L’homme silencieux du cinéma marocain est mort. A 72 ans, le réalisateur et scénariste Ahmed Bouanani tire sa révérence. L’auteur de l’un des plus beaux films marocains « Mirage » (Assarab) qui vient de décéder dimanche à Demnat, a été inhumé le même jour dans cette même ville. Né en 1938 à Casablanca, l’homme silencieux du cinéma national a accompagné le cinéma marocain dans toutes les étapes lumineuses. Lui qui fait partie des jeunes lauréats de l’Institut des hautes études cinématographiques à Paris (IDHEC), a d’abord contribué, notamment en tant que monteur, à la vague des courts-métrages des années 60, produits par le Centre cinématographique marocain où il était un fonctionnaire depuis 1965 (l’âge d’or du CCM). Avec ses collègues de l’IDHEC, ils fondent le collectif Sigma 3 (avec Tazi, Bennani et Sekkat). Il participe également, comme monteur et scénariste, dans la première expérience fictionnelle du cinéma marocain à travers « Wachma » (Traces) réalisé par Hamid Bennani. En 1979, il réalise son seul film, un long métrage, qui constitue selon beaucoup de critiques et cinéphiles de l’époque, une date remarquable dans le cinéma marocain : Mirage (1979). Ce film considéré comme un second élan pour le cinéma marocain a remporté quatre prix lors du premier Festival national de Rabat en 1982 : Prix du meilleur dialogue, Prix du meilleur décor, Prix du meilleur rôle masculin (Mohamed Habachi) et Prix de la presse.
Il a souvent aidé les jeunes réalisateurs à entamer leurs carrières. C’est ainsi qu’il a prêté main forte à Daoued Oulad Sayed, en lui servant de scénariste dans ses films Oud Rih (cheval de vent), By by Swirti (Adieu forain) et son court-métrage « L’oued ». Avec Oulad Sayed, il publie également, en 2000, un livre de poèmes et photographies : « Territoires de l’instant ».
Membre du comité de rédaction d’Anfass, Ahmed Bouanani a été également un poète francophone reconnu. Il a ainsi publié deux recueils poétiques « Perviennes » et « Photogramme », en plus d’un roman intitulé « Hôpital ». Depuis sa retraite du CCM en 1998, il s’est installé à Demnat, où il avait écrit une vingtaine de scénarii, dont un seul a été adapté pour la télévision par Abderrahman Tazi à travers le téléfilm « Une autre vie ».