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Après s’être présenté au public et avoir décliné son projet éditorial, Mustapha Jmahri a souligné qu’El Jadida (Mazagan) est d’abord une cité issue de l’eau. La mer et la maritimité ont profondément façonné son histoire, sa physionomie et la vie de ses habitants. En fait, précise le conférencier, c’est à la faveur de la baie de Mazagan que la ville est apparue et s’est transformée au fil des ans. D’autant plus que la cité s’est toujours développée en bordure de l’océan, ajoute-t-il.
Mustapha Jmahri a indiqué que sur le site d’El Jadida déjà au 15ème siècle se trouvait un village de pêcheurs. Idem pour Sète, sa jumelle, qui, plus tard en 1658, était aussi un village de pêcheurs. C’est là, dit-il, l’une des similitudes entre les deux cités et non la seule.
L’intervenant précisa que depuis l’Antiquité, Phéniciens, Carthaginois et peut-être Romains avaient remarqué le cap de Mazagan. L’amiral romain, Pline, dans sa description du Maroc, signalait le port de Rusibis sur l’emplacement de Mazagan. Au cours de son histoire, la ville avait connu d’autres noms, dit le conférencier : el-Brija, el-Mahdouma, Mazagào pour les Portugais et Mazagan pour les Français. En 1820, le sultan Moulay Slimane amorça une ouverture du port mazaganais vers l’Europe, alors que son successeur attribuait à la cité le nom d’El-Jadida (la neuve). Lyautey, en 1913, l’avait surnommée « le Deauville marocain ».
En tant que structure exigeante en moyens et en capitaux, ajoute l’intervenant, le port a assuré un développement des flux de biens et de personnes avec les pays du Vieux Continent ainsi qu’avec quelques pays arabes, à l’époque sous domination européenne. La cité a abrité des communautés européennes, diverses. Mustapha Jmahri précise que cette diversité de peuplement, a donné lieu à une diversité des lieux de sépultures. Des cimetières marins (musulmans, juifs et chrétiens) s’édifièrent en face de la mer.
Cette situation géographique de presqu’île, note le conférencier, a eu un impact direct sur nombre de volets : historique, économique, humain et social. L’océan constituait un vecteur d’ouverture et de relation à l’espace et à l’Autre. Trois grands écrivains de la cité, Driss Chraïbi, Abdelkébir Khatibi et Fouad Laroui ont évoqué dans leurs écrits l’attachement à la mer dans la vie quotidienne locale.
Le conférencier ajoute que l’identité urbaine de la ville est marquée par un élément fort : la forteresse portugaise du 16ème siècle, première construction emblématique dominant la baie. Bâtie en partie sur l’eau, elle fut le premier embryon de la ville après sa libération, en 1769.
L’identité d’El-Jadida, affirme l’intervenant, est marquée aussi par sa culture propre. Ainsi il y eut d’abord, à la création de la ville « nouvelle » au 19ème siècle, l’émergence d’une culture favorisant les initiatives individuelles. Le brassage qui s’en est suivi a produit une société mazaganaise, avec une culture cosmopolite. Après la Deuxième Guerre mondiale, dominait une culture francophone moderne soutenue par une infrastructure adéquate installée près de la mer.
Aujourd’hui, note le conférencier, l’identité de la ville semble être bousculée par les multiples enjeux du quotidien urbain et les contraintes de la ville nouvelle. Mais, la cité reste, malgré tout profondément ancrée et liée à l’Atlantique.
A la fin de sa conférence, Mustapha Jmahri a dédicacé ses ouvrages des « Cahiers d’El Jadida » aux lecteurs sétois présents lors de cette rencontre.
M. B