Déclarations, précisions, reconstitution : l'exécution du crime


Libé
Dimanche 21 Décembre 2008

Déclarations, précisions, reconstitution : l'exécution du crime
Il résulte des déclarations que Mme Lhermitte a faites
aux enquêteurs, des précisions qu'elle a pu apporter lors de la reconstitution et des devoirs d'instruction ordonnés par le
magistrat instructeur que les faits criminels se seraient déroulés comme suit.
Vers 13 heures, elle monte dans sa chambre. Elle ressent une « sensation de vide et a l'impression que sa tête se réduit ». Elle entend une voix qui lui dit :  «la machine est en route ». Elle décide d'écrire une lettre à son ami Valérie Guirsch. Elle dispose dans une enveloppe tous ses bijoux dont une montre que ses enfants lui ont offerte pour ses quarante ans. Elle met le tout dans une pochette en plastique à destination de son amie. Elle demande ensuite à Yasmine de descendre et de mettre la cassette « Spy Kids » dans le lecteur vidéo pour ses frères et sœurs. Elle annonce à ses enfants qu'elle doit sortir pour aller faire une course et refuse à Myriam de l'accompagner. Elle se rend directement chez Valérie. L'immeuble où celle-ci réside est distant d'environ 560m de son domicile. Elle veut déposer la pochette dans la boîte aux lettres de Valérie mais se rend compte qu'elle a été forcée. Elle décide alors de sonner et tombe  sur l'ami de Valérie. Elle dit qu'elle a déposé dans la boîte aux lettres quelque chose de très important à l'intention de Valérie.
Elle se rend ensuite au magasin  «DEMA» situé à environ 330m de l'appartement de Valérie. Elle parcourt les rayons du magasin et en ressort immédiatement pour gagner le magasin « Champion » installé à moins de 100m. Elle se rend directement au rayon des couteaux et y prend un couteau qu'elle avait vu une quinzaine de jours auparavant. Elle s'empare d'un second couteau et dispose ensuite les deux couteaux dans un sac en plastique qu'elle route et place dans un autre sac. Elle passe aux caisses sans payer les couteaux. Puis elle rentre directement à son domicile distant de 513m.
L'itinéraire ainsi suivi par Geneviève Lhermitte a fait l'objet d'un mesurage réalisé par la police judiciaire. Le trajet total d'une longueur de 1496,6m a été parcouru en 17 minutes et 26 secondes, ce qui permet aux enquêteurs de fixer la durée de l'absence de Mme Lhermitte, de manière raisonnable, compte tenu de ses arrêts chez   Valérie et dans les grandes surface, à environ 30 minutes.
De retour chez elle, Geneviève Lhermitte se rend dans son bureau où elle rallume son GSM. Elle remarque à ce moment l'existence d'un appel en absence émanant de son mari.  Elle téléphone ensuite à Valérie et tombe sur sa boîte vocale sur laquelle elle laisse un message annonçant qu'elle a fait quelque chose de grave. Il est 13h47. Après s'être débarrassée de son manteau, elle monte dans sa chambre avec les sacs contenant les couteaux. Elle retire ceux-ci de leur emballage et les place dans le tiroir de la commode. Elle va ensuite chercher Mina et la fait s’asseoir sur le bord du lit. Elle la repousse doucement en la couchant sur le dos et lui serre le cou tout en lui adressant des paroles de réconfort et d’amour. Elle déclare lui avoir dit: “Je t’aime ma chérie, pardonne-moi, je t’aime ma chérie”.
Geneviève Lhermitte poursuit la manoeuvre d’étranglement jusqu’à ce que Mina ne bouge plus, mais des bruits au niveau de la gorge de l’enfant lui faisant penser qu’elle n’est pas encore morte, elle prend un couteau, dans la commode et lui tranche la gorge. Elle ferme ensuite les yeux de l’enfant, l’embrasse en lui disant qu’elle l’aime et la place dans le lit conjugal. Elle pose ensuite une couverture sur le corps de l’enfant. Puis elle se rend dans la salle de bains pour procéder au nettoyage du couteau dans le lavabo et se laver les mains. Après quoi, elle retourne dans la chambre déposer le couteau dans le tiroir de la commode.
Elle redescend, prend Mehdi dans ses bras et remonte avec lui. Elle lui dit qu’elle l’aime très fort et l’enfant lui répond: “Oui maman, moi aussi je t’aime”. Elle assied son fils sur le bord du lit et procède  de la même manière que pour Mina, Elle lui serre très fort le cou mais l’enfant se débat. Geneviève Lhermitte se saisit rapidement du couteau tout en maintenant l’enfant sur le lit. Elle met la main sur la poitrine de son fils. Comme celui-ci se met à crier, elle lui place la main gauche sur la bouche et fait plusieurs mouvements de la gauche vers la droite sur la gorge de l’enfant avec le couteau qu’elle tient de la main droite.
Elle ferme les yeux à Mehdi et l’embrasse tout en lui demandant encore pardon, puis elle le place dans le lit et le recouvre entièrement.
Il est à noter que lors de la reconstitution, Mme Lhermitte affirme avoir placé le corps de Mina à sa place habituelle, soit du côté gauche du lit, et Mehdi à la place de son mari soit du côté droit du lit, alors que les enfants ont été retrouvés dans la position inverse.
