Dans la capitale économique, la vie reprenait lentement ses droits après la fin des combats dans la foulée de l'arrestation lundi de l'ex-président Laurent Gbagbo qui refusait depuis novembre de reconnaître sa défaite à l'élection de novembre. «La sécurité s'améliore plus rapidement que nous ne nous y attendions. Les gens sortent de plus en plus nombreux de chez eux, les taxis circulent... Nous encourageons la population à sortir de chez elle», a expliqué l'envoyé spécial de l'ONU, Choi Young-jin.
Il venait de traverser la ville dans une «caravane pour la paix» d'une vingtaine de véhicules blancs de l'ONU. «La probabilité d'une guerre civile est très, très faible. Ce n'est pas dans la culture ivoirienne de se massacrer», a dit M. Choi bien que des organisations des droits de l'Homme s'inquiètent de représailles contre les partisans du président déchu.
Ainsi, jeudi, un militaire pro-Gbagbo arrêté par les soldats de M. Ouattara et qui s'accusait lui-même d'avoir brûlé cinq partisans du président, a été maltraité sur le parking du Golf Hotel. Un soldat ivoirien lui a asséné un coup de crosse de fusil sur le crâne et un autre a éteint sa cigarette sur son front, a constaté un journaliste de l'AFP. «Les destructions en ville sont minimales. Les infrastructures (eau, électricité) n'ont pas été touchées», a par ailleurs souligné M. Choi. Autre signe de normalisation, le camp militaire français d'Abidjan où avaient été évacuées quelque 5.000 personnes pendant la bataille devait cesser ce vendredi d'accueillir des civils, ont dit les militaires français. Des femmes empruntaient des taxis collectifs pour aller au marché et revenir chargées de provisions, après des jours d'enfermement. Mais les habitants d'Abidjan restent partagés: si la plupart des quartiers ne portent pas de traces des combats, qui ont été très localisés, les signes de pillages sont partout visibles et la grande majorité des commerces gardaient leurs rideaux de fer baissés.