
D'abord sur la défensive, puis plus détendu, le chef de l'Etat, frappé d'une impopularité record, s'est efforcé de redresser son image dégradée, lors d'une émission radio-télévisée "En direct avec les Français" marquant la moitié de son quinquennat.
"J'ai le cuir tanné. Depuis deux ans et demi, je me cramponne", a lancé le président socialiste, accusé parfois jusque dans son camp d'avoir installé un climat prématuré de fin de règne par son absence de résultats face à la crise et le déballage de sa vie privée.
"J'essaie de me tenir", a-t-il résumé, pour tenter de faire taire les critiques sur sa personnalité fluctuante et insaisissable, attisées dans le brûlot de son ex-compagne Valérie Trierweiler.
"Je ne suis pas devenu président de la République parce que j'ai été tiré au sort (...) Je ne me plains jamais, je suis un être normal, un coeur, un esprit, une pensée, des émotions, je dois garder une forme de pudeur", a fait valoir François Hollande.
Balayant les critiques prêtées à son prédécesseur de droite Nicolas Sarkozy, lui reprochant de "manger des frites", il a souligné "refuser la vulgarité".
Le premier président de gauche depuis François Mitterrand (1981-1995) a été interrogé par un panel de citoyens, frappés à des degrés divers par la crise.
"Quel gâchis! Comment en est-on arrivés là?" l'a interpellé une dirigeante de petite entreprise, évoquant la situation de l'emploi.
"J'ai pu commettre des erreurs", a concédé François Hollande, évoquant l'inversion promise pour 2013 de la courbe du chômage. "Ce n'est pas venu, je m'en suis fait reproche (...): oui, on aurait dû avoir plus de croissance, tout le monde s'était trompé"
Il a réaffirmé du même coup qu'il ne briguerait pas de nouveau mandat en 2017 si le chômage ne baissait pas d'ici là. La France compte actuellement un nombre record de 3,4 millions de chômeurs.
En attendant, "je vais pendant les deux ans et demi qui me restent, jusqu'au bout (...), réformer mon pays", a-t-il assuré.
"On va faire toutes les réformes pour nous permettre d'être plus forts", a-t-il insisté, évoquant notamment les projets d'assouplissement de la législation sur le travail de son ancien conseiller promu ministre de l'Economie Emmanuel Macron.
Pour autant, M. Hollande s'est abstenu de la moindre annonce majeure. Tout juste a-t-il promis qu'il n'y aurait "pas d'impôt supplémentaire sur qui que ce soit", à partir de 2015 et jusqu'à la fin de son quinquennat. Pour relancer une dynamique positive en France, il s'est dit "favorable" à une double candidature de Paris pour l'organisation des JO de 2024, et de la France pour l'Exposition universelle de 2025.
Muet sur l'international, il s'est également limité, sur les questions de société, à plaider pour un service civique "universel" de deux à trois mois.
L'absence de résultats économiques depuis son arrivée au pouvoir, la difficulté à imposer ses réformes de société (mariage homosexuel, rythmes scolaires) et à mobiliser son camp ont porté M. Hollande au faîte de l'impopularité.
Les sondages catastrophiques pour lui ne cessent de s'accumuler: sa cote de popularité est tombée à un plancher jamais vu de seulement 12% d'opinions favorables, selon une enquête publiée jeudi.
D'autres parues récemment indiquent que huit Français sur dix ne souhaitent pas qu'il se représente à la présidentielle de 2017, pour laquelle la chef de file de l'extrême droite, Marine Le Pen, pointe fréquemment en tête des intentions de vote au premier tour. François Hollande a mis en garde jeudi contre la menace présentée à ses yeux par la présidente du Front national. "Ce qu'on croit impossible un jour devient, hélas, vrai un autre jour. Qui pouvait imaginer dans les années 30 ce qui s'est produit? (...) Ce qui s'est produit peut se reproduire", a-t-il dit.
Quelques jours après la mort d'un jeune écologiste à la suite d'affrontements entre manifestants et forces de l'ordre sur le chantier d'un barrage controversé dans le sud-ouest, M. Hollande a promis que les résultats de l'enquête administrative sur sa mort seraient connus "d'ici huit jours".