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Après 30 plongées sur le site du Titanic, la magie est toujours intacte


AFP
Mardi 10 Avril 2012

Après 30 plongées sur le site du Titanic, la magie est toujours intacte
En 1987, le Français Paul-Henry Nargeolet faisait partie de la première expédition de récupération d'objets du Titanic. Il a depuis replongé sur le site mythique une trentaine de fois, et la magie est pour lui toujours intacte.
Du site, cet ancien de l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer), aujourd'hui responsable des recherches sous-marines de RMS Titanic, connaît tous les détails.
Il raconte avec passion l'étrave, la partie avant du bateau, "la plus belle, avec ses chaînes d'ancre, les treuils qui sont encore brillants, aussi propres que si quelqu'un les avait fait reluire le matin même", le champ de débris où gisent à jamais des milliers d'objets, et la dégradation progressive d'une épave qu'il a régulièrement visitée depuis 25 ans, la dernière fois en 2010.
Que voit-on par 3.800 mètres de fond, là où repose l'épave à quelque 600 km au sud-est de l'île de Terre-Neuve (Canada) ?
"C'est le noir complet", dit-il. "On utilise des projecteurs, mais c'est un peu comme les codes d'une voiture, ça ne porte pas loin. L'eau est extrêmement froide, entre 0 et 1 degré, et il y a du courant, plus ou moins fort".
La visibilité varie. "Certains jours, on dirait qu'il neige sur l'épave", en raison de "particules qui descendent en général du Gulf Stream", explique-t-il.
Son souvenir le plus fort reste ce jour de 1987 où pour la première fois il a découvert l'épave mythique.
"Nous étions trois dans le sous-marin. Pendant dix minutes, il n'y a pas eu un mot. D'habitude, on parle beaucoup dans un sous-marin, mais là l'émotion était très forte. C'était magnifique".
"On a eu la chance d'arriver sur la partie avant, on est remonté le long de la coque, on était sûr que c'était le Titanic et on est arrivé sur l'étrave", se souvient-il.  En sombrant, le paquebot s'est cassé au moins en deux grandes parties. L'une d'elles a littéralement explosé, et tout ce qui s'y trouvait est devenu "un champ de débris, à l'est de la partie arrière".
"On voit de la vaisselle, des pièces de la machine, des chaudières, beaucoup de charbon. On a trouvé de tout, des objets très beaux, des vases, mais aussi des pièces du bateau, complètement retournées, pliées, montrant les efforts très importants sur la coque lorsqu'elle s'est cassée", raconte-t-il.
Au fil des expéditions, dont la plus longue a duré huit ou neuf semaines, quelque 5.500 objets, vaisselle, vêtements, documents, effets personnels ont été remontés, ainsi que des pièces du paquebot, désormais montrées dans des expositions.
Les moments d'émotion n'ont pas manqué, comme quand il a pu lire, dans une malle en cuir ouverte, une partition appartenant à un musicien français. La partition détrempée, quasiment intacte, a ensuite été traitée et préservée. "Nous avons aussi récupéré des lettres manuscrites, aujourd'hui lisibles", raconte l'ancien officier de la marine française.
Parmi les objets remontés - et il en reste encore des milliers selon lui au fond de l'océan - il a ses favoris: un petit arrosoir et un chérubin, jadis installé en bas de l'escalier arrière. Et les 20 tonnes d'un morceau de coque, "très difficile à remonter".
La dégradation de l'épave se poursuit inexorablement, avec des effets "de plus en plus visibles". Elle progresse dans la partie avant, qui était en meilleur état, et les dommages arrivent désormais "au niveau du grand escalier (...) les ponts s'effondrent les uns sur les autres de plus en plus".
Mais Paul-Henry Nargeolet reste fasciné par un sujet sur lequel il travaille depuis 25 ans.
"J'aime beaucoup les épaves quelles qu'elles soient. J'aime les trouver, tirer une ficelle et remonter toute une histoire" explique-t-il.
Il travaille actuellement à établir avec plusieurs chercheurs une cartographie complète en 3D de l'épave, un projet de plusieurs années désormais achevé à 85%.


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