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Des dizaines de civils fuyant l'est de l'Ukraine tués dans une frappe sur une gare


Libé
Dimanche 10 Avril 2022

Au moins 35 personnes ont été tuées dans une attaque de missiles vendredi sur une gare du Donbass où les civils se pressaient pour fuir l'est de l'Ukraine cible des forces russes, un massacre "inhumain" dénoncé par le président Volodymyr Zelensky.

Cette frappe sanglante intervient alors que l'indignation internationale était déjà forte suite aux images d'atrocités dont a été accusée l'armée russe dans des localités dont elle s'est retirée autour de Kiev, la capitale, où de hauts responsables européens étaient attendus pour manifester leur soutien à l'Ukraine face à l'invasion russe. C'est la gare de Kramatorsk, "capitale" du Donbass sous contrôle ukrainien, qui a été la cible de l'attaque. Les services de secours ont évoqué au moins 35 morts et 100 blessés et des journalistes de l'AFP sur place ont vu au moins trente corps dans des sacs mortuaires devant la gare, utilisée pour l'évacuation des populations civiles de la région.

Des valises abandonnées jonchaient les quais et les alentours de la gare et les trottoirs étaient maculéstraces de sang et sur le parvis devant la gare, les restes d'un missile était toujours visible,sur lequel on pouvait lire en russe "Pour les enfants". "Je cherche mon mari, il était là, je n'arrive pas à le joindre", a déclaré à l'AFP une femme, tremblante et en sanglots, hésitant à s'approcher des corps, son téléphone collé à l'oreille. Le président Zelensky a dénoncé un "mal sans limite" déchaîné par la Russie et des méthodes "inhumaines". "Sans la force et le courage de nous affronter sur le champ de bataille, ils annihilent cyniquement la population civile.

C'est un mal qui n'a pas de limite. Et s'il n'est pas puni, il ne s'arrêtera jamais", a-til écrit sur Telegram. Le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell, en route pour Kiev avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, a "condamné fermement" une "attaque aveugle". Moscou a immédiatement démenti être responsable de l'attaque, affirmant ne pas disposer du type de missile qui aurait été utilisé, et dénonçant une "provocation" ukrainienne.

Un argument déjà employé pour démentir les accusations d'exactions et crimes de guerre, notamment à Boutcha, à 30 km au nord-ouest de Kiev, bombardée puis occupée un mois par des soldats russes, et où des dizaines de cadavres vêtus en civil, dont certains les mains liées dans le dos, ont été découverts après leur départ.

Le ministère russe de la Défense avait indiqué plus tôt vendredi que l'armée russe avait détruit avec des missiles de haute précision "des armements et équipements militaires dans les gares de Pokrovsk, Sloviansk et Barvinkove", localités toutes situées non loin de Kramatorsk.

Après avoir retiré ses troupes de la région de Kiev et du nord de l'Ukraine, la Russie a fait de la conquête du Donbass, dont une partie est contrôlée depuis 2014 par des séparatistes prorusses, son objectif prioritaire. Elle multiplie ses attaques dans le sud et l'est. Les autorités ukrainiennes s'efforçant, elles, d'évacuer les civils.

Les évacuations par train, qui avaient été interrompues en raison de la destruction d'une partie de la voie ferrée, avaient repris dans la nuit de jeudi à vendredi, selon le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, qui encourageait depuis plusieurs jours les habitants à partir pour ne pas "se condamner à la mort". "Trois trains d'évacuation transportant des habitants de la région de Lougansk et de Donetsk ont pu partir vers l'ouest. La voie a été réparée,", avait-il précisé tôt vendredi, avant l'attaque sur la gare de Kramastorsk.

Suite à la vague d'indignation qui a suivi la diffusion des images de Boutcha notamment, la Russie a été suspendue jeudi par un vote du Conseil des droits de l'homme de l'ONU et a été la cible de nouvelle sanctions économiques internationales. Le président américain Joe Biden, qui avait fait adopter la veille un nouveau train de sanctions économiques "dévastatrices", a qualifié "d'insulte à l'humanité" les "indications de viols, de tortures, d'exécutions", assurant que "les mensonges de la Russie ne tiennent pas face aux preuves incontestables de ce qui se passe en Ukraine".

Les pays du G7 ont emboîté le pas des sanctions, avec notamment une interdiction de tout nouvel investissement dans des secteurs clefs de la Russie. Vendredi, le Royaume-Uni a annoncé sanctionner les deux filles du président russe Vladimir Poutine et celle du chef de la diplomatie Sergueï Lavrov en raison de l'invasion de l'Ukraine, disant vouloir s'en prendre au "train de vie fastueux du cercle rapproché du Kremlin". Et l'Union européenne a elle aussi adopté jeudi soir un nouveau train de mesures punitives, notamment un embargo sur le charbon russe.

C'est la toute première fois que les Européens frappent le secteur énergétique russe, dont ils sont très dépendants. L'UE importe 45% de son charbon de Russie pour une valeur de 4 milliards d'euros par an. Cet embargo entrera en vigueur début août. Le Japon a également annoncé qu'il allait interdire l'importation de charbon russe. 

Bruxelles prévoit l'interdiction d'exportations vers la Russie à hauteur de 10 milliards d'euros, de nouvelles sanctions contre des banques russes ainsi que la fermeture des ports européens aux navires russes. Parallèlement, l'UEest prête à débloquer 500 millions d'euros de plus pour financer des armes pour l'Ukraine. Kiev réclame la fourniture "immédiate" d'armes, avant qu'il ne soit trop tard pour faire face à une nouvelle offensive russe dans l'Est. L'Otan a promis jeudi par la voix de son secrétaire général, Jens Stoltenberg, un "soutien significatif".

nombreux observateurs estiment que le président russe Vladimir Poutine veut à tout prix une prise du Donbass avant la parade militaire du 9 mai marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale, célébration la plus importante en Russie. Les répercussions indirectes du conflit se font par ailleurs toujours sentir dans le monde.

L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture a ainsi indiqué vendredi que les prix mondiaux des denrées alimentaires ont atteint en mars leurs "plus hauts niveaux jamais enregistrés" à cause de la guerre en Ukraine qui bouleverse les marchés de céréales et des huiles végétales. Une annonce qui fait craindre une crise alimentaire mondiale et les possible troubles socio-politiques qui pourraient en découler dans certains pays.


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