Abd Al Malik : Ma démarche est de renouveler l’esthétique du rap

Mardi 15 Juillet 2014

Abd Al Malik : Ma démarche  est de renouveler l’esthétique du rap
De son vrai nom Régis Fayette Mikano, Abd Al Malik est un rappeur, slameur, compositeur et écrivain français. 
Ses œuvres musicales s’inspirent de l’islam soufis, auquels, il s’est converti au cours de son adolescence. Depuis il milite pour la paix et le vivre 
ensemble.  
En janvier 2008, il a été décoré Chevalier de l’Ordre des arts et lettres par la ministre française de la Culture, Christine Albanel. 
Entretien.
 
Libé : Certains vous considèrent comme l’artiste qui a popularisé le slam auprès des jeunes. Qu’en pensez-vous? 
 
Abd Al Malik : Il y a un grand quiproquo au sujet du slam. Je suis rappeur et ma démarche est de renouveler l’esthétique de ce genre artistique Il est vrai que j’ai une grande passion pour la littérature et j’ai beaucoup de respect pour les slameurs, mais je n’en suis pas un. C’est une étiquette qui m’a été collée pour avoir émergé sur la scène à une période où le slam devenait un genre à part entière en France. 
Mais j’assume, d’autant plus qu’au-delà des formes, ce qui m’importe le plus, c’est de partager mes émotions avec les autres. Que ce soit à travers le slam, le rap ou le reggae. 
 
Cette étiquette occulterait-elle votre démarche à propos du rap ? 
 
Non. Je pense que la question n’est pas là. L’essentiel est que je puisse être moi, que j’exprime ma particularité et échange avec les gens. Après, chacun a le droit d’avoir son avis, de poser des étiquettes qu’il veut. A vrai dire, je n’ai pas de problème avec ça. 
 
«Dante» est le titre d’un de vos albums phare. Pourquoi pas «Molière» ou «Cervantès»? 
 
(Rire). J’ai voulu le nommer ainsi parce qu’il y avait déjà un rapport spirituel. Mais surtout au fait qu’il a réalisé quelque chose d’assez fort, en décidant d’écrire son œuvre principale (La divine comédie), en toscan, la langue du peuple qui allait donner l’italien. A une époque où tous les intellectuels écrivaient en latin.  Ce fut un acte très fort pour l’époque, pour ne pas dire révolutionnaire. Parce que tout d’un coup, il disait haut et fort que le savoir en général n’était pas réservé à une élite, mais à tout le monde et que c’était populaire. D’une certaine manière, il a participé à la démocratisation du savoir.  
Pour moi, cette démarche a quelque chose d’important parce qu’on vit dans un monde très cloisonné, élitiste où la poésie est réservée à une minorité. Et même, lorsqu’on parle de rap ou d’autre chose, c’est réservé à une catégorie d’individus. Alors qu’il est vital aujourd’hui de lancer des passerelles, et d’établir des ponts entre les individus et les groupes. J’ai le sentiment que Dante a été précurseur dans ce sens-là. Voir la haute tenue spirituelle chaque fois parce que pour moi, il y a toujours cet équilibre entre l’instant, aujourd’hui et la capacité qu’on aura à mettre quelque chose qui existe de toute éternité, à savoir la chose spirituelle. 
 
Pensez-vous être un rappeur lettré et spirituel ou un vrai poète au verbe sensible et engagé ?
 
Il s’agit encore une fois du regard et du point de vue des autres, mais que je respecte. Que je sois d’accord ou non, la question ne se pose pas. Chacun est libre de me définir comme il l’entend. Ce qui est sûr, j’ai un message à transmettre : j’ai envie que chacun se rende compte qu’on fait tous partie d’une même famille : la famille humaine. Et qu’on a une responsabilité les uns vis-à-vis des autres, les uns par rapport aux autres. Car, on est là pour un bref passage. Puisque tous, on va mourir finalement, qu’aurons-nous fait dans le laps de temps qui nous est donné? Qu’est-ce qu’on aura fait pour être en paix avec soi-même et les autres ?  

Propos recueillis par Mehdi Ouassat

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