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Disparu prématurément il y a vingt ans
ce grand poète
marocain a su éclairer
le quotidien d'une
lumière neuve
Né en 1960, Ahmed Barakat a dû interrompre ses études universitaires pour travailler comme journaliste au quotidien arabophone “Bayane Alyaoum”. En 1991, son premier recueil de poèmes “Jamais je n’aiderai le tremblement de terre” est couronné par l’Union des écrivains du Maroc. Quant à son deuxième recueil, “Cahiers de l’égarement”, publié à titre posthume, il comporte des poèmes concis et sans artifices, écrits dans l’urgence, par un poète pressé par la maladie.
Jamal Agadiri, qui a connu Ahmed Barakat, relate, dans un article publié par notre confrère Al Ittihad Al Ichtiraki, l’une de ses rencontres avec ce poète profondément influencé par la poésie des Indiens d’Amérique, mais aussi par l’Irakien Sargon Boulos: “J’avais rencontré Ahmed Barakat à Salé. Ensemble, nous avons flâné dans les ruelles humides de cette ville. Il parlait avec véhémence. Sa voix résonnait dans la nuit. On aurait dit qu’il était en pleine confrontation créatrice avec soi-même. Par la suite, je me suis aperçu que ses textes exquis offraient un frisson existentiel, et témoignaient d’une longue recherche poétique”.
Le poète et critique Nabil Manser souligne, quant à lui, que l’expérience poétique d’Ahmed Barakat est “tout imprégnée d’une violence intérieure, émanant des profondeurs de l’âme. Ce poète, qui a su intensifier sa perception du temps poétique, avait bien assimilé, en fait, la leçon de Rimbaud”.
Notons au passage que certains textes de notre poète ont été admirablement traduits en français, par Mohammed Saâd Eddine Elyamani, et publiés dans la Revue Noire, en décembre 1995.
Quant à ses recueils de poèmes, ils viennent d’être réédités, en un seul volume, par le ministère de la Culture. Un bel hommage rendu à ce poète de génie, qui “suggérait la magie d’exister”, comme l’a si bien écrit Salim Jay, dans son “Dictionnaire des écrivains marocains”.
Signalons enfin que les promeneurs du quartier Maârif de Casablanca, peuvent aussi emprunter une rue qui porte, depuis plusieurs années déjà, le nom de ce poète, disparu à l’âge de 34 ans.
Extrait
Qui-es tu?
Que faire de toi?
Ces insectes calcaires qui quittent les fissures du temps
Et se répandent dans toutes les directions
Est-ce que des choses graves ont eu lieu
Dans cette solitude totale de l’existence?
Je ne sais plus vraiment pour qui écrire
Et pourtant, j’ai des paroles fondues dans l’eau du désir
Je dois le dire, oui, j’ai quelque chose qui ressemble à du pain
Divin, que je voudrais partager avec quelqu’un lors d’un dernier
Dîner, quelque chose que je refuse de cacher
(Ahmed Barakat. Traduction de Mohammed
Saadeddine Elyamani - Revue Noire, no 19)