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Sahara marocain. Une diplomatie Royale agissante et proactive
Reprise de la coopération
Et les signes de cette coopération sont déjà là. En effet, le nombre d’entrées irrégulières a drastiquement chuté, précisément dès le mois de mars dernier, au cours duquel l'Espagne a changé sa position concernant le Sahara marocain en considérant l’initiative marocaine d’autonomie comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution de ce conflit.
Selon des statistiques du ministère espagnol de l’Intérieur relayées par le site d’information La Vanguardia, les arrivées des migrants irréguliers aux Iles Canaries ont chuté à 375 personnes alors que les mois de janvier et février derniers ont enregistré respectivement 3.194 et 2.302 migrants. La même source a indiqué que les arrivées des migrants irréguliers en Espagne ont atteint, jusqu'au 28 février dernier, 7.319 personnes dont une grande majorité de Marocains qui étaient entrés lors des deux premiers mois de l'année en cours contre 4.226 entrées enregistrées sur la même période au cours de l’année précédente, soit une hausse de 73%. Des hausses qui ont été observées particulièrement au niveau de la route migratoire canarienne, où 5.496 migrants ont débarqué sur les côtes des îles, soit une hausse de 134% par rapport à l’année dernière.
D’après des sources policières espagnoles, sur dix migrants irréguliers arrivés en Espagne ces derniers mois, neuf viennent du Maroc.
La réactivation de la coopération hispano-marocaine dans le domaine de la migration va permettre à Madrid de reprendre les opérations de rapatriement des migrants, suspendues depuis avril de l'année dernière, lorsque Rabat a fermé ses frontières en raison de la situation générée par le Covid-19. L’Espagne a déjà annoncé que des vols de rapatriement des migrants irréguliers vers le Maroc devaient reprendre mardi dernier.
Un sujet si fondamental
Une source citée par La Vanguardia et présentée comme bien informée a confié que « la gestion des flux migratoires et le contrôle des frontières ont été l'une des pierres angulaires de l'accord qui a conduit l'Espagne à changer de position ». Selon elle, « l'Espagne dépend du Maroc pour la gestion du dossier migration » et « il était donc urgent que tous les canaux de dialogue entre les deux pays soient pleinement opérationnels ».
Même son de cloche de la part d’une autre source gouvernementale qui a indiqué que « le contrôle de l'immigration a été la clé du changement de position de l'Espagne » en assurant que « ce sujet a été au centre des négociations entre Rabat et Madrid ». A ce propos, cette source a confié que « ce sujet a été si fondamental que pendant tout le temps où toutes les lignes de communication entre Madrid et Rabat ont été rompues, une seule est restée intacte, à savoir celle entre le ministre de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska et son homologue, Abdelouafi Laftit ».
Abdellah Rami, chercheur au Centre marocain des sciences sociales, Université Hassan II (Casablanca), soutient, de son côté, que le facteur guerre en Ukraine a été décisif dans l’accélération du changement de la position espagnole. Selon lui, la guerre a donné lieu à un grand défi pour les décideurs européens, à savoir le déplacement de millions de réfugiés.
Dans une édition précédente de Libé, ce chercheur a indiqué que ce dossier constitue actuellement l’une des préoccupations majeures de l’UE et représente l’un des grands défis à gérer lors des années à venir. «La prise de décision espagnole s’inscrit dans ce contexte et elle a été conçue en coordination avec l’UE. Et c’est cette dernière qui a poussé Madrid à agir de la sorte.
En effet, la question de la migration représente aujourd’hui une menace existentielle pour l’Europe, notamment avec la crise ukrainienne, la première d’une telle ampleur après la Deuxième Guerre mondiale», nous a-t-il précisé. Et de poursuivre : «Donc, il y a un contexte particulier qui a permis l’accélération du passage de la réflexion à la prise de décision pour l’Espagne. Madrid veut mettre fin à ses crises aux frontières pour se concentrer sur le dossier ukrainien, d’autant qu’elle joue un rôle de premier plan dans cette crise aux côtés de la France et de l’Allemagne ».
Vers plus de coopération
La coopération dans le domaine de la migration entre les deux pays sera marquée également par l’entrée en vigueur le 30 avril courant de l’accord entre l'Espagne et le Maroc sur la coopération en matière de sécurité et de lutte contre la criminalité, en particulier le terrorisme, la traite d’êtres humains et l'immigration irrégulière.
Signé à Rabat le 13 février 2019 par les ministres de l'Intérieur des deux pays, cet accord porte sur l'échange d'informations et la fourniture d'une assistance dans l'activité opérationnelle des enquêtes.
Publié jeudi dans le BOE, cet accord précise que chaque pays peut rejeter en tout ou en partie ou mettre des conditions à la demande d'aide ou d'information s'il considère qu'elle représente une menace pour sa souveraineté ou sa sécurité ou qu'elle est en contradiction avec les principes fondamentaux de son ordre juridique ou avec d'autres intérêts essentiels.
Pour une partie d’experts et officiers supérieurs de la police et au sein même de la Guardia civil, ledit changement de position de la politique étrangère espagnole a permis de «débloquer certains problèmes de coopération entre les services de police des deux pays, en suspens depuis maintenant deux ans », a rapporté la station de radiodiffusion Cadena SER. Plus précisément, il s’agit des problèmes liés à « la pression migratoire » et « aux réseaux criminels actifs dans le domaine du trafic de drogue » qui constituent deux sujets sérieux pour l’Espagne.
La police et la Guardia civil s'accordent à dire que le réchauffement des relations diplomatiques engendra des « rapports stables » entre les deux pays et conduira le Maroc à s’engager fermement dans la lutte contre l'immigration irrégulière.
Hassan Bentaleb