
"Le président Trump aura toujours de l'influence. Maisje pense que notre parti retournera à certains de ses principes fondamentaux", et notamment "la responsabilité budgétaire", a souligné récemment sur Fox News son collègue Mitt Romney. Le récent souci de limiter le déficit budgétaire contraste avec la position des élus du Grand Old Party (GOP) pendant les quatre années de présidence Trump. "On a du mal en ce moment à prendre au sérieux les préoccupations républicaines sur le déficit et la dette, compte tenu de leur soutien aux réductions d'impôts et à l'augmentation des dépenses pendant les années Trump", a réagi dans un entretien à l'AFP ToriGorman, responsable politique de la Concord Coalition, une organisation non-partisane, qui plaide pour la sobriété budgétaire. "Et une grande partie de cela s'est produit avant même la pandémie", at-elle ajouté. Elle rappelle que l'administration Trump, pendant ses deux premières années à la tête du pays, a "non seulement augmenté les dépenses, mais en 2017, (a) aussi mis en place une réduction d'impôts de 2.000 milliards de dollars" En effet, cette mesure phare du mandat de Donald Trump, la réforme fiscale la plus importante en 30 ans, avait été applaudie par les "faucons budgétaires" républicains, habituellement peu enclins à dépenser. Tous les sénateurs du parti avaient voté en faveur de ce texte, qui a réduit les impôts pour les plus riches et sabré ceux des sociétés.
Cette réforme a certes dynamisé la croissance en 2018, mais elle a surtout accru le déficit budgétaire et gonflé la dette, qui était de près de 27.000 milliards de dollars fin septembre 2020 (qui correspond à la fin de l'année fiscale), contre 19.500 milliards quatre ans plus tôt. En 2012, le magnat de l'immobilier avait attaqué Barack Obama, alors au pouvoir, sur le déficit budgétaire: "Les déficits sous @barackobama sont les plus élevés de toute l'histoire de l'Amérique. Pourquoi conduit-il notre pays à la faillite?", s'était-il emporté sur Twitter.
Début 2020, c'est pourtant ce même Donald Trump qui avait signifié que la dette n'était plus une préoccupation, justifiant sa hausse vertigineuse par la nécessité de renforcer l'armée. Il avait alors repoussé à 2035 au lieu de 2030 l'échéance pour parvenir à l'équilibre budgétaire. A la même période, les services du budget du Congrès (CBO), une agence indépendante, avaient averti que le déficit budgétaire américain devrait s'aggraver sous l'effet de la politique de Trump.