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Si l'insécurité croissante liée aux attaques jihadistes presque quotidiennes au Burkina est à l'origine du mécontentement populaire, le ras-le-bol social a également joué un rôle dans l'éviction de M. Kaboré.
Rassemblés à la Bourse du travail, jeudi matin, les agents d'entretien de la capitale burkinabè sont nombreux à se réjouir de la prise de pouvoir de la junte militaire survenue lundi.
"L'ancien président ne voulait pas que les ouvriers mangent. On est heureux qu'ils l'aient chassé", assure Assami Ouedraogo, un jardinier de la ville.
"C'est une bonne nouvelle pour nous, le pays va mal", renchérit Niamba Azara, une balayeuse de la capitale.
Tous expliquent qu'ils ne touchent plus rien de la mairie depuis février 2021.
Pour ces manifestants, les responsables sont tant le maire de Ouagadougou, Armand Béouindé, que le chef de l'Etat renversé dont il est proche.
Du côté de la mairie, une source répond qu'il s'agit de travailleurs journaliers qui n'ont jamais été embauchés durablement sous contrat et qui ont dû être remplacés après une grève illimitée.
A la Bourse du travail, Ismaël Ouedraogo soupire. Le septuagénaire travaille depuis 16 ans à la collecte des déchets de "Ouaga".
"On nous a traités comme des esclaves, des prisonniers qui travaillent sans être payés. Je n'ai jamais été déclaré, jamais eu de retraite, de congés et maintenant même plus de salaire. Notre retraite, c'est la mort! ", explique t-il à l'AFP.
"Que veulent-ils? Qu'on devienne des bandits? Des jihadistes?", poursuit-il.
Selon les centrales syndicales, le salaire minimum est toujours bloqué autour de 31.000 francs mensuels (46 euros) depuis 2008.
"Les actions d'éclat de ces ouvriers ont fait naître dans la population de Ouagadougou un sentiment de frustration et de colère. Avec le putsch, les militaires ont parachevé le travail. On ne peut pas museler une population dans la misère et la souffrance", assure le responsable syndical Banogo Noufé.
"Il y a un fossé entre la base et le sommet qui n'a pas su trouver de réponse appropriée. Le train de vie de l'Etat, des faits de corruption dénoncés qui n'aboutissent pas... la population n'a pas vu d'efforts faits par les autorités", explique Abdoulaye Tao, directeur de la publication de l'Economiste du Faso.
"Il ne faut pas oublier que le pays sort d'une insurrection (en 2014), puis un putsch manqué (en 2015), et quand on a eu les élections en 2015, il y a eu les premières attaques terroristes et enfin la crise Covid", ajoute-t-il pour expliquer les difficultés de l'économie burkinabè.
Quelque 40% de la population vit aujourd'hui sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale et le Burkina Faso est classé 182e sur 189 sur l'indice de développement humain du Programme des Nations unies pour le développment (PNUD).
Et la crise du Covid a fait augmenter les prix de certains produits dans ce pays enclavé, très dépendant du commerce international.
Saluée par une grande partie de la population, l'arrivée de la junte militaire au pouvoir pourrait toutefois aggraver à court terme la situation si la Communauté des Etats d'Afrique de l'ouest (Cédéao) venait à sanctionner le Burkina comme elle l'a fait avec la Guinée ou le Mali.
"Ce serait une catastrophe! 80% du trafic import-export passe par le Togo et la Côte d'Ivoire. Ce serait très difficile à supporter", s'alarme Abdoulaye Tao.