Au vrai, un artiste ne meurt jamais. Sa mémoire se perpétue à travers son héritage artistique. Le décès du compositeur Mohamed Belkhayat ne déroge pas à cette règle. D’autant que son héritage est à la hauteur de son talent. Le compositeur est mort à l'âge de 70 ans après son long combat contre la maladie, à Rabat, selon les dires de sa famille endeuillée. Comme tout compositeur à la grande sensibilité artistique, Mohamed Belkhayat était un homme de l’ombre qui attirait sans cesse la lumière. Né en 1951 dans la capitale du Royaume, Belkhayat n’a pas uniquement fréquenté les plus grands artistes marocains. Il mettait également un point d’honneur à transmettre son savoir, notamment en enseignant la musique théorique et le luth, pendant plus de 40 ans, au Conservatoire national de musique et d'art chorégraphique. Ce qui en dit long sur la grandeur de l’homme et sa générosité intellectuelle. Lors de sa carrière de compositeur, tel un funambule musical, il a dû jongler entre les notes et les participations mais aussi entre la radio nationale et l’orchestre symphonique royal. Sans oublier ses nombreuses collaborations en compagnie des plus grands artistes du pays, dont on peut citer, pêle-mêle, Imad Abdelkbir, Fatima Makdadi, Naïma Samih, El Bachir Abdou, Amal Abdelkader, mais encore Mohamed El Ghaoui. La chanson «El Ghorba», un tube de l’époque interprété par Mohamed El Ghaoui, trouve sa source dans la remarquable capacité de feu Belkhayat à coller parfaitement aux exigences et aux affinités artistiques de ces interprètes. A tel point qu’il était considéré par beaucoup comme le compositeur ayant modernisé la chanson marocaine, s’inspirant notamment du patrimoine et de la richesse culturelle et folklorique du Royaume. La scène artistique nationale a ainsi perdu l’un de ses plus brillants compositeurs. Un homme aux innombrables œuvres, respecté de tous. L'artiste marocain, Bachir Abdou, ne s’est d’ailleurs pas trompé en déclarant au site Channel Two, que "Mohamed Belkhayat laissera une grande place dans la communauté artistique marocaine. Parce que c'était un homme au grand cœur et un grand professeur", comme l’a relayé 2m.ma Bachir Abdou a également tenu à souligner que des dizaines de professeurs et d'artistes créatifs ont appris la musique auprès de Belkhayat, que ce soit en jeu ou en mélodies. De son côté, Nouaman Lahlou n’a pu retenir ses larmes en déclarant : "Adieu l’artiste. Tu es parti laissant derrière toi un héritage immatériel de créations immortelles dans l'histoire de la chanson marocaine contemporaine". Les hommages se sont succédé depuis l’annonce du décès de Mohamed Belkhayat. Et ce n’est pas près de s'arrêter de sitôt. Surtout quand un homme, qui plus est un artiste, fait autant l'unanimité. Sa mémoire ne risque pas de s’estomper. Et les personnes qui l’ont côtoyé ne risquent pas non plus de l’oublier. Libération présente ses condoléances à la famille et aux amis du défunt. Puisse Dieu avoir l'âme du défunt en sa Sainte miséricorde. Nous sommes à Dieu et à lui nous retournons.