“Missa” : L'absurde dévoilé



​Farmer-to-Farmer à la rescousse de quatre coopératives marocaines


Par Yossef Ben-Meir
Samedi 11 Juillet 2020

​Farmer-to-Farmer à la rescousse de quatre coopératives marocaines
Bill Nichols a été consultant bénévole auprès de la Fondation du Haut Atlas (HAF) dans le cadre du programme Farmer-to-Farmer (F2F) pendant deux semaines en janvier 2020. Originaire du Nouveau-Mexique et résidant actuellement à Boston aux Etats-Unis, Bill Nichols a collaboré en tant que volontaire du programme F2F avec quatre des coopératives de pépinières de la HAF dans le Sud du Maroc. Il avait pour mission de les aider à améliorer leur productivité. L’un des avantages immédiats de ses visites aux agriculteurs marocains sur ces sites est qu’il a pu non seulement partager ses compétences techniques et commerciales, mais aussi trouver des moyens pour que les quatre coopératives individuelles situées dans une seule et même province puissent partager entre elles leurs propres compétences spécialisées.
Le programme Farmer-to-Farmer répond aux besoins locaux des agriculteurs des pays hôtes et des organisations comme la HAF dans les pays en développement et en transition. 
Il s’appuie sur l’expertise de bénévoles issus d’exploitations agricoles, d’universités, de coopératives, d’entreprises agricoles et d’organisations à but non lucratif en provenance des Etats-Unis. 
A titre d’exemple, lors de ses visites, Bill Nichols a prodigué des conseils pour aider les agriculteurs à maximiser durablement la qualité et la quantité des arbres fruitiers biologiques. Cela coïncidait directement avec les objectifs de la HAF – qui est actuellement l’entité responsable de la mise en œuvre du programme F2F au Maroc – qui consistent à élaborer des plans de projet avec des partenaires donateurs que les communautés locales déterminent et gèrent.
La mission de Bill Nichols est arrivée à point nommé, comme c’était le cas pendant la saison de plantation au Maroc, lorsque les partenaires sont poussés à planter autant et aussi bien que possible. Au début de la saison, les membres de la coopérative tiennent compte du nombre de plants à planter ainsi que des revenus attendus de leurs plantations. En réponse à ce besoin, Bill Nichols les a soutenus dans leur analyse coûts-avantages qui, avec une réévaluation du prix des arbres, a permis d’éclairer les budgets opérationnels des pépinières.
Cette méthode appliquée sur la tarification des arbres a été immédiatement réutilisée par les coopératives pour répondre aux critères rigoureux de leur organisation donatrice, Ecosia (un moteur de recherche allemand qui finance la reforestation dans le monde entier). Ecosia soutient ainsi désormais la plantation de pas moins de 150.000 graines d’amandiers, de caroubiers, d’oliviers et de noyers dans les pépinières des quatre coopératives où Bill a fourni des évaluations : Tassa Ouirgane, Imdoukal Znaga, Akrich Village et la coopérative Adrar. Dans cette dernière, il a également demandé une analyse du sol auprès du gardien de la pépinière, qui s’est plaint de la qualité médiocre du sol de plantation.
Les groupes avec lesquels il a travaillé ont donné une suite positive aux observations de Bill Nichols et ont coordonné des ateliers de renforcement des capacités. Par exemple, les membres de la coopérative de femmes de Tassa Ouirgane, depuis que Bill Nichols travaille avec la HAF, ont participé à des formations techniques mensuelles animées par Hassan, un trentenaire père de deux enfants qui est le gardien d’une coopérative de pépinières voisine. Bill avait rencontré Hassan lorsqu’ils avaient identifié un système de distribution d’eau plus efficace pour la pépinière Imdoukal Znaga. Cette collaboration a permis d’identifier les besoins matériels du système et les coûts y associés. 
L’équipe locale de F2F-HAF a communiqué ces informations à la FENELEC, une fédération d’entreprises marocaines, qui a ensuite financé les composants de pompage solaire et la formation nécessaire à l’amélioration du système d’irrigation.
Ces résultats durables sont profondément pertinents aujourd’hui dans le cadre du programme mondial F2F. 
La pandémie mondiale actuelle rend extrêmement difficile, voire impossible, l’envoi de volontaires/bénévoles sur le terrain dans le cadre de missions du programme F2F. Tant que la pandémie ne se sera pas résorbée, les organisations des pays hôtes dans le besoin ne recevront pas d’aide de volontaires étrangers. Il est donc profondément utile pour les coopératives agricoles émergentes dans les trente-cinq programmes F2F de l’Agence américaine pour le développement international d’avoir permis à des experts locaux comme Hassan d’accomplir de nouvelles missions F2F, tout en étant en contact avec des experts aux Etats-Unis. Les liens établis par Bill Nichols entre les coopératives leur ont ainsi directement profité, et ont permis de mettre en lumière la nécessité du programme dans le nouveau paradigme mondial.
Le fait que les volontaires de F2F excellent au Maroc et dans le monde entier montre qu’ils sont des personnes exceptionnelles. En témoignent non seulement la diversité et l’étendue des connaissances de Bill Nichols (qu’elles soient techniques, financières ou en matière de gestion), mais aussi son extrême générosité. Cependant, il faut dire que les volontaires ont également besoin d’un contexte favorable leur permettant de réaliser pleinement le potentiel de leur travail. Grâce à un dialogue participatif qui est essentiel, les membres de la coopérative sont en mesure d’atteindre un consensus sur leurs objectifs et sont prêts à agir sur les plans de projets agricoles qu’ils ont eux-mêmes créés bien avant l’arrivée des volontaires de F2F dans le pays. En préparant le terrain à l’avance, la HAF peut ainsi s’assurer que les recommandations des volontaires sont orientées vers ce qui est le plus nécessaire et le plus désiré. En réalité, les coopératives prennent plus souvent en considération les recommandations et atteignent leurs objectifs lorsqu’elles sont engagées dans des nouveaux partenariats gagnant-gagnant, comme cela a été le cas avec la mission réussie de Bill Nichols, qui a apporté une aide précieuse aux Marocains leur permettant de faire progresser les initiatives de transformation.
Depuis ses débuts en 1985, le programme « Farmer-to-Farmer » de John Ogonowski et Doug Bereuter de l’USAID a soutenu des volontaires des 50 Etats dans l’accomplissement de plus de 15.000 missions dans plus de 115 pays. C’est un honneur pour la Fondation du Haut Atlas d’être l’entité qui est en charge de mettre en œuvre ce programme au Maroc, et ce programme est d’autant plus significatif que la HAF a été fondée par d’anciens volontaires du Corps de la Paix. 
Les effets positifs de la mission de Bill Nichols se font déjà sentir. A l’aune de ces efforts, nous constatons déjà que les effets positifs globaux du F2F – et du Corps de la Paix qui a mobilisé plus de 235.000 volontaires sur le terrain depuis 1962 – sont inestimables.

* Dr. en sociologie et président de la Fondation du Haut Atlas.


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