Geneviève Lhermitte se rend à nouveau dans la salle de bains pour nettoyer le couteau et se laver.
Elle place ensuite le couteau dans la poche arrière droite de son pantalon et se rend dans le  bureau. Elle y dispose une chaise et dépose sur un bureau la plaque en marbre enlevée préalablement de la table de nuit se trouvant dans le hall de nuit. Elle va également chercher une écharpe bleue dans un panier à linge se trouvant dans la chambre voisine avec le dessein de s’en servir pour cacher les yeux de sa prochaine victime.
C’est au tour de Myriam d’être appelée par sa mère. Celle-ci lui dit: “Mini, tu viens? j’ai quelque chose à te montrer, j’ai une surprise pour toi. Viens, c’est dans le bureau”.
Dans le bureau, Geneviève Lhermitte invite Myriam à s’asseoir sur la chaisse en lui annonçant qu’elle va lui placer quelque chose sur les yeux. Myriam s’assied sans s’inquiéter et sa maman lui bande les yeux au moyen de l’écharpe. Geneviève Lhermitte se saisit de la plaque de marbre et frappe avec force sur la tête de sa fille. La plaque de marbe tombe au sol et se brise. L’enfant glisse sur le sol et crie : “Non, maman, ne fais pas cela maman”. Geneviève Lhermitte prend le couteau dans la poche arrière droite de son pantalon, saisit le visage de l’enfant en le tenant par le menton de la main gauche puis elle empoigne le couteau à deux mains et fait plusieurs mouvements de va-et-vient sur la gorge de Myriam.
Elle referme la porte du bureau et se rend une troisième fois dans la salle de bains pour y nettoyer le couteau. Lors de la reconstitution, elle dira au juge d’instruction que , regardant dans la glace, elle a vu “ un visage qui est réfléchi comme un masque”, mais qu’elle ne pensait rien et ne ressentait aucune émotion. Elle replace le couteau dans la poche arrière gauche de son pantation vu que la droite est trouée.
Lors de la reconstitution, Geneviève Lhermitte reconnaîtra que l’enfant a essayé d’attraper le couteau au cours de l’agression.
Constatant la présence de taches de sang sur le palier, elle prend un essuie-main dans une manne à linge afin de les effacer.
Pour attirer Nora, Geneviève Lhermitte prétexte avoir trouvé dans le bureau de Michel Schaar la documentation dont elle a besoin pour effectuer un travail sur la Gaume. Elle lui dit: “Viens, monte, je vais te monter”. Elle se rend à la salle de bains du deuxième étage. Mme Lhermitte demande à Nora de s’asseoir sur la chaise disposée au centre de la salle de bains et se place derrière elle. Elle la prend tendrement par le cou, lui dit qu’elle l’aime et qu’elle lui demande pardon pour ce qu’elle va lui faire. Elle se saisit du couteau dans la poche arrière de son pantalon et tout en la maintenant par le menton, elle passe le couteau sur la gorge de Nora. Celle-ci se défend et tombe par terre. L’enfant tente d’attraper le couteau des deux mains. Geneviève Lhermitte se place ensuite à califourchon sur le ventre de l’enfant pour la maintenir, lui tient le visage de la main gauche et passe le couteau sur la gorge. Avant de quitter la pièce, elle commence à écrire sur le miroir à l’aide de ses doigts ensanglantés. Elle s’arrête après avoir écrit les lettres J U et D. Bien qu’elle ne se souvienne plus du mot qu’elle avait voulu écrire, Geneviève Lhermitte pense qu’elle a voulu écrire le mot “Judas” . Interrogée  à propos de la raison pour laquelle elle a tué Nora dans la salle de bains du deuxième étage, Geneviève Lhermitte déclare aux enquêteurs et au juge d’instruction que Nora était l’enfant préféré de Michel Schaar et qu’elle avait voulu que celui qui découvrirait le drame sache que ce dernier était impliqué dans le drame de la famille Moqadem.
Avant de s’attaquer à son dernier enfant en vie, Yasmine, son aînée, Geneviève Lhermitte effectue un nouveau nettoyage du couteau. Elle descend au rez-de -chaussée et dit à Yasmine: “Viens, il y a ton frère et tes soeurs qui veulent te faire une surprise. Tu dois venir dans la chambre”.
Arrivée dans la chambre, Yasmine regarde en dessous du bureau mais n’y voit aucune surprise. Sa maman l’invite alors à s’asseoir sur une chaise et se place derrière elle. Elle se saisit immédiatement du couteau et, tout en tenant le menton de Yasmine, elle le lui passe  sur la gorge. Après un premier coup,  Yasmine a le réflexe de se lever mais tombe par terre, sur le ventre. Mme Lhermitte  se positionne à califourchon sur le dos de sa fille et lui tire la tête vers l’arrière.
L’enfant se débat et sa mère lui porte un coup de couteau dans le dos, du côté gauche. Yasmine parvient néanmoins à se retourner et tout en se débattant, à saisir la lame des deux mains. Geneviève Lhermitte  a toutefois le dessus et passe plusieurs fois le couteau sue la gorge de Yasmine. Elle prend celle-ci en-dessous des aisselles et la tire vers le lit sue lequel elle la dépose. Elle lui ferme les yeux et l’embrasse.

Extraits de l’acte d’accusation


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