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Focus sur les propositions concrètes de l’USFP
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Réunion de l’Institution des secrétaires régionaux et provinciaux et session du Conseil national de l’USFP
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Réunion de l’Institution des secrétaires régionaux et provinciaux et session ordinaire du Conseil national du parti
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Le Premier secrétaire reçoit des délégations socialistes et social-démocrates du Mexique, de la Biélorussie et du Venezuela
Au cours d’une session tenue samedi dernier au siège central du parti à Rabat, le Conseil national a également approuvé la proposition du Bureau politique présentée par le Premier secrétaire Driss Lachguar, qui prévoit la création de onze sous-commissions émanant de la commission préparatoire, à savoir « la commission politique, la commission des statuts et règlements, la commission de préparation matérielle et logistique, la commission des questions de la jeunesse et des sports, la commission des questions féminines, la commission des Marocains du monde, la commission des médias du parti, la commission de l'administration, la commission culturelle, la commission des relations extérieures et la commission économique et sociale ».
Après la fin des travaux du Conseil national, la première réunion de la commission préparatoire, qui comprend tous les membres du Conseil national, a eu lieu. Lors de cette réunion, Youssef Aidi a été élu président de ladite commission et Omar Benayach rapporteur. Par la suite, la commission a procédé à la formation et à la restructuration de ses sous-commissions.
Dans le rapport du Bureau politique présenté devant les membres du Conseil national, le Premier secrétaire de l’USFP a tiré la sonnette d’alarme sur la situation actuelle de la vie politique au Maroc.
Il a déploré un "recul alarmant" du processus démocratique, imputé à l’"hégémonisme gouvernemental", lequel a sérieusement compromis les acquis constitutionnels de 2011, entraînant un déséquilibre majeur dans l’architecture institutionnelle du pays.
Driss Lachguar a rappelé que l’USFP a alerté dès le début du mandat gouvernemental actuel sur les risques de cet hégémonisme, appelant à un respect strict des dispositions constitutionnelles garantissant l’équilibre entre les institutions.
Il a dénoncé une attitude «prédominante et arrogante» de l’exécutif vis-à-vis des autres institutions, une tendance inquiétante qui, selon lui, sape les fondements mêmes de la démocratie marocaine.
Il a aussi rappelé que ce phénomène ne date pas du gouvernement en place, mais remonte aux élections de 2011, marquant l’ascension d’un courant conservateur qui a progressivement réduit les prérogatives du Parlement, allant jusqu’à restreindre la liberté de parole, non seulement en séance plénière mais aussi au sein des commissions parlementaires.
Driss Lachguar a défendu le dépôt d’une motion de censure comme un acte nécessaire pour «réanimer une démocratie malade», considérant que cette démarche a pour but d’obliger le chef du gouvernement à rendre des comptes. Il a également justifié le soutien de l’USFP à l’initiative de création d’une commission d’enquête sur les subventions gouvernementales destinées à l’importation de bétail, malgré les fausses informations qui ont circulé selon lesquelles l’USFP s’y serait opposé.
Dans le rapport politique qu’il a présenté, Driss Lachguar a accusé les composantes de la majorité gouvernementale, tant au niveau central que local, d’exercer un hégémonisme en s’appuyant sur leur supériorité numérique, malgré leurs divergences d’intérêts et d’orientations. Cet hégémonisme, loin d'améliorer la gouvernance, a provoqué des blocages institutionnels dans plusieurs conseils, nécessitant souvent l’intervention des autorités administratives pour gérer les conflits internes de la majorité.
Il a également pointé du doigt des pratiques électorales douteuses lors des élections partielles, où les institutions ont été instrumentalisées pour renforcer la position des partis de la majorité, au détriment de l’opposition. Une dérive qui fait craindre, selon Driss Lachguar, la dominance de la logique d’un parti unique, composé de trois formations.
Le rapport a également critiqué l’inertie du gouvernement face aux demandes répétées de l’USFP d’ouvrir un débat sur la réforme du code électoral, à l’approche des élections de 2026. Driss Lachguar a accusé l’exécutif de laxisme et de retard préjudiciable, en ne lançant pas les chantiers nécessaires pour revoir la représentation politique et garantir des institutions élues crédibles, capables de réconcilier les citoyens avec la gestion de la chose publique.
