Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager

Accord international pour relancer les efforts de paix en Libye


Mardi 21 Janvier 2020

Les principaux pays concernés par le conflit en Libye ont promis dimanche de respecter un embargo sur les armes et de ne plus interférer dans ses affaires intérieures, pour tenter de ramener la paix dans ce pays déchiré par la guerre civile.
Toutefois, les conséquences de cet engagement pris lors d'un sommet international à Berlin sur le terrain, où règne une trêve des combats précaire entre les deux camps, restent incertaines: les deux rivaux directs, Fayez al-Sarraj, le chef du Gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par l'ONU à Tripoli, et son rival qui contrôle l'est libyen Khalifa Haftar, ont refusé de se rencontrer lors de la conférence sous l'égide de l'ONU.
Et le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a reconnu que si la conférence avait été "très utile", le fossé restait béant entre les deux hommes. "Il est clair qu'on n'a pas réussi pour l'instant à lancer un dialogue sérieux et stable entre eux", a-t-il déclaré à la presse à Berlin.
Tant M. Lavrov que la chancelière allemande Angela Merkel, hôte de la conférence, ont parlé d'un "petit pas en avant", tout en reconnaissant que beaucoup restait à faire pour parvenir à la paix. Principale avancée de la réunion de Berlin, les dirigeants de onze pays, à commencer par la Russie et la Turquie qui jouent un rôle-clé en Libye, ont souligné dans une déclaration commune "qu'il n'y a pas de solution militaire au conflit", s'est félicité le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.
"Tous les participants se sont engagés à renoncer à des interférences dans le conflit armé ou les affaires intérieures de la Libye", a indiqué M. Guterres, alors que la Turquie soutient militairement le GNA et que la Russie, malgré ses dénégations, est soupçonnée d'appuyer le maréchal Haftar, aux côtés de l'Egypte, de l'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis. Les participants ont aussi promis de respecter enfin l'embargo sur les livraisons d'armes à la Libye, décrété par l'ONU en 2011 mais resté largement lettre morte.
Depuis la reprise des combats entre camps rivaux en Libye en avril 2019, plus de 280 civils et 2.000 combattants ont été tués et, selon l'ONU, plus de 170.000 habitants ont été déplacés. Le pays est dans le chaos et miné par les violences et les luttes de pouvoir depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.
Le chef de l'Etat français Emmanuel Macron, soupçonné par ses alliés européens de faire bande à part en soutenant le maréchal Haftar, a demandé lui l'arrêt de l'envoi de miliciens syriens pro-turcs et de militaires turcs pour soutenir le GNA.
"Je dois vous dire la vive inquiétude que m'inspire l'arrivée de combattants syriens et étrangers dans la ville de Tripoli, il faut que cela cesse", a-t-il affirmé. L'ONU espère surtout que cette conférence renforcera la trêve entrée en vigueur le 12 janvier à l'initiative de la Russie et la Turquie.
Une rencontre entre représentants militaires des deux camps devrait pouvoir se tenir "dans les prochains jours" selon l'ONU pour transformer cette accalmie en cessez-le-feu "permanent", comme les participants au sommet de Berlin l'ont appelé de leurs voeux.
Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a parlé de "progrès" faits à Berlin vers "un cessez-le-feu complet", même "s'il reste des questions" sur la capacité de la communauté internationale à en vérifier la réalité.
Pour Emadeddin Badi, expert au Middle East Institute, le résultat du sommet est plutôt "décevant", compte tenu "de l'importance des dirigeants" présents. Les cours du pétrole étaient en hausse lundi après-midi, de plus de 1% sur les marchés asiatiques, du fait de l'inquiétude pour l'offre provoquée par le blocage des principaux terminaux pétroliers de l'Est de la Libye par les forces pro-Haftar.
Des escarmouches sont signalées presque quotidiennement, y compris le jour du sommet au sud de Tripoli. Et le camp Haftar a bloqué les exportations de pétrole libyennes, seule véritable source de revenus du pays, à la veille du sommet de Berlin.
Dans ce contexte, le chef du GNA a demandé dimanche l'envoi dans son pays d'une "force militaire internationale" sous l'égide de l'ONU.
Elle aurait pour mission de "protéger la population civile", a-t-il dit, faisant écho à des propos similaires cette semaine du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
Plusieurs dirigeants, notamment les chefs de gouvernement italien et britannique, se sont dits ouverts dimanche à l'idée de l'envoi d'une mission internationale, voire d'une force, pour aider à garantir un cessez-le-feu, une fois qu'il aura été agréé entre les deux camps. Les pays de l'UE devaient commencer à débattre lundi à Bruxelles d'une contribution dans ce domaine.

