
Pose d'explosifs, attaques de véhicules de transports en commun et de bases militaires, incendies dans les villages, vols de bétail: la multiplication depuis des mois des actes de la nébuleuse Boko Haram dans cette région du Cameroun inquiète les autorités militaires et civiles et effraie la population locale.
Lundi, d'intenses combats ont éclaté autour d'un camp militaire à Kolofata, à une dizaine de kilomètres de la frontière, opposant soldats camerounais à des centaines d'islamistes venus du Nigeria voisin. Selon le gouvernement camerounais, "143 terroristes" et un soldat ont été tués tandis qu'un important arsenal de guerre a été saisi.
Il s'agit de la première attaque d'envergure menée dans l'extrême-nord du Cameroun depuis que le chef du groupe islamiste, Abubakar Shekau, a, dans une vidéo postée début janvier sur Youtube, mis en garde le président camerounais Paul Biya.
"Paul Biya, si tu ne mets pas fin à ton plan maléfique, tu vas avoir droit au même sort que le Nigeria (...) Tes soldats ne peuvent rien contre nous", a-t-il déclaré.
Boko Haram a lancé depuis plusieurs mois une série d'attaques dans la région de l'Extrême-Nord qui partage une longue frontière avec le nord-est du Nigeria où la secte progresse à un rythme fulgurant, semant la terreur sur son passage.
Le principal axe routier du nord du Cameroun, reliant Maroua à Kousseri, poste-frontière avec le Tchad, est désormais sous le menace permanente d'attaques de Boko Haram.
Dans les zones situées près des frontières, les villageois migrent vers l'intérieur de la région, redoutant les exactions des islamistes armés.
"Ils (les islamistes) circulent tous les jours et partout (en territoire camerounais). Ils vont dans les villages, prennent les boeufs et les moutons. Ils rançonnent les gens", relate une source proche des autorités traditionnelles de la région.
"Les gens souffrent. Boko Haram circule facilement parce qu'ils disposent d'éclaireurs (camerounais) qui les renseignent", rapporte cette source, qui demande l'anonymat pour des raisons de sécurité.
Du côté du Nigeria, le groupe islamiste a pris le 3 janvier le contrôle de la ville de Baga, sur les rives du lac Tchad, où il était prévu de positionner une force multinationale chargée de le combattre.
Des jours plus tard, il est revenu raser la ville et une quinzaine de villages aux alentours, perpétrant la tuerie "la plus meurtrière" de son histoire, selon l'armée nigériane. Depuis son début en 2009, l'insurrection et sa répression ont fait pas moins de 13.000 morts.
Au Cameroun, l'attitude du Nigeria et de la communauté internationale face à la progression de Boko Haram est très critiquée.
"Les soldats nigérians désertent leurs positions en abandonnant leurs armes. C’est avec leurs armes que nous sommes attaqués", accuse le responsable militaire camerounais.
"L'ONU a condamné la situation dans l'extrême-nord du Cameroun, mais elle ne doit pas se contenter d'une simple condamnation. Elle doit agir", demande cet officier.