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Du 11 septembre 2001 au coronavirus, New York de nouveau mis à l'épreuve


Lundi 27 Avril 2020

Du 11 septembre 2001 au coronavirus, New York de nouveau mis à l'épreuve
Le 11 septembre 2001, les tours du World Trade Center, dont la silhouette dominait Manhattan, s'effondraient dans les attentats les plus meurtriers de l'histoire, tuant près de 3.000 personnes et faisant perdre aux New-Yorkais leur sentiment d'invulnérabilité.
Presque 20 ans après ce choc aux allures d'apocalypse, la pandémie, qui ravage la capitale économique américaine plus qu'aucune ville de la planète avec plus de 15.000 morts confirmées ou probables du coronavirus, s'apparente plutôt à "une déferlante de douleur" ou "un lent cancer", selon des New-Yorkais pris dans les deux tragédies.
"Le 11-Septembre était censé être le jour le plus sombre de toute une génération", disait récemment le gouverneur de New York Andrew Cuomo, lors d'un de ses points quotidiens très suivis par ses administrés. Avec le virus, "il n'y a pas eu d'explosion, mais une explosion silencieuse qui se répercute dans la société, de la même façon aléatoire", ajoutait-il.
Comme lui, les New-Yorkais sont nombreux à évoquer ces attentats depuis le début de l'épidémie, qui a mis à l'arrêt cette métropole hyperactive, quintessence d'urbanité.
Maggie Dubris, ex-ambulancière dépêchée sur le site des tours jumelles le 11-Septembre, pensait aussi avoir alors vécu "la plus grande catastrophe de (son) existence". Aujourd'hui, la pandémie l'effraie plus encore.
"Je n'avais pas vraiment peur au moment du World Trade Center", confie-t-elle à l'AFP. "J'étais au travail, un peu déconnectée émotionnellement pour pouvoir fonctionner, je ne me suis pas dit, +Oh, je vais mourir+ (...) On savait qu'on allait survivre, je retrouvais des gens près du site, on se voyait, on s'embrassait".
Avec le coronavirus, en revanche, "on ne peut toucher personne, on ne sait pas vraiment qui va survivre, on ne sait pas ce qui va arriver", dit-elle.
"J'ai davantage peur maintenant", abonde Susan Barnett, qui en 2001 participait à la couverture des attentats pour la chaîne ABC. "Les conséquences sont mondiales et pourraient être absolument terribles, pour la santé et la survie humaine", estime cette femme employée maintenant par une ONG.
Les deux femmes, qui habitent des quartiers au sud de Manhattan, qui furent recouverts d'un nuage de fumée et interdits aux non-résidents des semaines après le 11-Septembre, voient des correspondances entre les deux tragédies.
Lorsque le soir, à 19 heures, résonnent les applaudissements en l'honneur des soignants, elles pensent aux applaudissements qui saluaient les secouristes se rendant sur le site des tours jumelles.
Lors d'une rare sortie à travers un Manhattan déserté, Maggie Dubris est tombée récemment sur un des camions réfrigérés utilisés comme morgue temporaire avec l'accumulation de cadavres.
"Je me suis souvenue de la morgue dressée au World Trade Center", dit-elle, "avec le même sentiment que quelque chose de terrible, avec beaucoup de morts, était arrivé".
Mais il existe quand même évidemment des différences entre les deux catastrophes.
Ken Paprocki, photographe aujourd'hui et steward il y a 20 ans, décrit le 11-Septembre comme un choc "foudroyant", où les évènements s'enchaînent "si vite que le cerveau n'arrive pas à suivre". La pandémie, elle, ressemble à un "lent cancer", "un rouleau compresseur qu'on voit venir de loin sans pouvoir l'éviter".
Originaire du Nebraska, il avait été frappé par "la totale solidarité" entre New-Yorkais après les attentats. Cette fois, beaucoup moins: il a vu des gens tricher pour éviter les queues devant les supermarchés, et déplore les gants en plastique usagés qui jonchent désormais les trottoirs.
Pour Susan Barnett, les New-Yorkais, qui depuis 2001 ont aussi traversé la crise financière de 2008 et l'ouragan Sandy de 2012, sont "bons dans les moments de crise".
"Ce qui attire les gens à New York, et les effraie aussi, c'est qu'il faut être fort" pour y réussir, dit cette femme installée dans le quartier de Greenwich Village depuis 1991. "Ceux qui restent sont ceux qui tiennent à leur ville, qui sont prêts à affronter des épreuves".
Cette résilience fait leur fierté, comme en témoignent les mots-dièse #NewYorkStrong ou #NewYorkTough (#NewYorkFort ou #NewYorkRésistant) qui ont fleuri avec l'épidémie. Alimentés par le gouverneur Cuomo ou le maire de la ville Bill de Blasio, qui répètent que la ville sortira renforcée de la pandémie.
Après le 11-Septembre, New York a "grandi", disait récemment M. Cuomo. "On prend ce moment, on en tire les leçons et on améliore la société - c'est ce qu'il va falloir faire ici aussi".
 


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