“Missa” : L'absurde dévoilé



​Hamid El Kasri et Susheela Raman enflamment la scène Moulay Hassan

Les deux artistes signent une fin en toute beauté du 22ème Festival Gnaoua à Essaouira


DNES : Mehdi Ouassat
Lundi 24 Juin 2019

La 22ème édition du Festival gnaoua et  musiques du monde à pris fin, samedi à Essaouira, par une magnifique fusion réunissant Mâalem Hamid El Kasri et la chanteuse britannique Susheela Raman. Deux artistes à l’audace musicale reconnue, deux voix exceptionnelles et deux univers empreints de spiritualité. La voix envoûtante de Susheela Raman, qui explore les genres à travers les continents, a donc croisé le talent charismatique de Maâlem Hamid El Kasri, pour offrir au public l’un des plus beaux spectacles de cette édition. 
Chanteuse et compositrice, Susheela Raman est native de Londres, de parents tamouls. Elle a grandi en Australie où ses parents ont entretenu ses liens avec l'Inde en lui faisant étudier la musique carnatique. Adolescente, elle s'est plongée dans la soul, le blues et le rock avant d’aller explorer une tradition différente de la musique indienne. Avec plus de 7 albums à son actif, Susheela propose un univers musical qui se décline en un groove ethno-pop souvent rock'n roll. 
Comme à l’accoutumée, les fusions ont donc constitué des moments forts de ce  festival, notamment la prestation, au cachet mondial, qui a mis en scène le groupe Tinariwen et le Maâlem Mustapha Baqbou, qui, encore une fois, a prouvé sa grande capacité et son immense talent à fusionner  avec tous les genres musicaux. Ce fut également le cas de la belle prestation en commun de deux artistes de renom : le Mâalem Omar Hayat et Moh Kouyaté qui ont produit un spectacle inédit, fruit d’un mélange harmonieux entre différents styles de musique.
Il faut dire que cette année encore, le Festival gnaoua et musiques du monde a su tenir sa promesse, celle  d’une expérience musicale unique, fruit du mélange harmonieux entre la richesse du patrimoine gnaoui et la diversité des musiques du monde pour plus de 30 concerts répartis dans différents lieux de la ville. Et comme chaque année , le festival ne s’est pas déroulé que sur les scènes montées pour l’occasion, mais toutes les rues d’Essaouira étaient vêtues de couleurs gnaouies pour célébrer cet évènement, devenu au fil des éditions incontournable dans le calendrier des Festivals de musique du monde. En effet, en 22 ans d’existence, chaque édition a apporté ses propres nouveautés, pour confirmer que cet événement est né pour durer. «On a réussi à travers l’originalité et l’authenticité des soirées à fidéliser un public qui ne se lasse jamais», affirme Neila Tazi, directrice-productrice du festival, plus que jamais convaincue de la pérennité de cet événement. Il est, par ailleurs, à noter que la forte affluence sur les scènes des spectacles confirme également l’attachement du public marocain aux valeurs de paix, de fraternité et de tolérance, qui sont également celles du Festival. 
La culture, un rempart 
contre la violence 

Des panélistes ont mis en avant le rôle de la culture comme rempart contre la violence, samedi à Essaouira lors du deuxième panel du Forum des droits de l’Homme, tenu en marge du festival, sous le thème “La force de la culture contre la culture de la violence”.
Issus des milieux intellectuel, artistique et éducatif, les intervenants ont débattu des thèmes de la culture comme arme pour combattre la barbarie, de l’éducation à la différence et à la tolérance et du rôle de l’acteur culturel pour apaiser les tensions. Ainsi, le journaliste et écrivain français, Edwy Plenel a estimé qu’il ne suffit pas d’être cultivé pour éviter la barbarie, évoquant les exemples de certains pays qui, bien qu'ils se considèrent cultivés, ont commis des violences, voir des crimes de guerre. Estimant que la culture peut être le levier de la démocratie, Plenel a soulignée qu’il faut disposer d'une immunité pour accepter qu’il y ait d’autres cultures que la sienne, afin d’éviter de sombrer dans l’abîme de la supériorité culturelle. 
Pour sa part, l'artiste plasticien et acteur associatif, Mahi Binebine, a insisté sur le rôle de l’action et des infrastructures culturelles dans l’immunisation des jeunes contre la violence et l’extrémisme.  Exposant son expérience personnelle en tant que coprésident des Centres culturels de la Fondation Ali Zaoua, Binebine a loué le rôle de ces infrastructures et de l’éducation dans l’inculcation des valeurs du vivre-ensemble, appelant à créer davantage de centres culturels au profit des jeunes, et leur proposer des activités susceptibles de renforcer leur immunité contre la délinquance et la violence.

 


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