Un livre... une question : Un nouvel ouvrage sur l’action culturelle au Maroc

Après des années d’enseignement du théâtre à l’université, et d’autres à diriger l’Institut supérieur d’art dramatique et d’animation culturelle, le critique de théâtre, Ahmed Massaia décide de se lancer dans l’écriture. Loin de constituer un temps de repos, la retraite a été l’occasion pour lui de concrétiser ses rêves tant caressés faute de temps. 

Résultat : un livre (format moyen /240 pages) qui résume toute une expérience, toute une réflexion, toute une lecture diachronique. L’ouvrage intitulé : « Un désir de culture – Essai sur l’action culturelle au Maroc » constitue une réflexion sur la culture en relation avec les stratégies de développement social et économique. Un retour au  passé  à travers des interrogations actuelles. L’histoire n’est là que pour guider une idée maîtresse : un Maroc culturel existe … même sans politique culturelle.  L’auteur met la lumière sur certains événements culturels phare qu’a vécus le Maroc. S’il y a une réussite à ce niveau, c’est bien le fait que l’auteur arrive à contourner, subtilement, les ramifications politiques et parfois politiciennes de certains événements et mouvements. En passant en revue les mouvements, les tendances, les modes, les actions, les décisions, les mutations … il brosse en toute objectivité le tableau des réalisations, mais aussi des déboires et déceptions. L’auteur voulait garder ses distances par rapport à l’interprétation de certains événements. 

Mais, à aucun moment, il ne cache ses positions culturelles. En filigrane, l’on pouvait tout lire.

Les Nass El Ghiwane en illustration de la couverture sont la connotation d’une idée, d’un esprit, mais aussi de l’âme de toute une génération. Les Nass El Ghiwane, au début de leur belle aventure artistique et culturelle, représetaient un rêve etune aspiration … bref, le désir d’une société éprise de justice et de liberté. 

 « Désir de culture » revient sur toutes les questions culturelles que vit le pays. Toute une histoire : de la révolution théâtrale, grâce au théâtre semi-professionnel, à l’Union des écrivains du Maroc, de la revue Souffles à  la question linguistique, du phénomène El Ghiwane à l’expérience culturelle Abdellatif Laâbi « l’enjeu culturel », et de la vague des grands artistes plasticiens (Mélihi, Gharbaoui, Kacimi, Chaibia, Belkahia…) au pacte national de la culture rédigé par le même et grand écrivain Laâbi… 

Le Maroc aura parcouru plusieurs phases de son histoire où il était clair que la culture était la dernière donne à attirer l’attention des décideurs. 

Les efforts du ministère de la Culture, comme le souligne l’auteur, sont certes considérables, mais l’action culturelle manque toujours d’une véritable stratégie citoyenne. C’est pourquoi la deuxième partie du livre est intitulée : « Plaidoyer pour une action culturelle citoyenne ». 

 « L’action du seul département chargé de la culture ne peut suffire à optimiser les bénéfices que nous pouvons tirer des expressions culturelles riches et variées dont jouit notre pays et donner, par conséquent, un désir de culture au citoyen». Voilà une idée motrice claire  qui résume un vœu  formulé par un intellectuel épris de la participation citoyenne dans l’acte culturel.