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Attendu dans le nord de Chypre, Erdogan entend rester inflexible


Libé
Lundi 19 Juillet 2021

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, se rend mardi àVarosha, ville-symbole de la division de Chypre, marquantsa volonté de rester inflexible sur une solution à deux Etats mais aussi son ambition de s'imposer en Méditerranée orientale. Depuis 1974 et l'invasion de Chypre par l'armée turque en réaction à un coup d'Etat visant à rattacher le pays à la Grèce, cette ancienne cité balnéaire fuie parses habitants chypriotes-grecs est devenue une ville-fantôme, zone militaire sous contrôle direct d'Ankara, inaccessible derrière les barbelés. Elle est située dans la République turque de Chypre du Nord (RTCN) autoproclamée en 1983 -- établie dans le tiers nord de l'île et reconnue uniquement par la Turquie -- où M. Erdogan passera en revue mardi les soldats turcs qui y sont postés par dizaines de milliers. Le président turc, dont la venue coïncide avec le 47ème anniversaire de l'invasion, "va certainement annoncerla réouverture de nouveaux pans de la ville", estime Giannis Ioannou, fondateur du groupe de réflexion Geopolitical Cyprus, en allusion à la réouverture très partielle deVarosha en octobre. "Son message est clair: (avecVarosha), il veut changer de paradigme pour les futures négociations". Or, pour le gouvernement chypriote-grec, rouvrir la ville "constitue une ligne rouge", explique l'analyste. Les tensions sont déjà fortes, alimentées par un afflux de migrantssans papiers dansla partie sud de l'île, que le gouvernement chypriote-grec considère comme un moyen de pression de la part d'Ankara. Vendredi, un navire turc a tiré des coups de semonce en direction d'un bateau des gardes-côtes chypriotes-grecs menant une opération contre l'immigration clandestine depuisla Turquie au large de la côte nord de l'île -- un incident rare qui illustre selon le gouvernement chypriote-grec le "comportement agressif" d'Ankara enversChypre. La Turquie, elle, a démenti tout tir. En avril, l'ONU a réuni, en vain, Chypriotes-grecs et Chypriotes-turcs en vue d'entamer un nouveau cycle de pourparlers. "Erdogan en a tiré la conclusion que les Chypriotes-grecs ne veulent pas la paix mais préserver un statu quo qui leur est favorable" selon lui, explique M. Ioannou. "Alors il agite en représailles la carte Varosha", ajoute-t-il. Lors de sa dernière visite àVarosha en novembre, M. Erdogan avait indiqué que "des compensations seraient payées" aux anciens habitants chypriotes-grecs pour la perte de leurs propriétés. Le président turc sait que cette proposition est inacceptable pourla majorité d'entre eux et ne l'avance que pour dénoncer ensuite leur "mauvaise volonté", estime Ahmet Sözen, un Chypriote-turc à la tête de Cyprus Policy Centre. La visite du président turc marque l'amorce d'"une période d'âpre marchandage. Erdogan veut commencer le prochain cycle de négociation en position de force, en imposant la solution à deux Etats", dit-il. Si la République de Chypre, Etat souverain membre de l'Union européenne, s'étend théoriquement sur toute l'île, son gouvernement n'exerce son autorité que sur la partie sud de l'île, séparée de la partie nord par une "ligne verte", ligne de démarcation et zone tampon surveillée par des Casques bleus de l'ONU. Peu avant la visite de M. Erdogan, l'UE a d'emblée prévenu la Turquie qu'elle "n'accepterait jamais, jamais, une solution à deux Etats". Au-delà du conflit chypriote, la venue de M. Erdogan à Varosha est scrutée pour ce qu'elle pourrait dire sur l'ambition turque de se positionner en acteur incontournable de la Méditerranée orientale, où la découverte ces dernières années de gisements gaziers a aiguisé l'appétit des pays voisins. "La Turquie se débat contre le nouveau bloc formé autour de Chypre surla problématique gazière",rappelle M. Sözen. "Elle se sent isolée et elle est prête à utilisertousles moyens pourfaire pression sur Chypre, comme Varosha", explique Kemal Baykalli, analyste chypriote-turc.


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