​Sophia Akhmisse, directrice de la Fondation Ali Zaoua

L’une de nos missions c’est la formation et l’initiation des jeunes aux métiers des arts et de la scène

Mercredi 3 Décembre 2014

​Sophia Akhmisse, directrice de la Fondation Ali Zaoua
Inauguré il y a plus d’un mois, le Centre culturel 
« Les Etoiles de Sidi 
Moumen » est en réalité 
opérationnel depuis avril 2014. Sophia Akhmisse, 
sa directrice, évoque dans 
cet entretien la genèse de 
ce magnifique projet, porté par l’artiste peintre Mahi Binebine et le réalisateur Nabil Ayouch. Elle nous parle également des 
activités promues dans cet espace multidisciplinaire situé au cœur du grand 
quartier populaire 
Sidi Moumen.


Libé : Le Centre culturel « Les Etoiles de Sidi Moumen » a officiellement ouvert ses portes aux jeunes du quartier le 23 octobre dernier. Comment est né ce projet ?

Sophia Akhmisse : Pendant deux ans, l’écrivain et artiste peintre Mahi Binebine et le réalisateur Nabil Ayouch ont travaillé ensemble sur un projet de création commun né du roman « Les Etoiles de Sidi Moumen », qui a donné par la suite lieu au film « Les chevaux de Dieu ». Ce travail de terrain leur a permis de constater à quel point les habitants de ce grand quartier situé en périphérie de la métropole se sentaient « abandonnés ». Convaincus que la culture et les arts peuvent jouer un rôle fondamental dans le désenclavement de ce quartier, les deux artistes ont alors décidé de créer ce Centre culturel de proximité pour le public de Sidi Moumen.  Mais pas uniquement. En effet, Nabil Ayouch et Mahi Binebine souhaitent véritablement créer un espace d’échange et de partage multidisciplinaire ouvert à tous.

Vous avez eu une expérience dans les communications (presse et agence événementielle). En tant que directrice de cet établissement, pensez-vous que cette étape de votre carrière apporte un plus à ce projet ?

Mon expérience dans la communication m’a permis en premier lieu d’appréhender le projet avec beaucoup de recul et un sens de l’écoute. C’est d’ailleurs ce qui favorise l’encrage de notre action dans le long terme. D’un autre côté, un projet tel que celui-ci a également besoin d’un rayonnement médiatique afin de valoriser le travail réalisé par ces jeunes, mais également d’encourager les partenaires (actuels et potentiels) à apporter leur soutien. Ce qui, à terme, nous permettra de pérenniser le projet.

Quelles sont les activités que vous comptez privilégier pour cette première année ?

L’une de nos missions c’est la formation et l’initiation des jeunes aux métiers des arts et de la scène. C’est pourquoi, nous avons lancé dans un premier temps des cours de théâtre, de musique (solfège, guitare, percussions africaines…), de danse (classique, hip-hop, contemporaine) et d’arts plastiques. Suivront également, des formations dans les domaines de l’art visuel, etc. 
Mais il est également essentiel pour nous d’encourager et d’élargir le champ de l’échange et de la découverte. C’est pourquoi nous travaillons sur des programmes d’ateliers et de workshop, organisés conjointement avec nos partenaires, et faisant intervenir des artistes marocains et étrangers dans les activités du Centre. Ces derniers auront l’occasion de partager avec les jeunes leur savoir-faire et leur expérience artistique, ce qui constitue pour eux une véritable première. 

A quel public s’adressent les activités du Centre ?

A tout le monde ! Nous avons des enfants de 4 à 5 ans et des adultes de plus de 40 ans qui s’inscrivent aussi bien aux cours de langue que d’arts plastiques ou de danse. Après tout, la créativité n’a pas d’âge. 
Certes, les activités du Centre s’adressent en premier lieu aux habitants du quartier de Sidi Moumen, mais l’idée est de l’ouvrir au grand public afin de contribuer au désenclavement du quartier et d’inviter les Casablancais à découvrir le quartier de Sidi Moumen, avec sa richesse, ses talents et ses potentiels artistiques. Et du potentiel, ce n’est pas ce qui manque ici.

Le public manifeste-t-il un intérêt particulier pour une activité précise ?

En réalité, nous menons des activités ouvertes au public depuis le mois d’avril 2014. Des ateliers animés par des artistes, des projections-débats ou encore des rencontres avec des personnalités du monde culturel. Je peux dire que toutes ces activités trouvent un grand intérêt auprès du public de Sidi Moumen, pour une raison toute simple : il y a un manque très important dans ce quartier. Les jeunes, et moins jeunes sont très demandeurs, aussi bien en matière d’apprentissage qu’en termes d’expression. Le fait d’avoir un espace où ils peuvent s’exprimer librement par le biais qui leur correspond est – pour beaucoup – une opportunité qu’ils accueillent les bras grands ouverts. 

Peut-on avoir une idée sur les profils des encadrants qui ont accepté de travailler pour le Centre ?

Nous sommes ravis de voir que pratiquement tous les encadrants sollicités par la Fondation Ali Zaoua pour dispenser des cours dans le Centre sont des professionnels dans leur domaine. On peut citer, l’artiste peintre Said Raji pour les arts plastiques, le comédien Zouheir Ait Benjeddi pour le théâtre, le percussionniste Rachid Latouri et son groupe Mafia Urbaine notamment pour la musique, ou encore le danseur Zakaria Banane pour la danse classique. Bien au-delà de tout intérêt pécuniaire, ils ont tous accepté de s’engager dans le projet et d’y apporter leur contribution avec leur savoir-faire et leurs connaissances. Ce qui nous a particulièrement touchés, lorsque nous avons constitué l’équipe d’encadrants, c’est cette volonté commune de contribuer au développepement du quartier à travers la transmission du savoir artistique et culturel. Aujourd’hui, c’est là notre leitmotiv à tous. 

Quels sont les moyens dont disposent la Fondation Ali Zaoua pour mener un bien ces activités ? 

En mai 2013, et à l’occasion des 10 ans des attentats du 16 mai, la Fondation a organisé une levée de fonds à travers une importante vente aux enchères à laquelle ont contribué une soixante d’artistes peintres marocains en dédiant leurs œuvres gracieusement à la Fondation. Cela nous a permis d’obtenir un budget de départ pour le lancement du projet. Aujourd’hui, nous développons plusieurs partenariats avec des institutions publiques et privées qui nous soutiennent financièrement, telles que Bank Al-Maghrib, la CDG ou la Fondation Winxo, ou à travers des dons en nature comme ce fut le cas pour la MAMDA qui nous a livrés une importante partie du mobilier, ou encore la Conservation foncière pour des ordinateurs. C’est tout cela qui nous permet aujourd’hui de faire fonctionner le Centre culturel “Les Etoiles de Sidi Moumen”, de répondre aux besoins du projet et d’offrir des conditions de travail et d’apprentissage adéquates à nos bénéficiaires.  

Propos recueillis par Alain Bouithy

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