Première mondiale du long-métrage "El Sett" : Le voyage d'Oum Kalthoum de l'ombre à la gloire

Jeudi 4 Décembre 2025

Première mondiale du long-métrage "El Sett" : Le voyage d'Oum Kalthoum de l'ombre à la gloire
Le film "El Sett" a été projeté, mercredi, en première mondiale dans le cadre de la 22ᵉ édition du Festival international du film de Marrakech, de son réalisateur égyptien Marwan Hamed, qui retrace le voyage d’Oum Kalthoum de l’ombre à la gloire.

Le film, dans lequel le rôle d’Oum Kalthoum est interprété par l’actrice Mona Zaki, revisite le parcours exceptionnel de la diva, partie d’un petit village du delta du Nil, au sein d’une société orientale conservatrice qui ne donnait pas aux femmes le droit d’apparaître sur scène, pour tracer un chemin difficile vers la gloire.

Durant 160 minutes, le film a transporté les spectateurs dans l’enfance de la "Planète de l’Orient", dont la carrière de chanteuse a commencé à l’adolescence, alors qu’elle se déguisait en garçon.

Il montre les refus auxquels elle a fait face, avant d’aborder les étapes de transformation, les moments de fracture et les décisions difficiles prises par cette artiste qui s’est métamorphosée d’une simple chanteuse en une légende dont la voix a enchanté des millions de personnes, au point de devenir une mémoire musicale éternelle.

Lors d’une conférence de presse suivant la projection, le réalisateur Marwan Hamed a expliqué que son attrait pour les films biographiques constituait le point de départ du projet "El Sett", qui a bénéficié du soutien des Ateliers de l’Atlas, relevant du Festival international du film de Marrakech, ajoutant qu'Oum Kalthoum est une légende toujours très présente aujourd’hui, une personnalité immensément influente en tant que femme qui a poursuivi son rêve jusqu’au bout.

Le réalisateur a également relevé que le film ne cherche pas à concurrencer les œuvres précédentes abordant la vie de la Diva de l'Orient, mais à enrichir son image et à la présenter à la nouvelle génération, estimant qu’Oum Kalthoum est une personnalité qui peut faire l’objet de nombreux projets artistiques.

M. Hamed a, en outre, indiqué que l’équipe a choisi de se concentrer sur la dimension humaine et de révéler des aspects "dont nous n’avions pas conscience", loin de toute sacralisation, en utilisant parfois le noir et blanc pour symboliser les phases de souffrance et de conflit, en opposition à d’autres périodes lumineuses de sa vie.

À propos du choix de Mona Zaki pour incarner Oum Kalthoum, il a expliqué que cela revient au fait qu’elle est "une très grande actrice, influente, dotée d’un courage rare et d’une capacité à transpercer les écrans -grands comme petits- pour atteindre directement le cœur du public", affirmant qu’elle est selon lui "la plus à même d’exprimer les messages que nous voulons transmettre à travers le film".

De son côté, le scénariste Ahmed Mourad a souligné que l’équipe a tenté de "retirer les lunettes de la sacralisation à travers lesquelles on regarde habituellement Oum Kalthoum, pour se rapprocher de l’être humain en elle", en intégrant différentes perspectives sur sa vie et en comprenant les contradictions qu’elle a vécues.

Et d'ajouter que le film cherche à équilibrer, d’une part, la force et la gloire qui caractérisent cette icône de la chanson orientale et, d’autre part, ses moments de fragilité, considérant que "chaque grande personnalité porte en elle une part de faiblesse (…) et que ce sont ces moments qui forgent la légende".

En réponse à une question sur l'usage de la fiction dans ce film biographique inspiré du réel, le scénariste a affirmé avoir recours à l’imaginaire cinématographique pour servir l’histoire, notant qu’"il n’existe aucune biographie totalement fidèle à la réalité", puisqu’elle reflète toujours le point de vue de celui qui l’écrit.

Quant à l’intérêt de réaliser un nouveau film sur Oum Kalthoum, dont la vie a déjà été traitée dans d’autres œuvres, Ahmed Mourad a précisé que le film vise avant tout à présenter cette artiste aux nouvelles générations en quête de modèles.

Pour sa part, l’actrice Mona Zaki a exprimé sa fierté de présenter la première mondiale du film au Festival international du film de Marrakech, considérant que cela constitue "un grand honneur pour nous", estimant que ce Festival représente une plateforme unique pour les talents et un lieu de rencontre avec de grands artistes.

Jouer Oum Kalthoum était "le rôle le plus difficile de sa carrière, qui m'a transformé", a-t-elle poursuivi, ajoutant que le film met en avant le côté humain de la diva.

En réponse à une question sur les personnages qu’elle souhaiterait incarner dans de futurs films du même type, Mona Zaki a indiqué ambitionner de jouer dans un film sur Samira Moussa, la première femme égyptienne spécialiste de physique nucléaire.
Aux côtés de Mona Zaki, le film "El Sett" réunit également Sayed Ragab, Ahmed Khaled Saleh, Mohamed Farag, Karim Abdel Aziz et Ahmed Helmy.

Le réalisateur Marwan Hamed a entamé sa carrière avec le court-métrage primé "Leyla", avant de signer son premier long-métrage "L’Immeuble Yacoubian", largement récompensé et présenté dans les Festivals internationaux de Cannes, Berlin, Chicago, Marrakech et bien d’autres.

Parmi ses œuvres figurent aussi "Ibrahim Al-Abyad", "El-Fil El-Azraq", qui a reçu neuf prix de la Société égyptienne du cinéma et le Grand prix du Nil au Festival du cinéma africain de Louxor, ainsi que "Les Originels" (El-Asleyeen) et "Poussière de Diamant" (Torab El-Mas), qui a remporté le Grand prix au Festival du film arabe de Casablanca.

Libé

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