Ces deux procédures témoignent de la qualité de surveillance imposée par les services compétents à tout ce que les Marocains d’ici produisent comme contenu éditorial sur la Toile.
Elles nous rappellent également que Toile et Droit ont noué au Maroc des relations conflictuelles et contradictoires dès l’origine. Ceci d’autant plus qu’Internet n’est pas seulement une technologie permettant à des ordinateurs du monde entier de dialoguer, ni un simple média nouveau, plus sophistiqué que notre vieille TV, ni même un gadget générationnel. Il est, en réalité, un espace nouveau de sociabilités humaines, mondialisé, accessible par l’ordinateur, la TV ou le mobile, et dans lequel les individus ou les entreprises peuvent quasiment tout faire : se rencontrer, travailler, commercer, se divertir …
A travers leurs blogs ou leur appartenance à des réseaux sociaux de type Facebook, Myspace … ces derniers se décrivent, font état de leurs activités et passions, diffusent des photos… Une mise en scène personnelle qui les conduit parfois à indiquer en temps réel ce qu’ils font ou ce qu’ils pensent sans prendre de gants.
Il n’est dès lors pas étonnant que la question du Droit se pose de manière inédite dans cet univers. Or, au Maroc, nulle réflexion n’a encore été initiée par le législateur pour se mettre au diapason de cette situation. Aussi, est-ce dans les anciens textes qui ont corseté la liberté de l’expression imprimée que les tribunaux sont obligés de puiser pour prononcer leurs jugements, et ce sans prendre compte, parfois, des différences majeures entre la Planète Gutenberg et le Cyberespace.