
Alexis Tsipras, patron du parti anti-austérité Syriza promis par les sondages à la victoire dimanche aux législatives en Grèce, a fait du chemin depuis ses jeunes années communistes, même s'il en garde un dédain pour les cravates et une tendresse pour Che Guevara.
A 40 ans, il pourrait devenir le plus jeune Premier ministre grec depuis 150 ans et porte l'espoir de la gauche européenne antilibérale dont nombre de représentants ont fait le voyage à Athènes ces jours-ci dans l'espoir d'assister au succès de leur champion.
Pour Tsipras, la victoire ne fait aucun doute et il se projetait déjà, lors de son dernier meeting athénien jeudi, dans la peau d'un chef de gouvernement disant avoir "pleinement conscience qu'à partir de lundi, nous entreprendrons une tâche difficile".
S'il n'est pas issu d'une dynastie politique, à la différence de nombreuses personnalités grecques, il a pris tôt le goût du militantisme.
La Grèce l'a découvert représentant un mouvement lycéen sur un plateau de télévision en 1990, lançant du haut de ses 17 ans: "On veut avoir le droit de choisir quand on va en cours".
Il a conservé son visage juvénile, son admiration pour Che Guevara lui a fait prénommer un de ses fils Orphée-Ernesto, mais il a aplati la houppette de Tintin qui l'a accompagné longtemps après la fin de ses études à l'Ecole polytechnique d'Athènes où il a obtenu un diplôme d'ingénieur civil.
Foyer traditionnel de contestation étudiante, cette école fut le théâtre d'une répression sanglante de la dictature des colonels (1967-74). Tsipras est né à Athènes en juillet 1974, quelques jours après la chute de la junte .
A 33 ans, il est élu président d’une formation qui devient la même année, en 2008, une coalition de plusieurs organisations et partis de gauche, sous le nom de Syriza qui ne dépassait pas 4,6% des voix aux législatives de 2009.
En trois ans, le score électoral de Syriza est multiplié par cinq. Deuxième aux législatives de 2012, derrière la Nouvelle Démocratie d'Antonis Samaras (droite), le parti arrive en tête des élections européennes du printemps dernier.
La priorité de Tsipras est la renégociation avec l'UE et le FMI d'une grande partie de la dette publique (175% du PIB) pour promouvoir la reprise et mettre un terme à l'austérité, ce qui inquiète les créanciers et les marchés.
Discret sur sa vie privée, il vit en concubinage, dans un pays aux moeurs conservatrices, et est père de deux enfants.