El FedTV2 vu sous un autre angle: Justesse et émotion

Les maîtres mots d’ une réalisation qui magnifie admirablement une histoire d’ amour naissante


Libé
Vendredi 30 Avril 2021

S i en ce mois sacré de Ramadan, 2M est en tête des audiences télés nationales, El Fed TV 2 n’y est pas étranger. Diffusé chaque soir à 20h25, le programme humoristique créé par Hassan El Fad etréalisé par Abdelhak Chaabi, a conquis des milliers de foyers et plusieurs centaines de milliers d’internautes(un million et demi de vues en moyenne par épisode sur YouTube). Ce rendez-vous pittoresque produit par Image Factory, reprend avec succès en près de 6mn 30, générique compris, la recette de ‘’Chanily TV’’. Une compilation des multiples caractères de fictions qui ont façonné par le passé l’aura et la célébrité de l’humoriste, agrémentée d’une bonne dose de Kabour, personnage désormais ancré dans la pop culture marocaine.

Un véritable feu d’artifice humoristique. Mais qui dit feu d’artifice, dit aussi pétard mouillé. A y regarder de plus près, le concept est quelque peu bancal ou du moins déséquilibré. Car si les aventures de Kabour et Abou L3inab méritent le détour, c’est un peu moins le cas du JT, du jeu télévisé, ou encore des scènes tournées dans le cockpit de l’avion. Mais en parallèle, Kabour qui fait la cour à Fatiha, interprétée par la comédienne Mounia Lemkimel,restera à jamais gravé dans les mémoires. D’autant que la réalisation magnifie une histoire d’amour naissante à laquelle tout un chacun peut aisément s’identifier. Des fois, il ne sert à rien de faire des plans sur la comète, des mouvements de caméra à bout de bras et d’étaler sa science du cinéma juste pour impressionner son monde. Abdelhak Chaabi l’a bien compris. Celui que l’on surnomme « Chacha » dans le microcosme cinématographique national n’est pas à son coup d’essai. Collaborer avec Hassan El Fad, ça il le connaît, puisqu’il a également été le réalisateur du premier opus d’El Fed TV.

Porté par une expérience de plusieurs dizaines d’années à écumer les plateaux de tournage, y façonner et modeler les images, aussi bien des spots publicitaires que des sitcoms et autres séries TV (Sawt Nssa), Abdelhak Chaabi signe là l’une de ses plus belles œuvres, en dépit de conditions météorologiques peu favorables et quinze jours de tournage éreintants, où il occupait également la fonction de chef opérateur. Un détail important, mais dont ne fait pas mention un générique somme toute banal dans sa conception. Les péripéties de Kabour et Fatiha, pour ne parler que de ce pan d’El Fad TV 2, correspondent à ce genre télévisuel qui décrit généralement les petits problèmes quotidiens de personnages issus du peuple. Sauf que dans ce cas précis, la relation entre les deux personnages n’a eu de cesse d’évoluer. Ce qui est génial, c’est qu’il en a été de même pour la réalisation. En termes de cadrage, plus la relation se réchauffait entre les deux personnages, plus le réalisateur adoptait une mise en scène dont le but était de les rapprocher pour mieux transposer à l’écran leurs états émotionnels.

Au début, Fatiha refusait catégoriquement les avances de Kabour. Dèslors, le découpage technique était principalement basé sur du champ contre champ, comme pour marquer la distance émotionnelle entre les deux. Puis, petit à petit, Kabour a conquis le cœur de Fatiha. Illustration faite par les moments de complicité partagés à partir du 12ème épisode. Ces moments, le réalisateur les a bonifiés. Comment? Tout simplement avec moins de champs contre champs et plus de cadre à deux. Une manière de supprimer la distance et la gêne émotionnelle du premier acte, pour laisser place à une histoire d’amour qui n’en était qu’à ses balbutiements. Sans oublier cette volonté de ne pastrop accorder d’importance à l’environnement extérieur, puisque les plans larges sont aussirares que les bonnes actions de Kabour dansla série. Ainsi, la réalisation d’Abdelhak Chaabi révèle une mécanique rodée etréglée comme du papier à musique. Rien n’est dû au hasard. Justesse et émotion ont été les maîtres mots. Avec toujours cette volonté de mettre l’histoire au centre de la sitcom. Comme en témoigne l’utilisation très parcimonieuse des gros plans. Pour Chacha, il est évident que ce qui compte le plus, ce n’est pas forcément de mettre en avant les acteurs mais plutôt leurs interprétations. Résultats la fraîcheur et le bon dynamisme de la série ne se sont pas estompés, quand bien même “L’Couple” avait déjà exploré la vie amoureuse de Kabour. Un exploit quand on sait que certaines séries diffusées actuellement commencent à s’essouffler alors qu’elles viennent à peine d’être diffusées.

Hassan Bentaleb


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