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Enseignement supérieur et Santé publique mis à mal

Professeurs et médecins sont en rogne et ils le font savoir via une série de grèves


Mourad Tabet
Mercredi 14 Mars 2018

Les relations entre le ministère de l’Education nationale, de la Formation professionnelle, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et le Syndicat national de l’enseignement supérieur (SNESup) ne sont pas au beau fixe.
En effet, après avoir séché les cours, le 20 février dernier, les professeurs universitaires vont faire de même aujourd’hui et demain pour protester contre «l’indifférence du ministère de tutelle face à la situation catastrophique du secteur».
Selon un communiqué de presse dudit syndicat, leur mouvement de protestation comprend le «boycott durant les deux jours de grève de toutes les activités pédagogiques et les travaux pratiques et scientifiques y compris  les examens, les délibérations, les conférences et les rencontres scientifiques ainsi que les réunions au sein de toutes les structures des institutions de l’enseignement supérieur et des centres de recherche».
« Ce que nous demandons, c’est de voir appliqué  ce que nous avons conclu avec les deux anciens ministres de l’Enseignement supérieur » Lahcen Daoudi et Mohammed Hassad, nous a affirmé Abdelkrim Madoun, Secrétaire général du SNEsup. Et de préciser : «Nous avons réglé le problème des enseignants détenteurs de doctorat français et celui des grades D et exceptionnel. Maintenant, nous nous attendons à ce que le nouveau ministre de tutelle mette en application les engagements pris ». « Nous traitons avec les institutions et non pas avec les personnes », a-t-il martelé.
Il a également annoncé avoir rencontré Said Amzazi deux jours après sa nomination et qu’il s’est mis d’accord avec lui pour débattre des revendications des professeurs universitaires le 9 février dernier. Mais ce rendez-vous a été annulé par le ministre, car cette date avait chevauché avec celle du déplacement que Said Amzazi avait effectué dans l’Oriental en compagnie du chef du gouvernement.
« Nous avons attendu vainement à ce que le ministre nous fixe une autre date. Nous avons également contacté le Secrétaire général du ministère à cet effet. Mais malheureusement, nous avons noté que le ministre tergiversait. Devant cette situation, nous avons  décidé d’observer la grève en application de la décision prise par notre  Commission administrative réunie le 7 janvier dernier et suite à la réunion du Bureau national tenue le 26 févier dernier », nous a-t-il affirmé.
En sus de la mise en application des engagements déjà pris par les précédents titulaires du maroquin, les revendications du SNESup portent également sur l’augmentation des salaires des enseignants-chercheurs et la réparation de l’injustice subie par certaines catégories d’entre eux.
Le SNESup défend aussi l’université publique marocaine et refuse que le travail de l'Agence nationale d'évaluation et d'assurance qualité de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique (ANEAQ) n’ait concerné que l'inspection des enseignants-chercheurs.
Un autre syndicat du secteur, qui n’est certes pas aussi représentatif que le premier, à savoir le Syndicat national de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique a, lui aussi, décidé d’inaugurer une nouvelle phase de confrontation avec ledit département. Il a, à cet effet, décidé d’organiser demain un sit-in devant le siège dudit ministère à Rabat.
Ce à quoi, le ministère de l'Education nationale, de la Formation professionnelle, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a rétorqué, dans un communiqué qu’il a rendu public lundi qu’il n’a reçu aucune demande de rencontre de la part de celui-ci, avant l'annonce de l'organisation dudit sit-in. En réponse à ce qui a été véhiculé par des sites électroniques et des réseaux sociaux concernant "l'échec du dialogue avec les syndicats sectoriels", le ministère a précisé que le dialogue avec les syndicats les plus représentatifs du secteur de l'éducation nationale a été positif et marqué par un esprit de responsabilité.
Durant ce dialogue, les deux parties ont évoqué tous les dossiers revendicatifs et décidé de poursuivre les discussions dans le cadre des commissions thématiques créées à cette fin et d'adopter une approche participative afin de relever les défis auxquels fait face le système éducatif, conformément à la Vision stratégique 2015-2030, ajoute la même source.
Le ministère a réitéré sa volonté d'engager un dialogue "positif et productif" avec les syndicats les plus représentatifs en vue de promouvoir le rôle des acteurs pédagogiques et d'améliorer leurs conditions de travail, tout en prenant en considération l'intérêt des élèves et des étudiants. Ce qui semble ne tenir que du simple discours et de ne pas avoir été pris pour argent comptant par le SNESup.
Devant tenir son 11ème Congrès national les 27,28 et 29 avril 2018 à Marrakech, ce dernier prévoit d’organiser une session extraordinaire de son Conseil national du syndicat vers la fin du mois courant pour continuer à peaufiner son plan de protestation et la mise en application de celui-ci. En plus d’une hausse des salaires pour les enseignants-chercheurs, le syndicat en question revendique l’amendement de la loi cadre sur l’enseignement concernant l’institution de droits d’inscription. Pour les syndicalistes, «la gratuité de l’enseignement doit demeurer intacte».
Un autre secteur est confronté, lui aussi, à la grogne. En effet, le Syndicat indépendant des médecins du secteur public a déjà organisé plusieurs grèves. La dernière en date remonte au 8 mars courant. Les syndicalistes avaient annoncé que leur appel au débrayage avait été largement suivi et annoncé que d’autres grèves sont également prévues. Notamment le 20 mars et les 4 et 26 avril pour « dénoncer notre système de santé catastrophique et garantir aux médecins de meilleures conditions de travail», a indiqué Dr El Mountadar Alaoui, secrétaire général du (SIMSP). Les praticiens du secteur public demandent, quant à eux, l’application de l’accord du 21 décembre 2015 prévoyant l’augmentation des salaires et des indemnités, ainsi que l’équivalence du doctorat en médecine avec le doctorat d’Etat des autres filières. Cette mesure leur permettrait de voir leurs salaires indexés sur l’indice 509, au lieu de 336 (salaire équivalent au niveau du master). Ils demandent, en outre, l’amélioration des conditions de travail jugées «difficiles» et dénoncent le manque d’équipements ainsi que la pénurie de médecins dans les hôpitaux et les CHU.
Pour l’instant, les négociations menées entre la tutelle et ces syndicats sectoriels, en l’occurrence le SNESup et  le SIMSP n’ont pas permis de désamorcer la crise malgré l’annonce par le chef du gouvernement de la reprise du dialogue social en vue de parvenir à un accord triennal qui devrait être signé au mois d’avril prochain et la création de trois commissions thématiques concernant respectivement «l’amélioration des revenus», «le secteur privé» pour examiner les législations du travail et les libertés syndicales et «le secteur public» pour examiner les questions liées à l’administration publique. Une reprise qui a trop tardé à montrer le bout de son nez au point que la situation de certains secteurs s’en est trouvée d’autant plus impactée et que la politique qui y était suivie semblait aller vers le démantèlement graduel du service public et l’encouragement du secteur privé à y investir pour faire pendant à un désengagement par l’Etat de certaines de ses fonctions régaliennes. Aussi, entre autres revendications que ces syndicats défendent bec et ongles figurent la préservation et la sauvegarde de l’enseignement public et de la santé non moins publique.



 


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