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Boeing et Airbus peinent à respecter les délais de livraison des avions


Libé
Lundi 26 Février 2024

Les constructeurs aéronautiques Boeing et Airbus, qui ont engrangé des milliards de dollars de commandes cette semaine au salon aéronautique de Singapour, pourraient se retrouver dans l'incapacité de respecter les délais de livraison en raison de problèmes au niveau des chaînes d'approvisionnement, selon des analystes.

Les constructeurs accusent déjà du retard faute de pièces détachées et de main-d’œuvre, suite au dur impact sur le secteur de la pandémie de Covid. Des moteurs aux ceintures de sécurité en passant par le câblage et les vis, un avion nécessite des millions de pièces provenant de milliers de fournisseurs à travers le monde.

Parmi les principaux contrats annoncés lors du plus grand salon aéronautique d'Asie, qui se termine dimanche, figure une commande de 45 Boeing 787 Dreamliners par Thai Airways, dont Royal Brunei a également acheté quatre exemplaires. Le géant européen Airbus a signé de son côté un accord de principe avec la compagnie vietnamienne Vietjet Air portant sur 20 avions gros-porteurs A330- 900, pour de premières livraisons en 2026.

Honorer ces contrats dans les délais impartis s'annonce compliqué et les constructeurs pourraient avoir fait montre d'un peu trop d'optimisme. Selon le spécialiste de l'aéronautique Shukor Yusof, Boeing et Airbus ont déjà indiqué que certains de leurs modèles les plus prisés ne seront pas disponibles avant 2030.

"Les nouvelles commandes auront du mal à être livrées en raison des pénuries persistantes de main-d’œuvre et de matières premières, des problèmes de logistique et des coûts de l'énergie", explique M. Shukor, fondateur du cabinet de conseil Endau Analytics. "Il sera très difficile d'augmenter les cadences de production. Cela ne sont pas des téléphones portables", ajoute-t-il.

Pour les compagnies aériennes, des retards de livraison se traduisent par une offre moins importante de sièges et la nécessité de faire voler des avions plus anciens et moins économes en carburant, ce qui pourrait peser sur leurs bénéfices, estime cet expert. Les problèmes au niveau de la chaîne d'approvisionnement ont été causés en grande partie par la pandémie. Les restrictions et les fermetures des frontières ont affecté les expéditions de matières premières.

La guerre en Ukraine a perturbé de son côté l'approvisionnement en pétrole et provoqué une hausse des coûts des biens et services dans le monde. Avec la fin de la pandémie, le trafic aérien a repris de plus belle, fabricants, compagnies aériennes, aéroports et fournisseurs tentant de suivre le rythme. La chaîne d'approvisionnement "est devenue un goulot d'étranglement majeur", estime Brendan Sobie, analyste au sein de la société de conseil indépendante Sobie Aviation.

En raison d'une pénurie de pièces détachées, les avions passent plus de temps en attente de maintenance, tandis que des appareils ont été cloués au sol pour des problèmes de moteurs, ajoute-t-il. Pour chaque 787 Dreamliner, Boeing a besoin d'environ 2,3 millions de pièces, dont certaines sont fabriquées par le géant américain mais d'autres proviennent de fournisseurs du monde entier, selon son site internet. Airbus a pour sa part des milliers de fournisseurs directs et indirects dans plus une centaine de pays.

Willie Walsh, directeur général de l'Association du transport aérien international (IATA), a estimé lors d'un séminaire organisé avant le salon que les problèmes liés à la chaîne d'approvisionnement pourraient "perdurer quelques années". A cela s'ajoute une pénurie de main-d’œuvre tout aussi problématique. Boeing a estimé l'an dernier que le secteur aurait besoin de 649.000 pilotes, 690.000 techniciens de maintenance et 938.000 membres d'équipage ces 20 prochaines années.

Pour M. Shukor, certaines compagnies qui avaient licencié des pilotes pendant la pandémie ont du mal à recruter tandis que les constructeurs peinent à trouver des mécaniciens et techniciens spécialisés en aéronautique. Un certain nombre "n'a plus envie de revenir" dans ce secteur, soumis à la conjoncture, le Covid ayant montré que leurs emplois n'étaient pas sûrs. "Il n'a jamais été aussi difficile de faire voler une flotte", a assuré à l'AFP le directeur général de la compagnie philippine Cebu Pacific, Michael Szucs.


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