Bertrand Riguidel : Il existe un réel engouement pour l’art pictural chez le public marocain.

Vendredi 18 Juillet 2014

Bertrand Riguidel : Il existe un réel engouement pour l’art pictural chez le public marocain.
Peintre autodidacte, Bertrand Riguidel a toujours peint et 
exposé ce qui lui tient à cœur, dans différentes villes et  galeries de France, notamment en 
Bretagne d'où il est originaire.  A 20 ans, il part à Paris pour faire ses études à la Sorbonne Nouvelle, d’où il sort  avec une licence de théâtre en poche. 
Il travaille, durant de longues années, au théâtre, comme 
assistant à  la communication et rencontre. Mais il a finalement tout plaqué pour se consacrer 
entièrement à sa passion 
première : la peinture. Entretien.
 
Libé : D’où tirez-vous votre inspiration ? Et qu’est-ce qui influence vos créations artistiques ? 
 
Bertrand Riguidel : Tout ce que l’on vit influence notre création. L’artiste est une éponge qui absorbe toutes les émotions…Je suis autodidacte, je peins de façon « instinctive ». Je dirai que ma création est plutôt d’une évolution constante et progressive, un peu comme l’apprentissage de la vie et la maturité qui va avec ; il faut un vécu pour raconter des choses. Je commence à me libérer du dessin, à me détacher  du « trop bien fait ». Je suis passé de l’aquarelle, à l’acrylique puis à la peinture sur toile et maintenant, je cherche, je mixte, je mélange…Il y a deux ans, j’ai perdu quelqu’un de cher et cela a été un tournant dans ma peinture. L’histoire de mes corps n’était plus la même, je prenais soudain conscience de la maladie, de la vieillesse et de la mort. 
 
Quels types de techniques et de méthodes utilisez-vous pour donner volume et relief à vos œuvres ?
 
Je me sers principalement de la peinture à l’huile mais aussi de tout ce qui est disponible. J’aime les différentes textures que chacune des peintures laisse derrière elle. J’en ajoute constamment avec un pinceau ou directement à partir du tube ou encore de toutes les façons possibles ! Je travaille d’abord par périodes puis pratiquement à temps plein. Le processus complet s’étale sur une longue période pendant laquelle l’œuvre reste dans le studio. Pour moi, la peinture ressemble à un mécanisme organique vivant : la peinture vit par elle-même. Elle se fige, coule ou parfois tombe au sol. Durant ce processus quasi organique, je continue à intervenir, à ajouter davantage de peinture ; puis à un certain moment, je sens que c’est terminé.
 
Vous admirez beaucoup d’artistes peintres et, parmi eux, celui que vous préférez, c’est Van Gogh. Pourquoi Van Gogh ?
 
 Je ne sais pas comment vous expliquer cela mais j’éprouve parfois la sensation de pouvoir m’identifier à Van Gogh : je pense que ce que les gens aiment dans ses peintures, c’est l’appel à notre imagination et à notre innocence. Vous savez, cette « enfance-intérieure » à laquelle il est souvent fait référence. Ses peintures donnent l’impression qu’il a trouvé un certain amusement à les faire. Elles respirent la liberté. Et ses thèmes comme les champs, un ravin, des navires, des arbres, des fleurs, le ciel dans la nuit. Tout cela se réfère à l’enfance intérieure. Tout est relatif, bien sûr, mais je ne pense pas que les peintures de Monet ou de Gauguin, en particulier, puissent être comparées à celles de Van Gogh. Pas pour moi en tous les tous cas. J’ai vu beaucoup de peintures de ces trois artistes et le seul avec qui j’ai une connexion immédiate c’est Van Gogh. L’autre raison qui me rapproche de lui est sa lutte avec ses problèmes de santé mentale. Il a réussi à peindre malgré tout cela… et il a su en tirer le meilleur. Eh oui, je confesse volontiers sans difficulté avoir dû lutter contre la dépression pendant des années. Et l’alcool aussi. Alors, quand j’ai découvert sa vie personnelle et que j’ai regardé à nouveau ses peintures, je l’ai aimé encore plus. Quant à mon inspiration, elle naît d’une certaine façon de l’énergie que j’ai en moi. C’est la seule chose que je sais vraiment bien faire à n’importe quel moment de la journée. Aucun but réel mais c’est mon confort. Van Gogh a peint pour la même raison mais il aurait aimé se faire un peu d’argent aussi. Pour ma part, si j’ai un café et une cigarette ainsi qu’un sandwich au fromage, je suis bon pour aller à New York. Mon sac à dos et dans les rues. C’est la liberté. Je souhaiterais gagner un peu d’argent aussi. Mais ce n’est pas ma motivation première. La motivation de Van Gogh – quelle qu’elle soit – va dans le même sens que la mienne, j’imagine. Je me la procure. Je l’obtiens. Il y a quelques difficultés de la vie, vous savez, à l’arrière de tout cela. Mais il semble que Van Gogh ait pu surmonter ses problèmes quand il peignait… et moi également.
 
Pensez-vous que le langage pictural soit suffisamment assimilé par le public marocain? 
 
Le public marocain est très réceptif ; on remarque une dynamique et un engouement pour l’art. Le Maroc a de nombreux artistes de qualité qui exposent à l’international. Il y a des lectures plus faciles que d’autres mais, quand le travail est bon, on y sent toute la sensibilité et l’âme du peintre; à ce moment-là, l’art n’a plus de frontière. Je pense que lorsqu’une peinture touche, émeut, que l’on palpe toute la sensibilité de l’artiste, que son âme transpire à travers la toile, le dialogue passe avec le public.  

Propos recueillis par Mehdi Ouassat

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