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Doit-on s'attendre à une nouvelle vague de hausses des prix ?


Mohamed kadimi
Samedi 10 Janvier 2009

Doit-on s'attendre à une nouvelle vague de hausses des prix ?
Alors qu'on s'attendait à une baisse des prix des produits de première nécessité, conséquence logique des cours sur le marché mondial, c'est le contraire qui vient de se passer. Le 1er janvier 2009 a signé l'entrée en vigueur d'une nouvelle vague de hausses des prix sur le marché marocain.
Lesquelles hausses ne manqueront pas d'annuler les effets escomptés de la baisse de deux points au titre de l'IR. Autrement dit, c'est une nouvelle atteinte au pouvoir d'achat des citoyens qui contredit le discours officiel de ces derniers temps.
Le 1er janvier 2009, les ménages étaient devant un fait accompli : les prix du lait (matière de base), les lessives, boissons gazeuses (Coca Cola) ainsi que la mise en vente aux stations d’essence du gasoil 50 ppm à 10,15 Dhs sans la moindre prise en considérations des engagements pris auparavant par les pouvoirs publics.
Mais ce n'est pas tout, les usagers des transports en commun ont été obligés de payer 0,50 dirham de plus pour leurs tickets. Contre toute attente aussi, les autoroutes du Maroc augmenteront le péage pour, dit-on, être en mesure de financer les autoroutes programmées et élargir la voie de Rabat-Casablanca.
Pour ce qui est des premières matières, les augmentations ont été introduites sans le moindre préavis. Il est curieux de trouver une justification logique de la hausse des produits gazeux qui intervient en pleine saison hivernale.
Il faut dire aussi que la Centrale laitière devait baisser ou du moins pratiquer les mêmes prix qu'auparavant pour plusieurs raisons. La situation pluviométrique est censée améliorer la productivité et encourager les investissements dans ce secteur d'activité.
S'agissant du transport urbain par autobus à Casablanca, «la décision intervient pour rétablir l'équilibre économique de la gestion déléguée et permettre à la société M'Dina bus d'assurer la continuité du service du transport», pour  reprendre  les propos d'un communiqué de la commune urbaine de Casablanca.
Il est également indiqué que « la situation financière de la société délégataire et les déficits accumulés par cette dernière étaient de nature à menacer la pérennité du service public de transport par autobus.
Une intervention des pouvoirs publics pour rétablir les conditions d'un meilleur équilibre de la gestion déléguée a été rendue inéluctable par les menaces qui pesaient sur ce secteur».
Il est fondamental de noter qu'en matière des prix, le Maroc agit conformément à la loi n° 16-99 sur la liberté des prix et de la concurrence.
C'est la base juridique qui sert au fonctionnement de la Direction des prix et de la concurrence. Cette loi stipule que tous les prix au Maroc sont libres. Ces prix doivent se fixer, par confrontation entre l'offre et la demande sur le marché par libre jeu de la concurrence.
Seulement, cette législation a gardé une liste de produits et services exceptionnellement sous le régime de la réglementation dont les prix continuent à être fixés par l'Administration et notamment par une commission interministérielle des prix.
Il s'agit d'une liste de 15 produits et services dont la farine subventionnée, les produits pétroliers, les services médicaux, le transport voyageur et urbain, etc.
Autrement dit, il y a deux volets. Lorsqu'on dit liberté des prix, cela ne veut pas dire, par conséquent, qu'il y a anarchie. Le législateur a prévu des garde-fous pour le bon fonctionnement de la liberté des prix au Maroc parce que cela suppose que la fixation des prix relève de l'Administration, car c'est le marché qui doit fixer les prix mais dans le cadre de la concurrence loyale dans un marché transparent et où les prix reflètent la réalité et non pas une rente donnée.
Or, aujourd'hui, on a l'impression que ces garde-fous n'intimident plus les concernés.
A rappeler que parmi les prix réglementés, il y a ceux de la farine nationale du blé tendre, la farine subventionnée, le tabac manufacturé (paquets de cigarettes) et les carburants qui sont règlementés par l'Administration.
Pour la fixation des prix de ces produits, il y a toujours nécessité pour les produits agricoles de sauvegarder les intérêts des produits locaux en matière de fixation des prix. Il faut toujours garantir un certain prix, un certain revenu et une certaine rémunération pour l'agriculture nationale.
Toute la structure du prix prend en considération ces facteurs vis-à-vis de l'importation. Le souci du gouvernement consiste, donc, à assurer un débouché pour la production locale à un prix rémunérateur.
