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En effet, près de 1,8 milliard d’USD transitent chaque jour vers les pays à revenu faible et intermédiaire sous forme d’envois de fonds. La moitié de ce montant, soit 900 millions d’USD, stimule le développement agricole et rural, ont indiqué les participants au Forum mondial sur les envois de fonds, l’investissement et le développement (ou GFRID, son sigle anglais) qui s’est tenu à Nairobi le 14 juin courant.
Contributeurs au développement et à l’adaptation au changement climatique
Selon ces participants, un milliard de personnes dans le monde envoient ou reçoivent des fonds de l’étranger. En 2022, 200 millions de travailleurs migrants ont envoyé 647 milliards d’USD à plus de 800 millions de familles dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Ceux-ci effectuent des transactions de faible montant, 200 USD en moyenne, 10 à 12 fois par an.
A noter, cependant, que la valeur combinée de l’aide publique au développement et des investissements étrangers directs dans ces pays est bien inférieure à celle des fonds envoyés par les migrants à leurs proches. « Même en temps de crise, l’argent durement gagné à l’étranger et transféré vers les pays d’origine reste une source fiable de revenu pour des millions de personnes et de familles à travers le monde. Les envois de fonds permettent aux ménages de lutter contre la pauvreté, de se nourrir, de couvrir les frais médicaux et scolaires, et d’améliorer leur logement et leur accès à l’eau et à l’assainissement », précise un récent communiqué du Fonds international de développement agricole (FIDA) des Nations unies. Et de souligner que « si les migrants envoient principalement de l’argent pour répondre à des besoins essentiels, on estime que les bénéficiaires parviennent à économiser ou à investir 25% du montant reçu. Un quart de ces économies (soit 25 milliards d’USD chaque année) va à des investissements liés au secteur agricole. Ce montant est quatre fois supérieur à celui de l’aide publique au développement alloué à l’agriculture des pays en développement à l’échelle mondiale ». A ce propos, Álvaro Lario, président du FIDA, soutient le changement de perspectives à l’égard des migrants et des investisseurs des diasporas en reconnaissant leur rôle et place non seulement en tant que « contributeurs essentiels au développement », mais aussi en tant qu’acteurs de l’adaptation au changement climatique.
Coup de projecteur sur l’Afrique
Qu’en est-il de la situation des transferts au niveau de l’Afrique ? Sur les 54 pays du continent, les envois de fonds représentent au moins 4% du PIB dans 17 contrées. Dans d’autres, dont la Gambie, la Somalie, les Comores, le Lesotho, Cabo Verde et la Guinée-Bissau, ils représentent plus de 10%. Le communiqué du FIDA révèle, toutefois, que les dispositions du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières appelant fortement à la réduction du coût des transferts d’argent et à la favorisation de l’inclusion financière grâce aux envois de fonds, piétinent encore. Car si le coût des envois de fonds vers l’Afrique a été considérablement réduit, le coût moyen atteint 11% du montant envoyé.
Ainsi, précise le FIDA, le continent reste la région du monde vers laquelle envoyer des fonds coûte le plus cher. Il est encore bien loin d’atteindre le seuil de 3% d’ici à 2030 établi dans les Objectifs de développement durable.
S’agissant de l’inclusion financière, beaucoup d’améliorations positives ont été enregistrées en Afrique faisant passer le taux de cette inclusion de 20% en 2011 à 51% en 2021, principalement en raison du nombre croissant de détenteurs de comptes d’argent mobile. Le Soudan du Sud (6%), l’Egypte (27,4%) et la Sierra Leone (29,1%) sont en queue du peloton dans ce domaine.
Radioscopie des fonds envoyés par les MRE
Le Maroc fait partie des pays africains les plus sensibles à la question de transfert des fonds. La migration internationale et les transferts représentent un enjeu important pour la croissance et le développement du pays. Ils constituent une recette essentielle de la balance des paiements du Royaume. En 2022, les envois de fonds de la communauté marocaine à l'étranger ont battu tous les records. En effet, la richesse générée par les MRE approche les 100 milliards de dirhams (MAD), soit 10 milliards de dollars, selon les données de l'Office des changes. A noter que les flux de devises des Marocains résidant à l'étranger n'ont cessé d'augmenter au cours des quatre dernières années, malgré une légère baisse en 2019.
Selon les résultats d’une enquête du Haut-Commissariat au plan sur la migration internationale au cours de 2018-2019, si plus de 40% des personnes interviewées ont déclaré avoir envoyé de l’argent aux membres de leur famille ou à d’autres personnes au Maroc au cours des 12 mois précédant l’enquête, seuls 3,9% d’entre elles ont affirmé avoir réalisé des projets d’investissement au Maroc.
En détail, le HCP a indiqué que plus de 4 personnes sur 10 (42,3%) ont déclaré avoir transféré de l’argent à leur ménage. La part des hommes est significativement plus élevée que celle des femmes (respectivement 49,4% et 26,7%). Cette proportion augmente avec l’âge, passant de 18,2% pour les personnes âgées de 15 à 29 ans à 63,2% pour celles ayant 60 ans et plus.
Les migrants actuels résidant dans les nouveaux pays européens d'immigration sont plus nombreux à transférer de l’argent au Maroc avec une part de 55,3%, suivis de ceux des pays arabes (45,5%), de ceux des anciens pays européens d'immigration (32%) et de ceux des pays d’Amérique du Nord (27,1%). Les bénéficiaires de ces transferts sont en premier lieu les parents (69,9%), avec un avantage pour la mère (38,1%) par rapport au père (31,8%), suivis du conjoint (17,5%) et d’autres personnes (9,3%). La majorité (80,3%) a déclaré transférer de l’argent au Maroc plus d’une fois par an et 19,7% une seule fois par an.
Concernant les investissements, ladite enquête a révélé que seuls 3,9% de ces migrants ont déclaré avoir réalisé des projets d’investissement au Maroc. La répartition de ce taux par genre donne 3,4% aux hommes et 1,8% aux femmes. Cette proportion augmente avec l’âge, passant de 2,4% pour ceux âgés de 30 à 39 ans à 3,8% pour les 40-49 ans, 6,7% pour les 50-59 ans et 8,2% pour les 60 ans et plus.
Les principaux secteurs d’investissement sont l’immobilier avec une part de 40,7%, l'agriculture (19,0%), la construction (16,6%), le commerce (5,5%), la restauration et les cafés (4,5%) et les autres services (6%). Les raisons qui freinent les investissements des MRE dans leur pays d’origine sont liées notamment au manque ou à l’insuffisance de capital (38,9%), aux procédures administratives compliquées (14%), au faible appui financier ou manque d’incitations fiscales (8,6%), à la corruption et au favoritisme (7,5%) et à leur faible expérience et formation (5,5%).
Hassan Bentaleb