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Les relations historiquement houleuses entre les deux voisins de la Corne de l'Afrique se sont dégradées depuis l'annonce le 1er janvier de la signature d'un protocole d'accord entre Addis Abeba et la région séparatiste somalienne du Somaliland, dénoncé par Mogadiscio comme une "agression" contre sa souveraineté.
Ce texte prévoit la location pour 50 ans à l'Ethiopie, immense pays enclavé, de 20 km de côtes du Somaliland, qui a unilatéralement proclamé son indépendance en 1991. Les autorités somalilandaises affirment qu'en échange de cet accès à la mer, l'Ethiopie deviendrait le premier pays à reconnaître officiellement leur république.
Depuis janvier, Mogadiscio a intensifié ses relations avec Le Caire, rival de l'Ethiopie qui s'oppose notamment au mégabarrage hydroélectrique (GERD) qu'Addis Abeba a construit sur le Nil.
Cette coopération de longue date a pris un tour militaire avec la signature le 14 août d'un accord de défense, dont le contenu n'a jamais été rendu public.
Depuis, deux livraisons égyptiennes de matériel militaire ont eu lieu, les 27 août et 22 septembre.
Le Caire a également pour la première fois proposé de contribuer à la force de l'Union africaine déployée depuis 2007 en Somalie pour combattre les islamistes radicaux shebab. Une nouvelle mission (AUSSOM), actuellement en discussion, doit prendre le relais de l'actuelle (Atmis) en janvier.
Cette proposition fait écho aux déclarations de hauts responsables somaliens affirmant qu'un accord entre Addis Abeba et le Somaliland rendrait inévitable le départ des troupes éthiopiennes contribuant à cette force, ainsi que de celles déployées de manière bilatérale, notamment pour protéger sa frontière d'incursions shebab.
Le nombre exact de soldats éthiopiens présents en Somalie est inconnu, mais est estimé à "environ 10.000", selon Samira Gaid, analyste au cabinet Balqiis Insights basé à Mogadiscio.
Le ministère éthiopien des Affaires étrangères a mis en garde contre une transition Atmis-AUSSOM "pleine de dangers", affirmant que la région entrait dans "des eaux inconnues" en raison de "forces qui tentent d'attiser les tensions", sans citer l'Egypte.
Pour des experts interrogés par l'AFP, cet ostensible rapprochement égypto-somalien vise notamment à faire bouger les lignes dans des négociations actuellement dans l'impasse avec l'Ethiopie.
"La Somalie essaie de présenter un levier de pression, qui consiste à dire: +Si vous ne révoquez pas le protocole d'accord, voici certaines des options qui s'offrent à nous. L'une d'elles consiste à faire intervenir des troupes égyptiennes+", décrypte Omar Mahmood, chercheur à l'International Crisis Group.
"C'est une carte joker que la Somalie a abattue", estime également Samira Gaid. Mais "avec une telle escalade rhétorique, il semble difficile de faire des progrès".
Les négociations, menées sous l'égide de la Turquie, apparaissent plus bloquées que jamais. Une troisième séance, prévue le 17 septembre à Ankara, n'a pas eu lieu.
Cette surenchère verbale et armée menace d'ébranler le fragile équilibre somalien, où affrontements entre clans et tensions entre Etats fédérés et gouvernement central viennent régulièrement s'ajouter aux attaques des islamistes shebab.
"La Somalie, pays déjà inondé d'armes, connaît actuellement une augmentation des importations dans un contexte de tensions. Etant donné la défiance généralisée et la faiblesse des contrôles dans le pays, c'est une évolution inquiétante", estime Omar Mahmood.
Le ministre éthiopien des Affaires étrangère a dit lundi craindre que les armes livrées par l'Egypte "ne finisse(nt) entre les mains de terroristes".
Trois jours plus tôt, Mogadiscio a accusé l'Ethiopie d'avoir effectué une "livraison non autorisée d'armes et de munitions" au Puntland, région du nord de la Somalie qui s'oppose régulièrement au gouvernement depuis qu'elle a déclaré unilatéralement son autonomie en 1998.
La menace d'exiger un départ des troupes éthiopiennes a par ailleurs suscité une levée de boucliers dans l'Etat du Sud-Ouest où ces soldats, qui possèdent une expérience de plusieurs décennies dans le combat contre les shebab, sont déployés.
Leur départ "créerait un vide sécuritaire (...) que le gouvernement somalien ou les Etats fédérés ne sont pas en mesure de couvrir", souligne Samira Gaid.
"Si l'Éthiopie et la Somalie ne coopèrent pas ou s'il y a un dysfonctionnement dans leur relation de sécurité, les shebab sont les gagnants de la situation. Ils peuvent s'enhardir et en profiter", résume Omar Mahmood.
Par le passé, des retraits éthiopiens ont été immédiatement suivis d'avancées islamistes.