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Egypte : Série de procès pour corruption


REUTERS
Jeudi 26 Mai 2011

Les procès pour corruption se multiplient en Egypte depuis la chute d'Hosni Moubarak en février, de simples citoyens réclamant justice après des décennies d'un système autocratique qui favorisait une élite.
«Les barrières sont tombées», résume un avocat du parquet du Caire. «Les gens n'ont plus peur de rien. Ils savent que désormais nul n'est intouchable.»
Résultat, un déluge d'enquêtes pour corruption, dont les Egyptiens de la rue se félicitent mais qui irrite les milieux de la finance, qui craignent qu'une «chasse aux sorcières» généralisée ne nuise au climat des affaires et à la reprise économique.
Les nouvelles autorités ont d'ores et déjà incarcéré un ancien ministre de l'Intérieur pour corruption et ordonné que Hosni Moubarak et ses deux fils soient jugés pour le meurtre de manifestants et pour corruption. La justice enquête en outre sur plusieurs anciens chefs de gouvernement et ex-ministres.
Chaque jour, de nouvelles plaintes sont déposées.
Les militaires au pouvoir en Egypte depuis la chute de Moubarak sont confrontés à des exigences en contradiction les unes avec les autres.
Les contestataires souhaitent que l'on en finisse avec le système de copinage généralisé mais les investisseurs redoutent toute mesure qui dissuaderait les tractations, aussi honnêtes soient-elles.
«Il y a, sur un plan politique, un besoin de justice, mais aussi un besoin de préserver de bonnes relations avec le monde des affaires afin que l'économie se maintienne», résume Gamal Soltan, du Centre Al Ahram d'études politiques et stratégiques. Une bonne partie des banquiers et des courtiers, ébranlés par les mauvais chiffres de la croissance et de l'inflation, ont entrepris de demander à l'Etat d'intervenir et de protéger les cadres dirigeants qui disent avoir conclu de bonne foi des contrats avec le gouvernement en place sous Moubarak.
Les milieux réformistes craignent pour leur part que les anciens cercles dirigeants ne profitent des déboires économiques actuels pour faire barrage aux aspirations au changement et empêcher que l'on ne fouille dans leur passé.
La «révolution du Nil», en janvier et février, a libéré des années de colère contenue parmi la population, qui, pendant longtemps, a vu l'élite du pays accaparer les richesses.
Certains résument cette situation par le mot arabe «wasta», qui mêle les notions de népotisme, d'influence et de réseau. Avoir de la «wasta» permettait d'accéder au pouvoir et aux richesses sans être inquiété par la justice.
Lors du soulèvement populaire du début de l'année, les contestataires ont laissé libre court à leur haine de ce système en incendiant des bâtiments commerciaux appartenant à des hommes d'affaires, comme le magnat de l'acier Ahmed Ezz, membre éminent du Parti national démocrate, la formation de Moubarak, aujourd'hui dissoute.
Ezz, qui rejette les accusations portées contre lui, est actuellement derrière les barreaux. Nombre d'Egyptiens ont été sidérés de voir un homme connu pour ses costumes italiens chic être incarcéré. D'autres, naguère intouchables comme lui, se retrouvent désormais dans la même situation.
Pour décrire le climat ambiant, le monde des affaires a mis au goût du jour un autre terme arabe, «chameta» - ou jubilation face au malheur d'autrui. Selon certains avocats, l'augmentation du nombre d'accusations de corruption semble motivée davantage par la jalousie que par des délits réels.
«Notre problème, c'est qu'un grand nombre de ces accusations sont dénuées de fondement. C'est tout simplement la traduction de haines en poursuites judiciaires», estime un juriste au parquet, sous le couvert de l'anonymat.
Les avocats passent parfois la nuit au bureau pour compiler les quelque 70 plaintes reçues chaque jour, dit-il. Avant la révolution, il était rare qu'ils en reçoivent plus de dix par jour.




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