 

Principaux points de la déclaration finale

Voici les principaux points de la déclaration finale du sommet sur la Libye qui a réuni dimanche à Berlin les puissances mondiales et principaux pays impliqués dans le conflit.
Le texte devrait être soumis en tant que résolution devant le Conseil de sécurité de l'ONU, selon l'émissaire de l'ONU en Libye Ghassan Salamé.
Les participants s'engagent "à éviter d'intervenir dans le conflit armé en Libye ou dans les affaires internes de la Libye et exhortent toutes les parties internationales (...) à faire de même".
Les participants s'engagent à "respecter et mettre en oeuvre de manière complète l'embargo sur les armes" décrété en 2011.
 "Nous appelons tous les acteurs à s'abstenir de tout acte susceptible d'exacerber le conflit (...) y compris le financement des capacités militaires ou le recrutement de mercenaires", au profit des différents belligérants en Libye.
Les participants appellent à l'application des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU contre ceux qui "violent dès aujourd'hui" l'embargo.
Les participants appellent "toutes les parties concernées à redoubler d'efforts pour une suspension durable des hostilités, la désescalade et un cessez-le-feu permanent".
La trêve doit être accompagnée par le repositionnement des armes lourdes, de l'artillerie et des avions afin de les regrouper dans des casernes, et mettre fin à toutes les mobilisations militaires, qu'elles soient soutenues directement, ou indirectement, par les parties au conflit, sur tout le territoire libyen et dans l'espace aérien.
Les participants appellent le Conseil de sécurité à "imposer les sanctions appropriées à ceux qui violent les dispositions du cessez-le-feu".
A l'issue du leur sommet, ils se sont félicités de la formation d'une "Commission militaire" composée de dix officiers, cinq de chaque côté, avec pour mission de définir sur le terrain les mécanismes de mise en oeuvre du cessez-le-feu.
Le texte prévoit le désarmement et le démantèlement des groupes armés et des milices en Libye, suivi par l'intégration de leurs membres dans les institutions civiles, sécuritaires et militaires" du pays. L'ONU est invitée à appuyer ce processus.
Le sommet appelle "toutes les parties libyennes à reprendre le processus politique global" mené sous les auspices de la Mission de l'ONU en Libye (Manul) pour parvenir à une réconciliation interlibyenne.
La Manul prévoit une réunion interlibyenne fin janvier à Genève, pour la formation d'un gouvernement unifié qui aura pour charge de préparer des élections parlementaires et présidentielles.
Ils exhortent "toutes les parties libyennes au respect total du droit humanitaire international et des droits de l'Homme".
Ils appellent à "mettre un terme aux pratiques de détention arbitraire et (...) à "fermer progressivement les centres de détention des migrants et des demandeurs d'asile".
Les participants soulignent l'importance de l'unification des institutions libyennes, en particulier la Banque centrale libyenne et la Compagnie nationale de pétrole (NOC).
Ils appellent toutes les parties à garantir la sécurité des installations pétrolières, et soulignent leur "refus de toute tentative d'exploitation illégale des ressources énergétiques".


Lu 1308 fois

Nouveau commentaire :

Votre avis nous intéresse. Cependant, Libé refusera de diffuser toute forme de message haineux, diffamatoire, calomnieux ou attentatoire à l'honneur et à la vie privée.
Seront immédiatement exclus de notre site, tous propos racistes ou xénophobes, menaces, injures ou autres incitations à la violence.
En toutes circonstances, nous vous recommandons respect et courtoisie. Merci.

Dans la même rubrique :
< >

Dimanche 14 Avril 2024 - 14:10 Attaque de drones iraniens contre Israël

Dimanche 14 Avril 2024 - 14:08 Le Hamas a remis sa réponse sur la trêve

Actualité | Dossiers du weekend | Spécial élections | Les cancres de la campagne | Libé + Eté | Spécial Eté | Rétrospective 2010 | Monde | Société | Régions | Horizons | Economie | Culture | Sport | Ecume du jour | Entretien | Archives | Vidéo | Expresso | En toute Libé | USFP | People | Editorial | Post Scriptum | Billet | Rebonds | Vu d'ici | Scalpel | Chronique littéraire | Billet | Portrait | Au jour le jour | Edito | Sur le vif | RETROSPECTIVE 2020 | RETROSPECTIVE ECO 2020 | RETROSPECTIVE USFP 2020 | RETROSPECTIVE SPORT 2020 | RETROSPECTIVE CULTURE 2020 | RETROSPECTIVE SOCIETE 2020 | RETROSPECTIVE MONDE 2020 | Videos USFP | Economie_Zoom | Economie_Automobile







L M M J V S D
1 2 3 4 5 6 7
8 9 10 11 12 13 14
15 16 17 18 19 20 21
22 23 24 25 26 27 28
29 30          





Flux RSS
p