Les citoyens marocains sont descendus par milliers, dimanche, dans plus de 80 points du Royaume, à l’appel du Mouvement du 20 février. Sur fond de la violence perpétrée lors des deux semaines précédentes contre les manifestants, les marches de ce week-end ont été organisées sous le signe de «la persistance». L’ombre de Kamal Ammari, un jeune qui a succombé à ses blessures contractées lors des violentes interventions contre les manifestants dimanche 29 mai à Safi, planait sur toutes les manifestations. Autre particularité, la sortie dans les rues de plusieurs citoyens dans des localités les plus reculées : Taznakht, Agdez, Bni Djit, Tahla, Mdiq, Imintanout, Bejjaâd, Bni Bouayach … Jeunes et moins jeunes, femmes et hommes ont ainsi appelé à une constitution démocratique et des réformes politiques. Mais ce qui a marqué, les marches de ce dimanche, c’est l’attitude raisonnable et normale des forces de l’ordre qui sont restées à l’écart. L’on a sans doute compris que la violence ne peut aucunement résoudre l’équation politique actuelle. Les plus grandes marches ont eu lieu à Casablanca, Rabat, Safi, Tanger, Agadir, Marrakech, Bouarfa, Meknès et Fès… Aucun incident n’a été ainsi enregistré. Toutes les manifestations se sont achevées dans le calme, à l’exception du sit-in de Kénitra qui a été interdit par les autorités. Les mêmes mots d’ordre adoptés par le Mouvement du 20 février ont été scandés par les manifestants : contre le despotisme, la corruption, le népotisme, le clientélisme et pour la liberté d’expression, la séparation des pouvoirs, la libération des médias publics…On a constaté la présence de nombreuses catégories sociales, appelant l’Etat à répondre à leurs doléances, tels les diplômés chômeurs, les sans logements, les handicapés. La marche de Rabat a été aussi marquée par la présence de dirigeants de tous les partis politiques démocratiques. Une manière implicite de dénoncer la violence des deux dernières semaines, mais aussi de donner plus de visibilité à cette pluralité du Mouvement marocain pour la démocratie et l’Etat de droit.