutte qu’elles estiment nécessaires et appropriés. Ceci ne veut aucunement dire que le rôle de ces coordinations a pris fin. La cause de leur existence est là : cherté de la vie. Il n’y a qu’à créer et imaginer d’autres formes de lutte.

Peut-on parler de réalisations de ces coordinations?

Bien sûr. Nous avons pu faire face à certaines hausses et geler d’autres. Nous avançons qu’à Tata, à titre d’exemple, les citoyens ne payent rien contre le service sanitaire, alors qu’à Bouârfa, les citoyens ne s’acquittent pas encore des factures de l’ONE et de l’ONEP, et cela dure depuis près d’une année. 
Quelles différence y a-t-il entre votre rôle et celui des associations de protection du consommateur et de défense des droits  humains?

Le rôle des associations de protection du consommateur est d’ordre technique, puisqu’il s’occupe des compositions du produit, ses effets sur la santé; mais son efficience connaît certaines limites, dans la mesure où leurs recommandations n’atteignent pas le citoyen ordinaire. Quant aux associations des droits humains,  elles doivent défendre le droit économique et social du citoyen. Ainsi, si l’ONEP a par exemple rabaissé la tranche sociale de 8 à 6m3, les associations des droits humains doivent intervenir et appeler à ce que l’eau doit un droit vital et gratuit, dans des proportions qui atteignent par exemple les 2m3. Pour ce qui nous concerne, notre action porte sur l’exercice des pressions sociales et politiques sur les décideurs afin de rabaisser les prix au profit des citoyens démunis. Ainsi, les premières coordinations sont nées sur le plan local, à Tata où les citoyens ont pu acquérir le droit au service de santé, à Sidi Ifni où les citoyens appelaient au développement de leur ville et à Oued Zem où la population a protesté contre les factures très élevées de l’ONEP et l’ONE.



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