Entre le deuxième trimestre de l’année 2008 et la même période de 2009, l’économie nationale a, en effet, généré 232.000 emplois dont 196.000 par le seul secteur de l’ « Agriculture, forêt et pêche ».
L’emploi a donc été boosté uniquement grâce à une bonne pluviométrie et à l’absence de mauvais aléas climatiques. Dame nature a ainsi permis au Maroc de ne pas trop ressentir les méfaits des contre-performances de ses autres secteurs productifs. Lesquels, malgré les efforts incommensurables déployés par les autorités publiques et les multiples plans et stratégies, n’ont réussi à donner du travail qu’à 36.000 Marocains.
Pis, plusieurs secteurs ont été sinistrés. La catégorie « industrie y compris l’artisanat » a perdu 7.000 postes de travail, les secteurs du textile, de la bonneterie, de l’habillement, du cuir et des chaussures en ont perdu 24.000, ceux du transport, de l’entreposage et de la communication 25.000, ceux des industries alimentaires et des boissons 8.000 et celui des industries extractives 1.000 emplois. 65.000 postes de travail ont été ainsi perdus et autant de chômeurs sont venus gonfler les rangs des demandeurs d’emplois.
Pareilles statistiques démentent allégrement des propos lénifiants tenus ici et là par tous les responsables qui ont la charge de faire reprendre des couleurs à l’économie nationale et, partant, de lui permettre de générer suffisamment de richesses pour faire rayonner le bien-être social tant convoité. Mais il faut savoir raison garder et ne pas sombrer dans un pessimisme de mauvais aloi. En effet, les projets structurants actuellement initiés généreront, sans nul doute, beaucoup d’emplois à moyen terme. Il faut donc seulement faire preuve de patience et attendre non pas des lendemains qui chantent, mais de l’emploi stable et rémunérateur. Dans le court terme, il faudrait peut-être se contenter de l’existant, même s’il est précaire, peu motivant et fort volatile. C’est grâce à lui, d’ailleurs que le recul du taux de chômage avancé par le HCP pourrait acquérir la consistance qui lui manque si cruellement. Encore faut-il savoir qu’un chômeur au sens de ce Haut Commissariat n’est pas forcément un chômeur au sens du BIT et inversement.
En application de la définition internationale adoptée en 1982 par le Bureau international du travail, un chômeur est, en effet, une personne qui est en âge de travailler et qui répond simultanément à trois conditions. La première : ne pas avoir travaillé, ne serait-ce qu’une heure, durant une semaine de référence, la seconde être disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours suivants et la troisième avoir cherché activement un emploi au cours du mois précédent ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois.
Difficile pour le HCP de pouvoir nous offrir un taux de chômage qui réponde à ces critères. Il faut donc se référer au sien uniquement pour garder un certain optimisme en ces temps de morosité ambiante.