En période normale, c'est-à-dire dans une bonne année agricole, l'Administration prend en compte les intérêts des agriculteurs nationaux.  En cas de sécheresse, ce principe n'est pas mis en œuvre, ce qui a, d'ailleurs cette année, poussé l'Administration à annuler les droits de douane parce qu'il n'y a pas de production nationale à protéger (chose en vigueur actuellement avec le beurre).
Il faut dire aussi que la fixation des prix prend en considération aussi bien les intérêts des producteurs, des opérateurs industriels que le pouvoir d'achat des consommateurs. On essaie, donc, de fixer un prix qui serait à la portée des consommateurs.
S'agissant des produits pétroliers, aussi bien le gaz butane que le carburant, il y a une structuration qui doit prendre en considération les fluctuations sur le marché mondial, les marges des intervenants (importateurs et le raffineur Samir).
A noter que la nouvelle vague des hausses s'inscrit en continuité par rapport à 2007. Or, depuis la fin de l'année 2008, les prix connaissent un recul sensible au niveau mondial.
Le baril du pétrole qui était facturé à plus de 145 dollars, est actuellement négocié à 42 dollars, soit une diminution de plus des deux tiers. Si le prix du pain a fait, auparavant, les manchettes des journaux, désormais ce sont le lait, l'huile, la semoule, la farine de blé et autres pâtes, composants essentiels de la consommation quotidienne, qui rendent l'ambiance quelque peu morose.
En moyenne, la hausse a frôlé les 30%. Mais, la folie a touché surtout le beurre dont le prix a plus que doublé en quelques mois seulement. Que s'est-il passé donc pour que les prix disjonctent à ce point?
La flambée des prix des produits de première nécessité avait un rapport direct avec la rareté des matières premières en 2007. Le litre d'huile de table passe de 14 DH à plus de 16 DH, selon les marques, contre 10 DH auparavant.
Au même moment, le beurre a été propulsé à 60 DH, alors qu'il ne dépassait guère les 33 DH au mois de Ramadan. Ce n'est pas tout : le lait UHT n'arrête pas de bouillir et se vend cher. Le lait écrémé est proposé à un prix exorbitant (un paradoxe lorsqu'on sait qu'il est à moitié composé d'eau).
Quant au blé, il est, sans l'ombre de doute, dur à avaler. Au kilo, le prix variait de 8,50 à 9 DH selon les qualités. La semoule de couscous a atteint, pour sa part, un niveau historique à 13 DH contre 10 DH, la semaine d'avant. Cette forte envolée des prix a touché, de manière frontale, les spaghettis, dont le prix pour l'entrée de gamme dépasse aujourd'hui les 13 DH au lieu de 9 DH auparavant. Tellement la flambée était forte que certaines marques de spaghettis ont tout simplement disparu des rayons avant de réapparaître par la suite à des prix évidemment plus élevés.
Quelques produits que l'on qualifie, à tort, de superflus, comme le chocolat, le fromage, les yaourts, les céréales pour enfants et certains biscuits n'ont pas échappé à cette envolée des prix. Jamais les produits de première nécessité n'ont connu une pareille explosion. Tout baigne pour les producteurs, en l'occurrence. Les grandes enseignes sont aussi de la fête.
Les marques propres ou produits dits «économiques» ne meublaient plus les étagères.  Dommage. Car la concurrence que l'on attendait des distributeurs n'a pas eu lieu. Pour nombre de ménages, le « seuil de la douleur est atteint ». Cette flambée ne permet plus de douter quant à la dégradation du pouvoir d'achat des ménages.  Comme la plupart des produits sont importés, ils intègrent, bien évidemment, les hausses jamais enregistrées des matières premières et agricoles sur le marché international.
Des hausses certes très fortes mais qui ne justifient nullement le niveau des prix pratiqués aussi bien aux supermarchés qu'aux petits commerces. D'autant plus que le dollar, monnaie de paiement des principales importations, est en baisse continue par rapport à un panier de monnaies, y compris le dirham. Une chose est certaine: les couches sociales à faibles revenus voient leur panier se rétrécir comme une peau de chagrin. Mais la hausse annoncée, nous dit-on, ne fait que commencer.
Jusqu'où s'arrêtera-t-elle ? Que compte faire le gouvernement pour juguler la saignée du pouvoir d'achat et s'assurer la paix sociale? Devant l'ampleur des hausses, la situation est devenue franchement explosive.
Les pouvoirs publics sont interpellés (la Direction des prix, le Conseil de la concurrence ) pour contrôler et vérifier si la flambée des prix -pas seulement dans les magasins ou grandes surfaces, mais aussi chez les producteurs et fournisseurs- est justifiée, et voir aussi s'il n'y a pas de complicité ou un quelconque abus de position dominante dans le secteur.


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