L’USFP a, par ailleurs, appelé à interdire l’usage abusif des ressources de l’Etat – véhicules, équipements publics – à des fins partisanes pendant les campagnes électorales, et à repenser le cadre juridique des Chambres professionnelles, souvent marginalisées dans le processus de développement.
En ce qui concerne la politique étrangère, l’USFP s’est félicité des acquis diplomatiques réalisés, mettant en exergue sa participation active à divers événements internationaux et régionaux. Le rapport du Bureau politique a aussi salué les avancées obtenues sur le dossier du Sahara marocain, à la lumière des positions favorables exprimées par des pays comme les Etats-Unis, l’Espagne et la France.
Concernant la guerre à Gaza, le rapport politique a évoqué un drame humanitaire insoutenable, exacerbé depuis 2023. Driss Lachguar a réitéré l’engagement de l’USFP à mobiliser l’opinion publique internationale pour la paix et la liberté, rappelant que la question palestinienne est une cause nationale pour le parti de la Rose, tout en soulignant que les décisions sur cette question doivent rester entre les mains du peuple palestinien lui-même.
Au début de cette session, le président du Conseil national, Habib El Malki, a mis l’accent sur le contexte dans lequel se tient la parlement du parti de la Rose.
« Que ce soit à la lumière du contexte régional et international, ou compte tenu de la conjoncture politique nationale et de ses prochaines échéances, nous ressentons tous aujourd’hui que nos responsabilités sont plus lourdes et plus importantes que jamais. Elles nous imposent de mobiliser notre intelligence collective et de mettre en œuvre nos capacités pour se diriger vers l’avenir, dans un contexte d’instabilité géopolitique et de secousses profondes qui caractérisent notre monde actuel », a-t-il assuré. Et d’enchaîner : « A cela s’ajoutent la révolution numérique et l’essor fulgurant de l’intelligence artificielle, qui rendent urgente la révision de nombreux concepts, positions et modes de pensée, jusque-là considérés comme des certitudes dans l’exercice politique de notre pays ».
Selon Habib El Malki, le monde est entré dans une nouvelle ère qui « nous interpelle avec force sur notre capacité à comprendre, analyser et proposer des alternatives face à ces mutations. Plus que jamais, il devient nécessaire de faire une pause pour réfléchir et anticiper les contours du présent et de l’avenir. Cela implique également de réviser nos outils de travail, de réflexion, de communication et d’interaction avec la société, afin de devenir une force agissante et largement implantée, à même de contribuer au progrès politique, économique, social et culturel du peuple marocain ».
Il a également rappelé les données issues du recensement général de la population et de l’habitat de 2024 indiquant que le Maroc s’apprête à connaître des transformations profondes en matière de structure démographique et de sa répartition selon les tranches d’âge et les régions. Cela génère, d’après lui, de nouveaux besoins et pose plusieurs défis à la dynamique de croissance et au développement social.
Parmi les plus grands défis figurent ceux liés aux changements dans la structure de la population active et au vieillissement croissant à venir. « Cela nous impose d’adopter des approches innovantes et anticipatives, non seulement pour gérer le marché du travail et ses équilibres, mais aussi pour repenser le système national d’éducation, de formation, de santé et de protection sociale », a-t-il soutenu.
Et le président du Conseil national de souligner qu’il faut également élargir les opportunités économiques, développer des infrastructures durables, produire de nouvelles ressources pour financer les chantiers en cours, et établir une nouvelle politique publique de rationalisation des dépenses, plus efficace et audacieuse, pour faire face aux défis de développement croissants, au premier rang desquels figurent les inégalités sociales et économiques flagrantes, ainsi que la pression sur les infrastructures et les services publics.
« Nous espérons que les élections de 2026 marqueront le début d’une nouvelle phase », a-t-il souhaité, tout en appelant le gouvernement, les partis et les autres institutions, à engager une réflexion collective, un dialogue large et approfondi, à la lumière des grandes mutations et transformations en cours, ainsi que de la crise des valeurs et des comportements, pour relire, questionner et évaluer la situation actuelle.
Selon lui, cette réflexion aura pour but d’« élaborer des réponses efficaces afin de renforcer les institutions, consolider le choix démocratique, et mobiliser les citoyennes et citoyens à participer massivement et en toute conscience à la construction desdites institutions, à ancrer leur présence, et à faire face aux dysfonctionnements et à la corruption à travers une nouvelle génération de réformes et la mise en œuvre réelle et constructive de la Constitution marocaine ».
Par Mourad Tabet