
M. Mansour Hadi assume le pouvoir au Yémen en l'absence du chef de l'Etat selon la Constitution. Son entretien avec l'ambassadeur américain marque sa première activité annoncée publiquement depuis le transfert samedi soir à Ryad de M. Saleh, blessé vendredi dans le bombardement du palais présidentiel.
La confusion régnait dimanche sur l'état de santé réel du président Saleh et sur la durée de son séjour en Arabie Saoudite, en l'absence d'une annonce officielle à Sanaa. Mais les manifestants mobilisés depuis janvier contre le président célébraient son «départ», qu'ils considéraient comme définitif.
Selon Saba, «le vice-président» a évoqué avec l'ambassadeur américain «des questions et des sujets inhérents aux développements» de la situation au Yémen, la coopération pour assurer les services de base, la consolidation d'un cessez-le-feu et l'évacuation des établissements publics agressés. Les deux hommes ont aussi évoqué «l'importance de la coopération des partis du Front commun», une coalition de l'opposition parlementaire, «dans les circonstances complexes et difficiles» que traverse le pays pour «prévenir tout acte de sabotage», selon l'agence.
L'ambassadeur américain a condamné «l'agression» contre le Palais présidentiel vendredi et «les conséquences de ces agressions», assurant M. Mansour Hadi de «la solidarité totale» des Etats-Unis pour «ce qui touche à la sécurité, la stabilité et l'unité du Yémen», a rapporté Saba.
«L'administration américaine comprend la nature des circonstances difficiles que traverse actuellement le Yémen», a ajouté le diplomate, cité toujours par l'agence officielle. Des contestataires du régime yéménite célébraient, par ailleurs, dimanche «le départ» du président Ali Abdallah Saleh, blessé et évacué en Arabie Saoudite, mais le flou demeure sur son maintien au pouvoir.
Au lendemain de l'annonce de l'hospitalisation de M. Saleh à Ryad pour des brûlures et des égratignures, les «jeunes de la révolution» ont commencé à célébrer à Sanaa et à Taëz ce qu'ils considèrent comme «la chute du régime». «Aujourd'hui, un nouveau Yémen est né», chantaient les dizaines de jeunes enthousiastes sur le lieu du sit-in permanent près de l'Université de Sanaa, selon un correspondant de l'AFP. «C'est fini, le régime est tombé», répondaient d'autres alors que ceux qui arrivaient sur la place se félicitaient pour ce qu'ils considèrent comme «la fuite de M. Saleh», qui est au pouvoir depuis 33 ans.
Le président contesté depuis fin janvier a toujours refusé de partir.
A Taëz, grande ville du sud-ouest et l'un des foyers de la contestation, des centaines de manifestants se sont rassemblés dans le centre de la cité aux cris «liberté, liberté, Ali s'est enfui».
M. Saleh, blessé dans un bombardement vendredi de la mosquée de son palais présidentiel est arrivé samedi soir à Ryad où un responsable saoudien a affirmé qu'il venait se faire soigner et retournerait au Yémen.
Un responsable proche du président a indiqué samedi que le chef de l'Etat avait été atteint de «brûlures et d'égratignures au visage et à la poitrine» mais son état n'inspire pas l'inquiétude.
M. Saleh s'est adressé dans un message audio aux Yéménites pour les rassurer sur son état de santé. Il parlait calmement avec une voix fatiguée.