Mohamed Amine Benamraoui : Le cinéma marocain vit une effervescence marquée par l’émergence d’excellents acteurs et réalisateurs

Jeudi 3 Juillet 2014

Mohamed Amine Benamraoui : Le cinéma marocain vit une effervescence marquée par l’émergence d’excellents acteurs et réalisateurs
Mohamed Amin 
Benamraoui ne peut cacher sa joie et sa fierté de la 
consécration de son premier long métrage «Adios Carmen». 
Sélectionné et primé dans plusieurs 
festivals de cinéma, notamment ceux de Nador, Tanger ou Khouribga, «Adios Carmen» est ainsi le premier film amazigh à obtenir autant de distinctions. 
Très attaché à ses 
origines rifaines, 
Mohamed Amin
 travaille actuellement sur la réalisation de plusieurs projets de films en dialecte 
rifain. 
Entretien.
 
Libé : Vous avez opté pour le rifain, comme langue de votre premier long métrage «Adios Carmen». Un choix esthétique ou une conviction personnelle? 
 
Mohamed Amine Benamraoui : Faire «Adios Carmen» en rifain était pour moi, une évidence. D’abord, parce que l’histoire du film se passe dans le Rif des années 70, ensuite, et surtout, la culture, la langue et la mémoire du Rif sont omniprésents dans ma vie et mes réalisations cinématographiques. J’étais convaincu que la langue ne serait pas un obstacle pour le spectateur marocain ne parlant pas le rifain. Lors des festivals au Maroc, j’ai été agréablement surpris par l’accueil du public, qui trouvait cette langue belle et poétique. Cette richesse culturelle dans le cinéma marocain incite au dialogue et instaure le respect et l’ouverture d’esprit.
 
Mais c’est un film rifain qui n’a pas été tourné dans le Rif. Comment expliquez-vous ce choix ? 
 
J’ai sillonné nombre de villes et villages du Rif à la recherche de décors qui puissent correspondre à l’architecture espagnole qui existaient encore dans le Rif des années 70. Je cherchais également une ancienne salle de cinéma où je devais tourner d’importantes scènes, ainsi qu’une habitation avec des maisonnettes ouvrières. Malheureusement, nous n’avons plus de salles de cinéma dans ces régions. Les bâtiments récents ont remplacé les anciens et l’espace urbain a totalement changé… La seule ville qui m’offrait le plus de possibilités, c’était Assilah. 
 
«Adios Carmen» a été primé aux Festivals de cinéma de Tanger et de Nador et tout récemment à celui de Khouribga. Quel effet cela vous fait-il ? 
 
Etre sélectionné dans un festival est déjà une victoire en soi. Etre récompensé par des prix, c’est le bonheur mais aussi la reconnaissance du travail de toute une équipe. C’était un défi pour les acteurs et actrices rifains. 
Malgré les petites imperfections qui peuvent accompagner un premier film, nous avons réussi à émouvoir le public marocain lors de ces festivals. Les prix reçus ne doivent pas nous empêcher de garder les pieds sur terre car le travail qui nous attend est immense.
 
 En tant que jeune réalisateur, que représentent pour vous les festivals de cinéma?
 
Face à la rapide disparition des salles de cinéma, les festivals offrent à la fois, l’opportunité aux réalisateurs de montrer leurs films et la possibilité pour un nombre important de spectateurs, de voir des films marocains dans les conditions d’une vraie salle de cinéma. Parfois c’est  également l’occasion de voir des films qui n’auraient pas la chance de sortir dans les grands complexes cinématographiques ou dans les rares salles de cinéma.
 
Après votre long métrage, vous vous apprêtez à tourner un nouveau film, dans le cadre d’une coproduction  belge. Quel en est le thème ?
 
Il s’agit de raconter des histoires de destins croisés d’immigrés marocains en Belgique, de parler de leurs rêves, de leurs désillusions et d’un certain déclin des valeurs qui les avaient unis au départ. 
 
Comment imaginez-vous l’avenir du cinéma marocain ?
 
Depuis plus d’une décennie, le cinéma marocain vit une effervescence marquée par l’émergence d’excellents acteurs et réalisateurs. Malgré les difficultés liées à la production, il existe une envie d’aller plus loin avec le film marocain et de le faire connaître à l’international. Je constate plus d’exigence au niveau de la technique et de l’écriture. L’avenir est prometteur. 
 

Propos recueillis par Mehdi Ouassat

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