Diminution des aides pour la lutte contre le VIH

Une situation qui inquiète les associations et pourrait obliger les autorités à mettre encore plus la main à la poche


Chady Chaabi
Lundi 7 Octobre 2019

“Pour la période 2018-2020, le Maroc s'est vu attribuer environ 15 millions de dollars. En comparaison avec la période précédente, où on était à 37 millions de dollars, cela représente à peu près une réduction de moitié. Avec 13 millions de dollars pour le VIH et environ 2 millions pour la tuberculose. » Cette déclaration on la doit à Boutaïna El Omari, gestionnaire depuis 2002 des aides internationales pour la lutte contre le VIH au sein du ministère de la Santé. Des propos qui corroborent le titre d’un article de « France Culture » dont ils sont tirés : « Lutte contre le sida au Maroc : un financement en danger ».
En effet, en 2003, le Royaume fut le premier pays maghrébin à parapher un partenariat avec le Fonds mondial de lutte contre le sida. Ce partenariat lui a permis d’une part, de bénéficier jusqu’à ce jour, d’une centaine de millions de dollars d’aides dédiées principalement à la création de mécanisme de prévention, et d’autre part, l’a obligé à mettre en place une instance de coordination nationale dont le but est de gérer la répartition de l'argent et de préparer les demandes de financement pour les années suivantes. Intitulée CCM pour « Country Coordinating Mechanism », l’instance en question a en outre instauré un dialogue et noué des liens entre les acteurs institutionnels, la société civile et les représentants des personnes vivant avec le VIH, ainsi que ceux des « populations clés », rendant plus efficiente la lutte contre le VIH. Le problème, c’est que depuis quelques années, les montants de cette aide sont en diminution après avoir atteint la somme de 100 millions de dollars. Logiquement, l’inquiétude grandit au sein des organismes de lutte contre le sida, dont l'Association de lutte contre le sida (ALCS). 
Désignée dans ledit article comme étant à la fois l'interlocuteur privilégié du gouvernement et le premier bénéficiaire de l'aide que le Fonds mondial contre le VIH, le paludisme et la tuberculose alloue au Maroc, l’ALCS, fondée en 1988 par le professeur Hakima Himmich, chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital Ibn Rochd, aurait utilisé les différentes aides dont elle a bénéficié afin de prendre en charge les 12.413 personnes atteintes de VIH, ainsi que celles porteuses du virus sans pour autant en être conscientes, via des stratégies de dépistage qui ciblent les populations clés. A savoir : les migrants et les détenus, les homosexuels, les usagers de drogue injectable, et évidemment les travailleuses du sexe. Autant dire que la diminution des aides impactera forcément les activités de l’ACLS. Mais peut-être n’est-ce qu’une manière d’inviter le Royaume à investir beaucoup plus qu’il ne le fait aujourd’hui. 
A vrai dire, le Fonds mondial ne veut pas être uniquement considéré comme une source de revenu, il pousse aussi pour une prise en main gouvernementale. Comment ? Tout simplement en insistant pour que les autorités locales mettent la main à la poche et participent au financement de la lutte contre le sida. Toujours d’après l’article de « France Culture », le ministère de la Santé marocain financerait environ 50% de la lutte contre le sida. Une implication illustrée par l'introduction de la PrEP (programme de prophylaxie pré-exposition au VIH), un traitement préventif du VIH dont les résultats en Europe ont été encourageants. Sans oublier la création d’une cartographie des « populations clés » à même de localiser où se regroupent lesdites populations pour in fine permettre aux ONG de réaliser un travail de sensibilisation efficace. Une efficacité qui risque de s’évaporer comme neige sous un soleil d’été, si les montants des aides internationales continuent à fondre ainsi.  


 


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