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Des ONG s'alarment de la forte hausse des exécutions en Iran


Libé
Jeudi 28 Avril 2022

Des ONG s'alarment de la forte hausse des exécutions en Iran
Le recours à la peine de mort est en forte hausse (+25%) en 2021 en Iran, où un nombre croissant de femmes ont été pendues, dénoncent deux ONG, exhortant la communauté internationale à en faire une "priorité" dans toute négociation avec Téhéran.

"L'Iran amorce un retour en force sur la scène internationale avec les négociations entourant son programme nucléaire" mais dans le même temps ce pays "a poursuivi les exécutions" et "utilisé la peine de mort comme outil de répression contre de nombreux opposants", dénoncent Iran Human Rights et Ensemble contre la peine de mort dans un rapport publié jeudi.


Au moins 333 personnes ont été exécutées en Iran en 2021, soit une augmentation de 25% par rapport aux 267 de 2020, selon ce 14e rapport annuel sur la peine de mort d'IHR, basée en Norvège et ECPM, basée en France, qui jugent la situation "alarmante".


Les exécutions en Iran - un des pays qui exécute le plus avec la Chine et l'Arabie saoudite - s'effectuent par pendaison-strangulation.


Les ONG relèvent que "le nombre des exécutions s'est accéléré après l'élection du président Ebrahim Raïssi en juin dernier et ont doublé dans la deuxième moitié de 2021 par rapport à la première moitié".


Au moins 17 femmes ont été exécutées, contre 9 en 2020, et au au moins deux délinquants juvéniles, indique ce rapport de plus de 100 pages.


Selon ces ONG, "le nombre d'exécutions liées au trafic de drogue fait un bond spectaculaire avec un total de 126 exécutés sur l'année, soit une centaine de plus que l'année précédente" (25 en 2020). "Les terribles bilans de la République islamique en matière de droits de l'Homme et de peine de mort ne sont pas inclus dans les pourparlers du JCPOA" - accord de 2015 censé empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique, NDLR -, relève Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur de IHR.

Il déplore que "les autorités iraniennes fassent l'objet d'une surveillance moindre alors que ces négociations sont en cours". "Toute négociation entre l'Occident et l'Iran doit inclure la question de la peine de mort au titre de ses priorités", exhorte Raphaël Chenuil-Hazan, directeur général de ECPM.


Le nombre d'exécutions de personnes issues de minorités ethniques a continué d'augmenter en 2021. Ainsi 21% des prisonniers pendus étaient baloutches, bien que cette minorité ne représente que de 2 à 6% de la population, selon le rapport.
 La torture physique et psychologique est "utilisée de manière systématique dans les prisons", notamment comme "méthode pour arracher des aveux qui deviendront la base de condamnations à mort", dénoncent aussi ces ONG.


En 2021, plusieurs cas de morts suspectes en prison ont été rapportés, qui auraient été causées par la torture ou le refus de soins appropriés, indiquent ces ONG, relevant que personne n'a été tenu responsable pour ces décès.


Comme en 2020, la majorité des prisonniers ont été exécutés pour des condamnations pour meurtre.
 Parmi les 17 femmes pendues, 12 l'ont été pour meurtre. Les ONG s'inquiètent du nombre croissant de femmes condamnées pour avoir tué leurs maris qui selon les ONG pourraient avoir été violents avec elles.


La loi encourage les plaignants (familles de la victime, ou du condamné si il est accusé d'avoir tué un membre de sa famille) à participer personnellement à l'exécution, selon les ONG.

Le rapport décrit le cas de Maryam Karimi, condamnée pour avoir tué son mari abusif qui refusait de lui accorder le divorce. En mars 2021, la fille de Mme Karimi a elle même procédé à l'exécution.

Cependant, les ONG soulignent "à quel point la population iranienne conteste les pratiques du régime" selon elles. "Le soutien de l'opinion publique à la peine de mort a fortement diminué, tandis que la tendance à la diya (prix du sang) et au pardon a considérablement augmenté par rapport aux années précédentes".

"La pratique inhumaine (de la peine de mort pour punir un meurtre, NDLR) n'est pas populaire parmi les Iraniens", dénonce M. Amiry-Moghaddam. "Elle est utilisée par les autorités pour répandre la peur et faire de simples citoyens des complices de leur brutalité et de leur violence".


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