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En abordant la question on ne peut plus délicate des frontières, par la confrontation d’idées d’horizons et de disciplines différents, cette rencontre a voulu enrichir le débat sur le concept de frontières à travers la géographie et le cours de l’Histoire, quand l’Histoire prend de plus en plus de poids face à la géographie dans le façonnement des frontières… Un concept en perpétuel changement et qui n’est pas conçu de la même manière en fonction du lieu où l’on se trouve. C’est justement ce qu’a voulu souligner M. Boutaleb, président du Conseil scientifique de l’AMAPH en rappelant que si en Occident, les frontières sont actuellement des zones de contacts « pacifiques » et d’échanges économiques et humains, il en est tout autre pour les pays appartenant aux continents asiatique et africain où la frontière est encore une zone d’affrontements fragilisée. « Les frontières, dans ces territoires (Europe Occidentale, Amérique du Nord et Océanie australienne) ne sont plus des zones d’hostilité et de rupture mais des lieux de contact et de convivialité ; d’autres ne sont ni acceptées ni tracées et sont des sources permanentes de litige. Ce sont des frontières en voie de pacification, étant entendu que la pacification est, fondamentalement, une autre manière de faire la guerre», selon M. Boutaleb.
Si l’Europe a pu faire fi de deux guerres mondiales meurtrières et intestines, si elle a pu se relever pour édifier en commun, dans le respect de la souveraineté des Etats à l’intérieur de leurs frontières, un espace d’échange, de dialogue et de construction, il en est tout autre de l’espace maghrébin – pour prendre un exemple- qui ne cesse de conduire la politique de l’autruche et qui, depuis un demi-siècle, n’a pu créer qu’un nom « UMA » en quête de devenir…. Que dire alors de l’aberrante situation de l’Union du Maghreb Arabe face à ces frontières fermées à toute possibilité d’échanges et de cohésion ? En effet, ce projet « mort-né » est inimaginable face au refus algérien d’ouvrir les frontières terrestres. A quand un « Schengen » maghrébin ? D’un autre côté, cette 5ème édition des «Rendez-vous de l’Histoire» a mis le doigt sur une autre conception des frontières face aux nouvelles technologies. En effet, comment concevoir la frontière terrestre – qu’elle soit façonnée par la nature ou par l’homme – à l’heure où les nouvelles technologies dictent leurs lois à un marché globalisé ? Des frontières de plus en plus perméables face à la circulation des biens mais toujours aussi drastiques à celle des Hommes.
La première table ronde a réuni les spécialistes autour du thème «Les frontières intérieures et extérieures dans les mondes musulman et chrétien au Moyen-Age » ; un thème qui a permis de mettre en exergue l’influence des conflits des deux civilisations sur l’enjeu des frontières dans la région méditerranéenne. Le Moyen-Age a en ce sens développé une terminologie autour de la frontière. Au « dar al-islam » s’opposait « dar-al harb ». L’empire romain parlait quant à lui de « limes » qu’il fallait sans cesse repousser jouant ainsi sur les rapports de force…
D’autres tables rondes ont été programmées autour des thèmes : « Entre Etat et Oumma : la question des frontières dans le monde musulman», «Frontières au Maghreb : Espaces et Identité », «La manipulation des frontières et crises du Moyen-Orient», «Frontières et colonisation», «Pour un manuel d’Histoire maghrébine dans frontières» et «frontières et globalisation». Parallèlement aux débats et tables rondes, des actions ont été programmées à l’adresse du public scolaire.
Ce rendez-vous à Tanger a incontestablement été l’occasion de tisser un dialogue d’actualité d’autant que c’est en connaissant l’Histoire de l’édification de nos frontières que l’on peut connaître le présent et mieux appréhender l’avenir, sachant qu’une frontière «délimite mais ne doit pas séparer» comme l’ont affirmé les intervenants de cette rencontre.