Le procès Genevière Lhermitte défraie la chronique. L’affaire de mère-infanticide qui a égorgé un à un ses cinq enfants, intrigue.
Les témoignages qui se succèdent durant le procès, les portraits de la meurtrière que tracent les uns et les autres et les dires de l’accusée s’entrechoquent. Une chose est sûre : l’horreur du geste dépasse l’entendement.
Le mercredi 28 février 2007, dans l’après-midi, alors que les enfants regardaient la télévision dans le salon et que son mari devait rentrer du Maroc quelques heures plus tard, Mme Lhermitte les a appelés tour à tour à l’étage, prétextant une surprise, en commençant par le petit Mehdi, âgé de 3 ans.
Leur murmurant des mots d’amour, elle les a étranglés puis égorgés avec un couteau de cuisine volé le matin dans un supermarché, sans céder aux suppliques de ses enfants et malgré la résistance des deux plus grandes, Nora (12 ans) et Yasmina (14 ans). Elle a essayé ensuite de se tuer en s’enfonçant profondément le couteau dans le thorax à quelques centimètres d’organes vitaux, mais elle a survécu à cette grave blessure.
Tout au long du récit de cet effroyable crime, Geneviève ne cesse de se chercher des excuses : enfance triste (affirmation contredite par elle-même où elle se juge ayant eu une enfance et une adolescence paisible), mariage malheureux (là aussi elle ne cesse de prouver le contraire se disant aimant et aimé par son mari et ses enfants), entourage envenimé accusant surtout Michel Schaar qu’elle prend pour « un homosexuel refoulé » – est « platoniquement amoureux » de Bouchaïb. « Bouchaïb, explique-t-elle, avait compris que Schaar ne pouvait se passer de lui. Et qu’il était disposé à tout payer pour conserver sa compagnie. ». En fait, Schaar est le bienfaiteur de la famille, celui qui subvient à leur besoin payant tantôt une maison, faisant des courses la veille du drame avec celle même qui lui trouve tous les torts). Mais peut-on tuer ses enfants parce que « le docteur claque les portes, pisse, rote ou pète » ?
Quand elle tue ses enfants, ont dit les experts psychiatres, elle se trouve « dans un état dissociatif de dépersonnalisation transitoire » : la conscience qu’elle pourrait avoir de ses actes est abolie.
Elle est emprisonnée à vie dans son chagrin. « Chaque nuit, raconte son avocat, elle rêve que ses enfants vivent. Et chaque matin, à son réveil, elle les tue une nouvelle fois : il faut la soigner. »
Le procès est toujours en cours et les jurés auront notamment à se prononcer sur l’internement de Geneviève Lhermitte. Comment ? En répondant à deux questions supplémentaires lors de leur délibération sur la culpabilité. 1 : A-t-elle commis les faits pour lesquels elle est accusée ? 2 : Est-elle actuellement incapable du contrôle de ses actes ? Si les jurés répondent par l’affirmative à ces questions, il y aura également un second débat, avec réquisitoire et plaidoiries.
Qui portera sur la nécessité de l’interner. Cela ne découlerait pas automatiquement de la première délibération. Car il faudrait également évaluer la dangerosité sociale de l’accusée. Sur ce point, les jurés devraient délibérer avec la cour, pour savoir s’il faut ou pas appliquer la loi de défense sociale.