Entretien avec Mauro Maur et Françoise de Clossey : «Quand on reçoit, on donne»


PROPOS RECUEILLIS PAR ALAIN BOUITHY
Mercredi 11 Novembre 2009

Entretien avec Mauro Maur et Françoise de Clossey  :  «Quand on reçoit, on donne»
Le duo composé du célèbre trompettiste Mauro Maur et de la brillante pianiste Françoise de Clossey a offert récemment un spectacle de «grande musique du cinéma italien», à Casablanca.
A l’invitation de Dante Alighieri et du Consulat général d’Italie à Casablanca. Entretien.

Libé : Comment présente-t-on aujourd’hui la musique de film ? D’aucuns pensent qu’elle n’est pas assez visible. Partagez-vous cet avis ?

Mauro Maur : Au contraire, la musique de film est toujours en vogue. Elle est plus dans l’intérêt des gens, parce qu’elle a une particularité très importante : elle doit être magnifique et conquérir en peu de temps le public. On n’a pas de temps à perdre. Une symphonie se compose d’une introduction, d’un thème et d’un développement. Ce qui est trop long aujourd’hui. Nous devons dire beaucoup de choses en un laps de temps, communiquer selon un rythme différent. Et ça, c’est toute une technique.

Comment avez-vous trouvé le public marocain ?

Françoise de Clossey : Le public était extraordinaire. Il a beaucoup participé et réagi à chaque fois qu’on communiquait ou expliquait les pièces que nous lui proposions. C’est un public réceptif.
Ce concert a-t-il changé l’idée que vous vous faisiez de lui avant le spectacle ?
F.C: Au contraire, le public a confirmé l’idée que nous avions de lui avant la prestation de ce soir. C’est-à-dire, un public très chaleureux qui vous donne envie de donner de toute votre énergie tellement on en reçoit.

La transmission des connaissances acquises dans votre carrière aux jeunes est importante pour vous. Concrètement comment procédez-vous?

M.M : Effectivement, chaque fois qu’on donne un concert, j’offre des classes d’enseignement à l’endroit où nous allons. Je consacre une matinée ou un après-midi aux jeunes qui jouent d’un instrument pour leur dispenser tout le savoir. Je leur offre des CD de mon marché avec l’objectif de leur passer tout ce que je possède et que j’ai reçu d’autres.

A vous entendre, certains artistes ne le feraient pas ?

M.M: Je pense que la majorité ne le fait pas. Non pas parce qu’ils sont méchants, mais ils n’ont ni le temps ni l’envie de le faire. En plus ils n’ont rien reçu. Parce que quand on reçoit, on donne. Si tout est donné gratuitement, c’est normal qu’on  n’y pense même pas. Par contre, si on   reçoit avec le cœur, on va donner.

Il existe des clichés sur la musique de cinéma. Vous qui l’avez pratiquée, comment voyez-vous la chose ?

F.C :Je pense qu’on ne devait pas enfermer la musique dans un registre et dire :c’est la musique de cinéma, c’est du jazz, du classique…  seule la qualité de la musique compte, celle qui touche au cœur. On doit s’interdire de classer car, ce qui compte, ce sont la mélodie, les émotions, le bonheur qu’elle procure aux spectateurs.

Comment parvient-on à s’imposer dans ce registre ?

F.C : Il faut travailler au maximum, se donner corps et âme, si on veut réussir. Quand on se donne à fond, il est normal que le public soit satisfait  de la prestation. La grande satisfaction d’un artiste, c’est lorsqu’il parvient à transmettre les émotions et l’amour de la musique.

Rêvez-vous encore d’une scène ?

M.M: Ce n’est pas la scène en elle-même qui m’intéresse. C’est vraiment de continuer et d’améliorer ma communication entre les gens. Parce que je crois à cette communication entre les peuples.
J’ai répondu dernièrement aux mails de mes étudiants qui vont se produire en février prochain au sein d’un orchestre panaméricain, événement soutenu par le gouvernement américain. C’est moi qui ai choisi les trompettistes qui vont rejoindre cet ensemble. Si je considère ces jeunes comme mes enfants, ce que je voudrais c’est qu’ils deviennent de grands professionnels, connus à travers le monde parce qu’ils ont du talent. J’aimerais donner aux jeunes la possibilité de continuer ce que je fais. Tel est mon but.

Françoise de Clossey, vous avez reçu de nombreux prix depuis votre jeune âge. Lequel vous a le plus marqué et pourquoi?

F.C: Le prix qui m’a été offert par le Canada m’a beaucoup marquée, du fait qu’il venait d’abord de mon pays et ensuite qu’il me donnait l’envie de continuer et d’aller de l’avant. C’est aussi un plaisir de recevoir la plus grande récompense des siens.

Quel est le message principal que vous aimeriez qu’on retienne de vos prestations ?

M.M: Tout dépend naturellement de l’endroit où nous nous produisons. Le message sera différent selon qu’on soit aux Etats-Unis ou en Afrique. Mais en Afrique, le message que les gens ne savent pas  exactement quoi faire de leurs talents. Nombreux ne savent pas du tout la direction à prendre. Je mettrai donc toutes mes forces pour les aider, car il ne faut pas oublier que le plus grand trompettiste de ce siècle et du siècle dernier, n’est autre que Louis Armstrong.


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