
Si Abuja a récemment affirmé avoir repris militairement plusieurs localités symboliques du nord-est - ce que conteste Boko Haram - les deux attentats de mardi démontrent une nouvelle fois l'extrême capacité de nuisance de l'insurrection islamiste.
Malgré ces attentats, le président nigérian Goodluck Jonathan a affirmé mardi soir que "le vent (était) en train de tourner en défaveur de Boko Haram" et que "le temps du deuil pour les victimes des attaques terroristes incessantes (serait) bientôt derrière nous".
A Kano, la plus grande ville du nord du pays, les "attentats-suicide" ont été perpétrés par deux hommes qui venaient de descendre d'un bus, selon le porte-parole de la police de Kano, Musa Magaji Majia.
Quelques heures plus tôt environ, à Potiskum, la capitale économique de l‘État de Yobe, un attentat avait visé un bus bondé dans la gare de Tashar Dan-Borno, à la périphérie de la ville faisant 17 morts et 27 blessés.
Située à 280 km à l'est de Kano, sur l'axe routier très important rejoignant Maiduguri, la capitale de l’État voisin de Borno, Potiskum a été le théâtre de plusieurs attentats à la bombe, attribués au groupe islamiste armé Boko Haram, qui en a revendiqué plusieurs.
Dimanche, une fillette d'environ sept ans portant une bombe s'est ainsi fait exploser sur un marché de vente et réparation de téléphones mobiles à une heure d'affluence. Sept personnes ont péri ainsi que la fillette.
Depuis 2009, l'insurrection de Boko Haram et sa répression par les forces nigérianes ont fait plus de 13.000 morts et 1,5 million de déplacés au Nigeria, essentiellement dans le nord-est du pays, où le groupe extrémiste contrôle des pans entiers de territoire.
Les exactions du groupe et son expansion géographique ont provoqué le report au 28 mars des élections générales initialement prévues au 14 février. Ce report a suscité la crainte d'une résurgence de violences électorales, pour le moment limitées, dans ce pays le plus peuplé d'Afrique où l'insécurité demeure préoccupante : lundi, une missionnaire américaine a été kidnappée dans le centre du pays, selon la police qui soupçonne un enlèvement crapuleux.
Le Nigeria, le Niger, le Tchad, le Cameroun et le Bénin ont annoncé le 7 février la mobilisation de 8.700 hommes dans une force multinationale anti-Boko Haram qui doit encore obtenir l'aval du Conseil de sécurité des Nations unies.