
Peut-on ne serait ce qu’un instant durant imaginer un enfant tué par des hommes lourdement armés, pour un dessin représentant ce ciel splendide, si beau, si mystérieux... dans sa petite salle à école maternelle?...
Ce sont de grands enfants qui ont été victimes de la bêtise mortelle des hommes. Une bêtise qui a pour nom LA TERREUR. Un sentiment qui se traduit par la peur de penser, de dire, d’être, d’exister en tant qu’être pensant, libre. Des millions de personnes sont sorties dans les rues afin de tenter de braver cette peur en France et un peu partout dans le monde. L’union face à la terreur…C’est beau. C’est grand. C’est rassurant. Quand notre humanité s’exprime, comme Brel l’on a envie de dire que « dans les yeux d’un ami, je regarde ce qu’il y a de plus beau, de plus chaud et de plus tendre aussi »…La peur disparaît et le temps d’un week end ou un peu plus…et l’on croit dur comme fer à cette paix perpétuelle…de Kant (encore). Le bonheur se dit-on est là : Jaurès aurait été heureux parce que le pacifisme aurait gagné le cœur des hommes.
Hélas, le monde d’aujourd’hui. Celui de l’immédiateté, de l’urgence, de l’absence redoutable de recul des médias d’infos en continu et « sociaux », ne nous permet plus de donner du temps au temps. De raisonner. Pour les inconditionnels de l’excellent oncle Bernard, de Wolinski, de Cabu, Tignous…Charb et leurs collègues qui ont survécu, Pelloux, Luz, Willem et bien entendu, l’ancien patron de Charlie, Philippe Val, le choc est terrible. Douloureux. Parce que ces artistes tombés dans une rédaction au cœur de Paris, sont irremplaçables. Ils sont, « Ces pendules » que Wystan Hugh Auden veut arrêter dans son sublime poème « When love means never having to say I Do »…
Ils ont été froidement et lâchement assassinés parce qu’ils dessinaient le monde en le caricaturant !... Cela s’appelle du terrorisme. Et rien d’autre. Que l’on aime ou non la caricature. Que l’on aime ou non Charlie Hebdo. Le terrorisme est une plaie. Un immondice. Condamner. Toujours condamner avec force.