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Avec ou sans Trump, des Américains mènent leur petite révolution climatique


Vendredi 20 Septembre 2019

Avec ou sans Trump, des Américains mènent leur petite révolution climatique
Le climatologue californien Peter Kalmus n'a plus pris l'avion depuis un affreux voyage en 2012, quand il assure s'être senti physiquement mal. Il a eu l'impression de "voler" l'avenir de ses enfants. Il a juré de ne plus recommencer.
Aux Etats-Unis, le président Donald Trump ne cache pas son dédain pour la science du climat, mais cela n'empêche pas des Américains ordinaires de mener leur propre petite révolution climatique et de réduire d'eux-mêmes leur empreinte carbone.
C'est quand il était en post-doctorat que Peter Kalmus a commencé à prendre conscience de la dégradation du climat, de la fonte des glaces et du réchauffement de la planète.
"Je secouais tout le monde, j'écrivais sans cesse sur Facebook, mais ça ne servait pas à grand-chose", raconte-t-il à l'AFP depuis chez lui, en banlieue de Los Angeles. "Et puis je me suis dit que je devais peut-être aligner mes actes et mes convictions".
Ce spécialiste du climat a donc calculé ses propres émissions de gaz à effet de serre. Il a découvert que sa consommation d'électricité ne représentait rien par rapport aux émissions liées à ses voyages en avion.
"J'ai donc commencé à voyager moins. J'ai aussi essayé le végétarisme pendant un mois, et cela m'a plu", explique-t-il. Tout cela sans avoir le sentiment de sacrifier sa qualité de vie.
D'autres Américains sont plus extrêmes, comme Tarek Maassarani, militant associatif qui donne quelques cours dans deux universités de Washington.
Il n'a plus de logement depuis deux ans (auparavant il habitait une communauté de Takoma Park, en banlieue) et vit chez divers amis. Il s'est débarrassé de 90% de ses biens, et se déplace presque exclusivement en vélo, y compris pendant l'hiver redoutable dans cette partie des Etats-Unis.
Bien sûr, il n'achète plus de produits neufs, préférant la récupération. "Et je prolonge la vie des objets au-delà de ce que la plupart des gens acceptent", dit Tarek, 40 ans, petites lunettes et cheveux longs. Ainsi de son téléphone portable ou de son vieil ordinateur.
Sa nourriture, il va littéralement la pêcher dans les poubelles, où il récupère les restes des buffets des conférences auxquelles il participe.
"Je n'achète pas de produits venant des animaux, je ne veux pas créer de demande", dit-il. Mais si ce végan voit des restes de viande, dans une poubelle ou sur une table, il la prend. "Je trouve cela horrible qu'on tue des animaux pour qu'ils finissent à la poubelle".
Il est conscient que son mode de vie dépend de la "société de consommation excessive" dans laquelle il vit. Mais, dit-il, si les gens avaient moins consommé depuis des décennies, "on n'en serait pas là".
Le spectre des comportements est vaste dans la banlieue de Washington, comme l'illustre la vie d'Elizabeth Hogan, qui a choisi une voie plus graduelle pour réduire son empreinte carbone.
Elle est consultante pour des ONG environnementales, spécialiste de la pollution plastique des océans.
Cet été, elle et son mari ont installé des panneaux solaires sur le toit de leur maison -- de quoi fournir 80% des besoins énergétiques de sa famille. Les 20% restants proviendront d'éoliennes, via leur opérateur électrique, moyennant une surcharge.
"Toutes nos carrières et nos vies tournent autour de la planète, mais je ne suis pas parfaite", dit Elizabeth. Elle continue à utiliser sa vieille voiture, et à voyager en avion pour le travail.
Elle adore le fromage et n'est donc que végétarienne, et non végane, mais au moins ses produits laitiers viennent-ils d'une ferme locale, qui livre dans des bouteilles en verre réutilisées à chaque fois.
A quoi servent ces petits pas, face à la politique de recul environnemental menée par le gouvernement américain?
"Si tout le monde s'est réveillé c'est parce que depuis un an ou deux, il y a une vraie révolution populaire", dit Peter Kalmus, qui a écrit un livre sur son expérience.
La révolution est communicative, dit-il, au fur et à mesure que les gens expliquent aux autres comment ils ont changé leur propre comportement. "Quand on leur dit qu'il y a une véritable urgence, nos paroles sont vraiment ancrées dans la vérité de nos actes".


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