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25% est le pourcentage de réduction de risque d’avoir un cancer, révélé par l’étude, concernant les plus gros consommateurs d’alimentation issue de l’agriculture biologique, par rapport à ceux qui en consomment le moins.
Pour Emmanuelle Kesse-Guyot, coauteure de ces travaux et chercheuse à l'Institut national de la recherche agronomique, et interrogée par ledit quotidien, ces résultats s’expliquent par «l’hypothèse probable de la présence de résidus de pesticides synthétiques bien plus fréquente et à des doses plus élevées dans les aliments issus de l’agriculture conventionnelle comparés aux aliments bios».
Concrètement, cette étude de grande envergure, conduite par Julia Baudry et Emmanuelle Kesse-Guyot, a été possible grâce à l’exploitation des données issues d’une grande cohorte, dite NutriNet, de près de 70.000 volontaires suivis entre 2009 et 2016. S’agissant de la méthodologie, les chercheurs ont divisé les individus en quatre groupes, des plus gros consommateurs de bio, soit environ plus de 50% de leur alimentation, à ceux qui n’en consomment que de manière occasionnelle, ou jamais. Durant les sept années qu’ont durées les recherches, 1.340 nouveaux cas de cancer ont été enregistrés.
Les observations des scientifiques ont démontré que la baisse du risque d’avoir un cancer est de 25% pour le groupe qui consomme le plus de produits bios, par rapport au groupe qui en consomme le moins. Plus en détail, ces réductions ont atteint les 34% pour les cancers du sein post-ménopause, 76% pour les lymphomes, un type de cancer du sang.
Cité dans l’article du ‘’Monde’’, paru dans l’édition de mercredi, l’épidémiologiste Philip Landrigan, du Boston College aux Etats-Unis, et bien qu’il n’ait pas participé à l’étude en question, ne tarit pas d’éloge «L’une des grandes forces de ces conclusions est qu’elles sont largement cohérentes avec les résultats des études menées sur les expositions professionnelles aux pesticides. Cela renforce grandement la plausibilité d’un lien entre l’effet mis en évidence et la présence de résidus de pesticides dans l’alimentation.» Et d’ajouter : «C’est, à ma connaissance, la première fois que l’on met en évidence et à partir d’une enquête prospective [c’est-à-dire en suivant dans le temps un ensemble d’individus], un lien entre alimentation bio et risque de cancer».
Ainsi, outre la longue durée et le nombre d’individus étudiés, l’autre aspect qui confirme à la fois la difficulté et la qualité inhérente à ce travail, réside dans l’analyse de nombreux biais possibles. En effet, les travaux antérieurs font état de plusieurs autres facteurs influents. Par exemple, les consommateurs d’aliments bios sont connus pour avoir une alimentation plus saine et faire plus régulièrement de l’exercice physique. L’ensemble de ces facteurs influent sur le risque de contracter diverses maladies dont le cancer. De fait, les auteurs ont dû corriger leur analyse en relevant un grand nombre de caractéristiques des individus ciblés par l’étude : indice de masse corporelle, niveau d’activité physique, catégorie socioprofessionnelle, qualité du régime alimentaire, statut tabagique, etc.
En somme, cette étude qui encense les produits bios, condamne de manière non dissimulée les résidus des pesticides dans l’alimentation. Soit une révélation à contre-courant des nombreuses agences réglementaires, de l’autre côté de la Méditerranée notamment, lesquelles assurent que ces résidus ne présentent aucun risque pour la santé. Mais au fond, les contradictions en matière d’alimentation et des pesticides ne datent pas d’hier. Et elles ne risquent sûrement pas de s’estomper avec le temps.