Asmaa Houri présente la première de sa nouvelle pièce de théâtre «Nta Houa»


Fadoua Maroub
Lundi 28 Janvier 2013

Asmaa Houri présente la première de  sa nouvelle pièce de théâtre «Nta Houa»
Comédienne et metteur en scène, Asmaa Houri a créé, en 2010, avec Rachid Bromi le théâtre Anfass. Après ‘4.48
psychose’ (adaptation d’un texte de Sarah Kane),  “Dmouâ bel khol” réalisé dans le cadre du Festival «Pas de Femmes » à Kénitra dont elle est
l’initiatrice, Asmaa Houri a présenté la
première de sa  nouvelle création  «Nta Houa» le mardi 22 janvier 2013, au Théâtre national Mohammed V.
Sur le texte, la mise
en scène et le jeu des acteurs, Asmaa Houri nous fait part de son aventure artistique.


Libé : Comment vous avez abordé le texte, sachant que c’est une adaptation de la pièce d’Ariel Dorfman « La jeune fille et la mort » ?

Asmaa Houri : Le texte final de la pièce est le résultat d’un processus de travail dramaturgique et scénique.  Rachid Bromi  a traduit  le texte en dialecte marocain en l’adaptant à l’actualité tout en proposant un ensemble de détails subtils et pertinents qui nous ont servi  pour constituer un jeu approprié à la réalité marocaine.  Il y avait aussi ce que j’ose appeler « la mise à bouche»  du texte, c’est-à-dire que  les acteurs  se familiarisent  et s’approprient leurs répliques au point de changer par exemple  la construction d’une phrase ou d’une expression  jusqu’au point de trouver la fluidité de  dire et de penser le texte.

Quels étaient les défis de la mise en scène ?

Le défi de la mise en scène fut centré partiellement sur trois axes principaux :
Le premier axe : L’atmosphère et l’ambiance kafkaïenne où baigne la pièce, le deuxième axe : le jeu parallèle et interactif  à deux plans (le devant et le fond de la scène) et aussi entre la vision périphérique (plan d’ensemble) et focale (détail). Le dernier axe, c’est l’insistance sur des actions symboliques  magnifiées partiellement par des gestes expressifs  et  poétiques contrairement à un jeu naturaliste et psychologique.  L’atmosphère froide et pâle de l’espace domine et interpelle l’acteur et le récepteur à la fois.  Elle met fortement en doute les relations humaines  et  favorise la complémentarité des contrastes par excellence : la certitude et le doute, la transparence et la sobriété,  la fragilité et la force, le profil déterminé et les ombres spectrales. C’est un huis clos qui s’ouvre sur une lecture réceptive infinie enveloppée dans une forme novatrice  non conventionnelle  porteuse de signes lisibles et touchants à la fois.  

Comment définissez-vous le jeu des acteurs ?

Nous avons expérimenté au cours des répétitions de la pièce « Nta Houa » un jeu extrêmement lié à la dynamique du mouvement et du geste afin de mettre en évidence les conflits, les variations et la transformation nuancée et subtile du jeu des trois acteurs. Nous étions moins intéressés par un jeu illustratif qui se base sur les exhibitions des états d’âme.  L’acteur ne s’identifie pas mais réfléchit et suggère comment il peut raconter son personnage et son histoire tout en tenant compte de l’ensemble des éléments scéniques proposés.  Ce qui signifie pratiquement que notre question moteur dans la dynamique du jeu  n’est pas de dire  “Qui est-ce ?”, mais “Que veut-il ?”. La première question nous plonge dans l’émotion, ce qui nous intéresse moins comme je viens de citer au début. Pour cela, nous avons opté pour  la seconde question afin d’aboutir à une dynamique réfléchie, dialectique, conflictuelle et par conséquent théâtrale.
J’avoue que les trois acteurs avec qui j’ai travaillé (Mohamed Choubi, Meryem Zaimi et Nourdine Touami) disposent d’une grande qualité d’écoute et de disponibilité professionnelle. Ils n’avaient aucune peur ou réticence d’explorer une nouvelle méthode de travail. En un mot, j’avais de la chance d’être entourée par des gens compétents qui disposent d’une sensibilité artistique très rare de nos jours : Rachid Bromi (adaptateur du texte et compositeur de musique), Abdelmajid El Houasse (scénographe et concepteur des lumières), Salah Benabdeslam (réalisateur de la scénographie) et Safia Maanaoui (costumière et accessoiriste).

Asmaa Houri présente la première de  sa nouvelle pièce de théâtre «Nta Houa»


Lu 1304 fois

Nouveau commentaire :

Votre avis nous intéresse. Cependant, Libé refusera de diffuser toute forme de message haineux, diffamatoire, calomnieux ou attentatoire à l'honneur et à la vie privée.
Seront immédiatement exclus de notre site, tous propos racistes ou xénophobes, menaces, injures ou autres incitations à la violence.
En toutes circonstances, nous vous recommandons respect et courtoisie. Merci.











Inscription à la newsletter



services