Des Subsahariens en visite au SIEL

Ce qu’ils cherchent, c’est  rompre le fil de la routine, sortir du quotidien, pas du reste reluisant,  qui est le leur depuis qu’ils se sont établis au Maroc il y a 2 à 3 ans. Eux, ce sont un groupe de 9 jeunes réfugiés et migrants subsahariens qui se sont rendus au SIEL. Cette évasion leur a été offerte par  le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME),  en collaboration avec la Fondation Orient-Occident (FOO). 

Alors que le Maroc ouvre un nouveau chapitre dans ses relations avec le continent africain en mettant en place une politique d’accueil des migrants et des réfugiés, ce genre d'initiative constitue un pas considérable vers l’intégration de ces populations au Maroc. Une manière d’aller de l’avant. La preuve en est donnée à travers les divers témoignages recueillis près de ces jeunes Subsahariens. «Ça nous fait oublier les expériences que nous avons vécues  et le traumatisme qu’on a laissé derrière», explique Joseph, réfugié originaire du Cameroun. Ce genre de projet permet, en effet, de sortir de l’isolement et favorise l’épanouissement des jeunes réfugiés au Maroc. «Une sortie comme celle-là nous donne un sentiment de sécurité, et nous permet de nous sentir mieux», explique pour sa part  un autre  réfugié de Côte d’Ivoire. Ces jeunes réfugiés, pourtant pleins de potentiel, se retrouvent souvent confrontés à un quotidien monotone. Salih, également de Côte d’Ivoire, abonde dans ce sens : « Ces sorties sont très importantes, parce que je reste cloîtré à la maison. C’est une façon de mieux connaître la société marocaine».  Reste que beaucoup de Marocains eux-mêmes sont souvent peu ou mal informés des réalités de leur propre continent. Une réalité qui n’a pas échappé à ces jeunes. «Le potentiel des ressortissants subsahariens n’est pas suffisamment pris en compte au Maroc» comme l’indique Christian. 

De son côté, Salih note que «les Marocains ont besoin d’être mieux éclairés sur les Subsahariens». Il souligne que beaucoup de Marocains n’accordent pas suffisamment d’importance au continent africain et qu’ils tombent systématiquement dans les clichés qui entretiennent des idées préconçues sur leur situation. Mais Christian a un avis plus tempéré et parle d’un certain renversement de tendance. Selon lui, « une petite amélioration » est perçue  ces derniers temps dans l’intégration des populations subsahariennes au Maroc.  La visite au SIEL en est un exemple. «Nous avons été bien accueillis. Il n’y a pas eu de discrimination», n’a-t-il pas manqué de souligner.

Aujourd’hui, il est nécessaire d'intensifier les initiatives qui cherchent à favoriser l’intégration et l’épanouissement des jeunes migrants et réfugiés résidant au Maroc. De simples activités, telles des visites à des manifestations culturelles, ou encore l’organisation d’ateliers artistiques, peuvent avoir un impact positif sur la réussite de la politique d’accueil des migrants et des réfugiés dans laquelle le Maroc s’est lancé récemment. Il est aussi utile d’impliquer davantage les jeunes Marocains dans ces initiatives. Réunir des jeunes marocains et Subsahariens est en effet l’occasion de mieux développer le dialogue interculturel et d’encourager les jeunes Marocains à connaître leurs voisins issus du même continent.